Avis BD Glénat : Gun Crazy – Tomes 1 et 2
Lorsqu’un ouvrage s’annonce comme étant « à la croisée des films de Tarantino, des k7 VHS et des années 80« , c’est un mélange d’impatience mais également de crainte qui nous anime. Les années 80 sont en effet revenues à la mode ces derniers temps, mais avec des films ou encore séries de qualité inégale. Mais dès les premières pages, ce premier tome de « Gun Crazy » impose son style avec un profond respect envers les œuvres dont il s’inspire. Cette BD est signée Jef (dessin) et Steve D (scénario), et son premier tome sera disponible le 14 avril prochain. Nous l’avons reçu avec un peu d’avance, et il est temps de vous en parler !
– Mise à jour de l’article, avec notre avis sur le tome 2, à paraître le 19 mai 2021 –
Synopsis : La balade sauvage de Dolly Sanchez & Lanoya O’Brien, deux filles prêtes à tout pour réaliser leur rêve d’une vie meilleure et qui n’hésitent pas à dégommer à tout va quand elles sont face à des bouseux white trash racistes et méchants. Ce « road BD » déjanté, ultra violent et bourré d’humour nous plonge au cœur d’une Amérique redneck rongée par des super héros néonazis et des tueurs en série qui s’adonnent sans retenue à leurs pulsions de vie et de mort. À la croisée des films de Tarantino, des k7 VHS et des années 80, ce western moderne plein de surprises et de bonus est mis en images par un duo d’auteurs survoltés ! L’ouvrage est à découvrir sur le site de l’éditeur à cette adresse.
Oui, « Gun Crazy » est un réel hommage au cinéma de Tarantino, mais ce premier tome ne fait pas que s’inspirer d’œuvres cultes et parvient à développer son propre univers ! Ce sont les personnages qui font immédiatement mouche, à commencer par nos 2 héroïnes, dont le passé est rapidement dévoilé. On comprend rapidement d’où elles viennent, et quelles sont leurs motivations. Mais de nombreux autres protagonistes vont s’inviter au récit, et certains sortent clairement des sentiers battus. C’est simple, ce premier volume va au bout de ses idées, et développe l’histoire de tous ses personnages de manière intelligente, en gardant en tête que toutes et tous vont finir par se rencontrer à un moment où à un autre. On nous présente donc Dolly et Lanoya, puis Superwhiteman, un « superhéros » néonazi qui « veille sur l’Amérique », ou encore John St Pierre, un homme qui traque les prêtres pédophiles. Quand on vous dit que les auteurs vont au bout des choses ! Certains protagonistes vont rapidement se croiser, d’autres voguer vers les mêmes horizons, le tout dans un récit vraiment bien écrit. Des thèmes forts sont abordés, liés à la drogue, au viol et vous l’avez compris, au racisme. De bons gros clichés sont de la partie, mais c’est voulu, et on se prend quelques bonnes claques dans la tronche tout au long de la lecture. L’esprit Grindhouse est là, et on retrouve de nombreuses références au cinéma, l’ouvrage allant jusqu’à proposer des fausses jaquette de films (ainsi que des fausses publicités) dans ses pages centrales.
L’enrobage est également propice à l’immersion, à commencer par les dessins et le choix des couleurs. C’est souvent éblouissant, parfois violent, mais toujours cohérent dans le style choisi. Certaines illustrations sont vraiment sublimes, et les choix visuels nous donnent souvent l’impression de visionner une bonne vieille VHS, les auteurs allant jusqu’à simuler un problème technique durant la lecture. C’est franchement excellent et bourré de bonnes idées. Ce premier tome n’est malgré tout pas à mettre entre toutes les mains (dialogues crus, violence, visuels parfois explicites) et s’adressera avant tout aux amateurs de cet univers si cher à Tarantino, qu’il a tenté de faire revenir sur le devant de la scène en 2007 avec « Boulevard de la Mort » ou encore « Planète Terreur » (réalisé par Robert Rodriguez). On en a quoi qu’il en soit pour notre argent avec ce premier tome, aussi bien visuellement qu’en termes d’écriture et de personnages. Mention spéciale également pour la qualité globale de la BD, que l’on parle du papier ou de la couverture rigide, qui met directement dans l’ambiance. Ce premier tome de « Gun Crazy » est au final une belle réussite et un véritable hommage au genre Grindhouse si cher à Quentin Tarantino. Néonazis, tueurs en série ou encore duo de femmes prêtes à tout sont de la partie, et ce road movie est aussi violent que déjanté. Certains thèmes forts frappent le lecteur, et suivre tous ces personnages est véritablement prenant, surtout que c’est également une belle claque visuelle bourrée de références. On se doute que toutes et tous vont finir par se rejoindre, et nous avons hâte de découvrir la suite !
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Gun Crazy – Tome 2 : nous n’avons pas eu à attendre trop longtemps pour découvrir ce tome 2 de « Gun Crazy », qui sera disponible le 19 mai prochain (dans 3 jours à l’heure où nous écrivons ces lignes), soit à peine plus d’un mois après le premier. On retrouve donc cette galerie de personnages aussi atypiques qu’accrocheurs qui finissent, on s’en doutait, par tous se retrouver au même endroit. Direction Las Vegas pour une confrontation qui s’annonce épique entre nos héroïnes Dolly Sanchez et Lanoya O’Brien, Superwhiteman, John St Pierre ou encore « le gros flic » et son chien fumeur de clopes. Mais avant que des coups de feu ne soient tirés, le scénario de Steve D fait monter la pression. On sent que l’étau se ressert autour de notre galerie de personnages, et chacun vaut accomplir sa mission. Dolly et Lanoya doivent faire la peau au néonazi Superwhiteman, tandis que ce dernier doit flinguer John St Pierre, le tueur de prêtres pédophiles. Mais John St Pierre doit lui aussi assassiner Superwhiteman, qui a donc 2 contrats sur sa tête. Ajoutez à cela le Sergent qui compte bien faire le ménage lui aussi (et son chien, personnage aussi important que les autres), et vous comprendrez que l’on tourne les pages avec une réelle envie de découvrir la suite des événements ! Ce tome 2 est donc encore plus immersif que le premier, avec des dialogue percutants et sans filtre. La violence est donc autant verbale que visuelle, et le tout est franchement bien écrit, avec un narrateur nous détaillant les diverses situations et apportant des informations sur les personnages. L’esprit Grindhouse est toujours là, et l’ouvrage fait honneur au genre cinématographique dont il s’inspire. Mais on parlera d’inspiration seulement, car même si les clins d’œil et les références sont nombreux, Steve D et Jef proposent leur propre univers. Le dessinateur se fait d’ailleurs une nouvelle fois plaisir, avec des faciès détaillés, des couleurs qui claquent méchamment et des séquences d’action qui déchirent ! Et quand ça dépote, ça dépote !
Les auteurs savent faire monter la pression, mais savent également la gérer quand elle explose. Le découpage est dynamique, chaque personnage est mis en valeur, et il possèdent tous leur moment important. Dolly et Lanoya restent les héroïnes du récit, elles qui veulent partir en Suisse avec un bon paquet de dollars pour vivre leur meilleure vie. Difficile de dire quel est notre personnage préféré, tant ils sont tous excellents. Il faut tout de même avouer que le côté extrême de Superwhiteman, que l’on parle de ses actions ou de ses punchlines, a de quoi surprendre. Les auteurs en profitent quoi qu’il en soit pour dénoncer certaines dérives, liées à la drogue ou au racisme. On terminera en précisant que ce tome 2 est toujours aussi quali, que l’on parle du papier, de l’encrage, de la couverture ou de la mise en scène et des bonus, avec des fausses jaquettes de film à découvrir durant l’entracte. Souvent jouissif, sublime visuellement et percutant, Gun Crazy est un ouvrage à ne pas mettre entre toutes les mains certes, mais il plaira sans aucun doute aux fans du cinéma de Tarantino, voire du cinéma en général. Un bel hommage que l’on vous conseille chaudement, d’autant plus que l’arrivée d’un éventuel tome 3 dépendra du succès des 2 premiers ! Alors faites nous confiance, et foncez les acheter.
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