Avis BD Glénat : La Moïra – Tomes 1 et 2
Si le nom de « La Moïra » vous dit quelque chose, c’est normal, il s’agit d’une trilogie de romans de fantasy écrite par Henri Loevenbruck au début des années 2000. L’œuvre de l’écrivain se voit aujourd’hui adaptée en bande-dessinée aux éditions Glénat, avec un premier tome disponible depuis le 16 juin dernier. Nous avons eu la chance d’en recevoir un exemplaire, et il est temps de vous en parler.
– Mise à jour de l’article avec notre avis sur le tome 2, disponible le 8 juin 2022 –
Synopsis : Sur l’île de Gaelia, la vie des peuples est dirigée par les Druides, dépositaires d’un pouvoir ancestral et naturel et par le Haut-Roi, chrétien et puissant monarque. Mais l’équilibre du royaume est menacé par un seigneur noir renégat dont le but est de détruire le conseil des Druides et de s’emparer du pouvoir. Loin de ces querelles, la vie d’Aléa, jeune fille des rues qui vole pour manger, bascule le jour où elle trouve une bague sur un cadavre qui lui confère de puissants et mystérieux pouvoirs. De son côté, Imala, la louve blanche chassée par sa meute, erre en solitaire jusqu’à sa rencontre avec un elfe des bois qui semble vouloir lui indiquer la voie. Aléa et Imala ne le savent pas encore mais leur rencontre est déjà écrite, guidée par cette force immuable que l’on nomme la Moïra… Emporteront-elles avec elles le destin de Gaelia tout entière ?
Nous allons être francs avec vous : nous ne connaissions par l’œuvre de Henri Loevenbruck. Ce premier tome de « La Moïra » est donc pour nous une découverte totale, et on entre rapidement dans le bain avec un duel entre Aldero, le dernier grand druide, et Maolmordha, son ennemi. Puis notre histoire nous embarque dans le quotidien d’Aléa, une jeune fille des rues qui tente tant bien que mal de survivre en volant de la nourriture. Notre jeune héroïne, frappée au ventre par un marchand qu’elle venait de voler, part dans la forêt et fait une étrange découverte. Le corps d’un homme est enseveli, et seule sa main est apparente, sur laquelle la jeune fille voit une bague. Elle se demande si elle doit récupérer l’objet pour le revendre et enfin manger à sa fin, puis se lance… Mais en arrachant la bague de cette main apparemment figée, le mort se met à bouger, et Aléa s’enfuit, terrorisée. Une action qui pourrait sembler anodine, mais qui va clairement changer son destin, ainsi que celui du monde tout entier. Et la « Moïra » dans tout ça ? Et bien ce terme signifie en grec « le destin« . On nous explique d’ailleurs au début de l’ouvrage que « certains pensent que la Moïra représente le destin. D’autres, le hasard ou la fatalité. Cette force étrange peut donner la vie, la gloire et la fortune, ou, dans un souffle éphémère et puissant, tout reprendre. » C’est donc le destin de cette jeune fille qui va basculer, et nous avec. En parallèle, le récit nous raconte l’histoire d’une louve blanche, exclue de sa meute, et qui va, on s’en doute, croiser le chemin d’Aléa. Mais nous vous laissons découvrir tout ça !
Aléa va tenter de retourner au village pour prévenir les habitants de sa découverte, puis va être recueillie par des aubergistes qui lui offriront de quoi dormir et manger en échange d’un peu de travail. Mais Aléa va rapidement décider de partir à l’aventure, à la recherche d’une vieille amie, et faire des rencontres qui vont changer sa vie. La narration est très bonne dans ce premier tome, qui présente les personnages et met les enjeux en place. Certaines séquences sont très accrocheuses, comme lorsque la barde raconte son histoire à l’auberge, ou quand Aléa fait la connaissance de Mjolln Abbac. L’univers de Henri Loevenbruck est bien mis en valeur, et ce premier tome est suffisamment long et dense pour poser des bases déjà intéressantes. On nous parle de magie, de prophétie, de religion ou encore de druides, le tout avec un certain classicisme parfois mais également beaucoup de générosité. L’ensemble est accompagné des très beaux dessins de l’illustratrice italienne Raka, qui sait mettre en valeur ses personnages. Le choix des couleurs est également très bon, avec des séquences de nuit éclairées par la lune et des teintes plus chaudes en journée. Ces débuts sont donc très réussis, et l’intrigue monte en puissance à la fin du tome, avec quelques touches d’émotion. On peut conclure en disant que ce premier tome de « La Moïra » démarre bien, avec un bon rythme et des personnages déjà attachants. En plus d’être très jolie visuellement, la bande-dessinée nous immerge dans un univers fantasy parfois classique, mais qui fait le job. Des rebondissements sont déjà de la partie, et les enjeux sont désormais connus. Nous avons hâte de découvrir la relation entre notre héroïne et la louve blanche Imala, et de quoi sera fait leur destin.
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La Moïra – Tome 2 : « La jeune Aléa dont le quotidien a été précédemment bouleversé par la puissance d’une bague, continue sa route vers la mythique cité de Providence, où elle doit retrouver son amie d’enfance, future épouse du Haut-Roi du royaume. Accompagnée par le protecteur Mjolnn, un nain bon vivant, et le courageux druide Phélim, sage secret, Aléa entreprend un voyage qui s’avère finalement des plus mouvementés. En effet, le seigneur noir a lancé ses serviteurs à ses trousses, dans le but de récupérer la bague. Sentant Aléa en grand danger, Phélim propose au groupe de se réfugier à Saï-Mina, l’antique cité des druides. Derrière les murs de cette forteresse, Aléa découvre que la bague et les mystérieux pouvoirs qu’elle sent grandir en elle ne sont pas uniquement convoités par le seigneur noir… »
Après des débuts prometteurs, la bande-dessinée « La Moïra » poursuit son récit et va nous en apprendre davantage sur son univers. Les débuts de ce tome 2 nous racontent l’histoire des Tuathanns. Les légendes racontent qu’ils sont à l’origine de ce monde, mais qu’ils ont malheureusement été attaqués puis envahis par de nouveaux arrivants, ivres de conquête et de fortunes. Ces derniers ont divisé le territoire en 5 comtés, nommant dans chaque clan un seigneur, qui gouverne aux côtés de ses druides. Des druides qui vont avoir leur importance dans ce nouveau volume, et qu’Aléa va rencontrer. Il veulent en effet en savoir plus sur la bague qu’elle a trouvée, l’objet étant également recherché par l’inquiétant seigneur noir. Notre récit va donc s’attarder sur Aléa, l’attachant Mjolnn, et Phélim, qui propose au groupe de se réfugier à Saï-Mina, l’antique cité des druides. Aléa devra donc attendre avant de se rendre à Providence pour rejoindre son amie d’enfance.
L’aspect géopolitique se développe également, avec le retour, vous vous en doutez, des Tuathanns qui comptent bien récupérer leurs terres. Les druides sont au taquet, et il va falloir rendre visite aux différentes comtés pour trouver une solution au conflit. Le récit se densifie clairement dans ce deuxième tome, encore plus riche et plus intéressant. Notre trio est toujours aussi attachant, et le pauvre Mjolnn va en baver face aux Gorgûns. L’ambiance est proche du Seigneur des Anneaux, et l’ensemble est immersif. Aléa fait des rêves étranges, et y voit la louve blanche. Cette dernière est moins présente dans ce tome 2, mais n’est pas oubliée pour autant. Nous avons trouvé la lecture de cette suite plus accrocheuse, mieux développée et toujours aussi chouette visuellement. Le style est parfois épuré, mais le coup de crayon reste précis et détaillé, mettant en valeur de grandes illustrations vraiment très chouettes. On pense notamment à la représentation très réussie de Saî-Mina. Le rêve d’Aléa est également très beau et bien mis en scène. Ce tome 2 est donc un cran au dessus du précédent, principalement dans sa narration, et nous vous conseillons fortement de vous y plonger si vous avez aimé les débuts de l’aventure d’Aléa. De notre côté, nous avons hâte de découvrir la suite.
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