Avis BD Glénat : Le labeur du diable – Première partie

Notre bande-dessinée du jour n’est clairement pas à mettre entre toutes les mains. « Le labeur du diable », ouvrage signé Fathi Beddiar (au scénario), et Geanes Holland et Babbyan (au dessin) est disponible depuis le 23 novembre 2022 aux éditions Glénat, et nous embarque dans un récit très cinématographique qui sera développé en 2 tomes. Nous allons suivre la descente aux enfers de Webster Fehler, un quarantenaire qui va se laisser envahir par sa part d’ombre après des années à subir le mépris de ses collègues et des gens en général. C’est parti pour notre avis !


Avis BD Glénat : Le labeur du diable - Première partieSynopsis : Los Angeles. Webster Fehler, 40 ans, souffre du mal existentiel qui touche la majorité de la population angeleno : la dépression. Son quotidien ne se définit qu’à travers l’isolement et la frustration. Webster n’a personne à aimer, ni à qui parler. Il subit le poids d’une existence au rabais dans un cabinet d’avocats où il n’essuie que mépris et reproches. Jusqu’au jour où le destin intervient d’une façon sournoise : Webster trouve une sacoche égarée qui renferme un badge de policier et une arme chargée. Cette découverte va provoquer le réveil d’une part d’ombre dont il sera à la merci. Webster sent naître en lui un sentiment grisant de toute-puissance. Par-delà le bien et le mal, il va sortir de sa chrysalide, dominer et prendre sa revanche. L’ouvrage est à découvrir sur le site de l’éditeur, à cette adresse.


Avis BD Glénat : Le labeur du diable - Première partie


« Le labeur du diable » nous rappelle dans ses premiers instants le film « Chute Libre ». Réalisé par Joel Schumacher en 1993, ce long métrage met en scène un Michael Douglas qui pète littéralement les plombs et nous balance en pleine poire cette violence enfouie en nous qui peut éclater à tout moment. Dans « Le labeur du diable », Webster Fehler est un quarantenaire dépressif, qui va vivre une journée presque habituelle et totalement merdique. Un motard casse son rétroviseur et lui crache au visage, une policière se montre agressive envers lui, mais ce n’est rien comparé à ce qu’il vit à son travail. Mépris, insultes et humiliations rythment son quotidien, et on le sait pertinemment : Webster Fehler va à un moment où à un autre péter les plombs. Pire, il se laisse envahir par des pulsions et ses désirs refoulés, qu’il écrit dans un journal mais qui sont de plus en plus concrets, la voix dans sa tête prenant même le dessus. L’ambiance est lourde, sombre, et la violence est clairement brutale. Comme nous le disions dans notre introduction, l’ouvrage n’est pas à mettre entre toutes les mains, que l’on parle des scènes de sexe (et de prostitution), de la violence visuelle ou encore de certaines répliques cinglantes. Après avoir découvert une sacoche égarée qui renferme un badge de policier et une arme chargée, Webster est en roue libre et devient un véritable psychopathe.

On le découvre à la fin de l’ouvrage : Fathi Beddiar avait dans un premier temps développé le projet pour en faire un long-métrage, avant que l’option bande-dessinée ne prenne le relais. Honnêtement, mettre en scène pour le cinéma une histoire aussi sombre et violente aurait été difficile par les temps qui courent (surtout que les producteurs sont vite frileux lorsqu’on sort des sentiers battus), et l’adaptation en bande-dessinée est à nos yeux la meilleure chose qui pouvait arriver au projet. Fathi Beddiar sait en tout cas de quoi il parle, de par son parcours et ses diverses influences (quel plaisir de retrouver en fin de tome un paragraphe dédié à l’excellent « C’est arrivé près de chez vous », film ayant énormément influencé l’auteur de notre ouvrage du jour). Le récit n’en est que plus glaçant, et les dessins de Geanes Holland et Babbyan s’avèrent très réussis ! Le trait réaliste laisse parfois place à des explosions visuelles qui font presque froid dans le dos. La mise en scène est excellente, très cinématographique, et les références au cinéma sont nombreuses. On plonge dans une certaine idée de l’enfer, et on assiste avec une curiosité malsaine aux agissements de Webster. On se demande, avec crainte, ce qu’il va bien pouvoir faire ensuite, l’escalade dans la violence n’ayant presque aucune limite. Il nous tarde clairement de découvrir la suite du récit !


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