Avis BD Glénat : L’Enfantôme (récit complet de Jim Bishop)
C’est avec un peu de retard que nous avons eu la chance de recevoir « L’Enfantôme », bande-dessinée de Jim Bishop disponible depuis le 15 janvier 2025 aux éditions Glénat. L’ouvrage s’inscrit dans une trilogie thématique de l’auteur et fait suite à « Lettres perdues » et « Mon ami Pierrot », des titres que nous n’avons pas eu la chance de découvrir. Mais rassurez-vous, car « L’Enfantôme » peut tout à fait être découvert indépendamment, et propose un récit clairement tourné vers l’horreur qui reste en tête après la lecture. C’est parti pour notre avis !
Synopsis : Au collège, « Le boutonneux » ne brille pas par son bulletin de notes. Au contraire, il fait même partie des pires cancres ! Il rêve d’ouvrir un magasin de jeux vidéo, mais en attendant, il est convoqué chez le conseiller d’orientation, tout comme Mims. Rebelle au style punk, Mims dévore les mangas et n’a que faire du système. Leur avenir à tous deux se joue pourtant en cette année décisive… S’ils échouent leurs parents risquent bien de les tuer ! Tandis que la pression commence à peser sur les épaules des adolescents, des événements de plus en plus étranges surviennent… Leurs parents mutent jusqu’à prendre une apparence monstrueuse ! Si les adolescents n’améliorent pas leurs notes, leurs parents peuvent-ils vraiment les supprimer ?
D’emblée, on comprend que « L’Enfantôme » va nous embarquer dans une histoire dure, avec des thèmes puissants et touchants. Dès les premières pages, on nous parle de harcèlement scolaire avec notre jeune héros, qui en bave au collège puisqu’on l’appelle « le boutonneux ». Pire, ses résultats scolaires sont en berne, et son beau-père lui manque de respect et s’en prend souvent à lui. Rien ne va malheureusement, et il se retrouve convoqué chez le conseiller d’orientation, avec 2 de ses camarades, eux aussi en échec scolaire. L’un d’eux et son ancien meilleur ami (qui lui a depuis tourné le dos), l’autre est Mims, une rebelle au style punk fan de mangas, puisqu’elle en dessine. Le conseiller d’orientation, aussi gênant qu’inquiétant, leur pose un ultimatum : ils doivent absolument réussir leur année, où leurs parents devront les tuer. Radical comme programme, et si tout cela ressemble à une blague un peu glauque au premier abord, le comportement étrange et de plus en plus violent des adultes sème le doute dans notre tête. Nos jeunes héros sont-ils réellement menacés ? La pression et la phobie scolaire sont abordées durant tout l’ouvrage, avec des jeunes qui en viennent à constamment s’auto-flageller. Cette pression pèse sur les enfants, sans cesse notés et comparés entre eux, et sur les parents, pris dans un système qui ne leur font aimer leurs enfants que s’ils sont en réussite.
Le harcèlement vient des autres élèves, mais également des représentants scolaires, puis enfin des parents. Impossible de souffler pour ces collégiens, qui vont néanmoins trouver un minimum de réconfort en se soutenant. Le personnage de Mims est intéressant, elle qui se trouve être une rebelle, jusqu’à porter une broche en forme de crotte pour signifier que la société passe son temps « à lui chier dessus chaque jour », mais qui se retrouve obligée de rentrer dans la norme à cause des menaces de son père. L’ambiance est lourde tout au long de la lecture, et clairement horrifique, avec des visuels qui font froid dans le dos. L’auteur dit s’inspirer de Junji Ito ou encore Inio Asano, et cela se ressent à travers certaines illustrations bien perchées mais débordant d’idées visuelles. C’est angoissant, et on est parfois mal à l’aise face aux situations subies par notre héros. La deuxième partie de l’ouvrage change de ton, et propose quelque chose de différent en termes d’ambiance, avec quelques notes d’espoir et la présence de fantômes qui représentent métaphoriquement ce « grain de folie » qu’on perd en devenant adulte. Les bonnes idées se succèdent, dans une ambiance toujours aussi accrocheuse. « L’Enfantôme » réussit ce qu’il entreprend, et nous fait passer autant de messages forts qu’il nous met mal à l’aise ou nous fait frissonner. Une très belle découverte.
Lageekroom