Avis BD Glénat : Vinifera – Le Vin des poilus
La collection « Vinifera » de l’éditeur Glénat s’agrandit en ce début d’année 2024 avec « Vinifera – Le Vin des poilus », ouvrage signé Eric Corbeyran (au scénario) et Lucien Rollin (au dessin). Avec « Vinifera », l’éditeur nous propose de découvrir « la grande histoire de la vigne et du vin » à travers des ouvrages tels que « Le vin rouge sang », « Les moines de Bourgogne » ou encore « Le vin et la Chine », avec l’ambition de dresser l’histoire du vin de l’antiquité à nos jours. Direction la Première Guerre mondiale cette fois-ci avec « Le vin des poilus », que nous avons eu la chance de recevoir avec un peu d’avance (la sortie étant fixée au 21 février 2024). C’est parti pour notre avis !
Synopsis : 1916. Dans la Vallée de la Marne, les soldats français englués dans la boue des tranchées se donnent du courage avec une ration quotidienne de vin. Mais ils sont nombreux à juger ce breuvage imbuvable. Certains prétendent que le bon vin de Bourgogne est réservé aux officiers, tandis que les soldats hériteraient de la piquette ! Parmi eux, Gaston, un jeune homme dont le père était vigneron prend le débat à cœur. Les différentes appartenances régionales liées à la production de vin avivent parfois les tensions entre les poilus qui restent attachés à leur terroir. Alors, quand le mercanti, le marchand civil, vient ravitailler les tranchées, Gaston commande sa ration en évitant l’absinthe dont d’autres raffolent… Pendant ce temps, à Reims, des kilomètres de caves abritent un trésor que les obus n’ont pas encore détruit : le champagne !
C’est la première fois que nous découvrons un ouvrage tiré de la collection « Vinifera » de son éditeur Glénat. Néanmoins, nous avions déjà abordé le sujet du vin dans les tranchées avec le très bon « Pinard de Guerre » des éditions Grand Angle, qui dégageait une certaine émotion. Boire pour oublier le danger, la peur de mourir, la femme qui attend à la maison… On retrouve cette approche dans « Le Vin des poilus », mais pas que, et l’ouvrage s’attarde également sur la diversité des cépages tout en nous rappelant l’effort de guerre des femmes pendant le conflit. Le vin est néanmoins au cœur des discussions, dans les tranchées comme dans les campagnes où il est produit. L’ouvrage dresse le portrait de différents personnages, soldats comme civils, et tous auront un rôle à jouer à un moment ou à un autre du récit, avec différentes histoires qui se rejoignent. C’est bien écrit et clairement intéressant à suivre, et on découvre Gaston, un jeune soldat dont le père était vigneron et qui n’hésite pas à se faire entendre dans les tranchées. Mais l’histoire nous emmène également à Reims, sous les ruines de la ville, ou encore aux côtés de Walter, un pilote contraint de rejoindre l’armée allemande.
Certains personnages apparaissent moins que d’autres durant le récit, mais tous ont un lien avec le fil rouge de l’histoire. L’aspect historique est assez poussé également (on trouve en fin d’ouvrage un cahier historique signé Jérôme Baudouin), avec de nombreux détails sur la place du vin dans la stratégie militaire, la communication qui y est liée via des affiches publicitaires, ou encore l’ambiguïté identitaire de la Champagne viticole, certaines grandes maisons ayant des origines allemandes. Le vin, censé réconforter les soldats et rassurer les épouses restées à la maison (via des affiches donnant des airs de pique-nique à des scènes de tranchées), va sortir grandi de cette Grande Guerre, devenant une boisson symbolique de la France victorieuse. Il n’empêche que ce sont les hommes qui ont souffert de ce terrible conflit, et l’ouvrage n’oublie pas de développer l’aspect humain de la guerre. Les notions de courage, de sacrifice, de famille et d’humanité en général sont au cœur de l’histoire (« un homme blessé mérite qu’on le soigne, même s’il ne porte pas le bon uniforme »), et cela fait forcément réfléchir, surtout dans notre contexte actuel, dans lequel l’homme ne semble n’avoir retenu aucune leçon.
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