Avis BD Grand Angle : La Chambre des officiers (récit complet)
Après la découverte de « Ange Leca« , dont notre avis est disponible sur le blog à cette adresse, c’est une nouvelle bande-dessinée en provenance des éditions Grand Angle que nous allons découvrir aujourd’hui. Egalement disponible le 1er mars prochain, « La Chambre des officiers » est un ouvrage signé Philippe Charlot (scénario), Alain Grand (dessin) et Tanja Cinna Wenisch (colorisation), adapté du roman de Marc Dugain, qui revient sur les gueules cassées, ces anciens combattants de la Première Guerre mondiale aux séquelles physiques graves. C’est parti pour notre avis !
Synopsis : 1914. Aux premiers jours de la guerre, un éclat d’obus défigure Adrien. Le voilà devenu une «gueule cassée», reclus au Val-de-Grâce, dans une chambre réservée aux officiers. Adrien restera cinq ans dans cette pièce sans miroir. Cinq ans pour réapprendre à vivre au rythme des opérations. Cinq ans entre parenthèses à nouer des amitiés d’une vie avec ses compagnons d’infortune. Cinq ans de «reconstruction» pour se préparer à l’avenir. Cinq ans à penser à Clémence qui l’a connu avec sa gueule d’ange…
« Entre nous, nous n’évoquons jamais l’avenir mais je commence à y penser. Un jour ou l’autre, il faudra se décider à sortir d’ici »
« La Chambre des officiers » nous permet de suivre l’histoire d’Adrien, dont la vie a été chamboulée par un éclat d’obus. Il fait partie de ces hommes défigurés ou encore brûlés, et la plupart du temps touchés au visage, qui tentent de se reconstruire et de retrouver un vie presque normale. Après 2 jours à agoniser suite à l’explosion dont il a été victime, Adrien est retrouvé et conduit dans une chambre réservée aux officiers « blessés de la face », dont il est le premier arrivant. De longs mois de souffrance vont s’enchaîner, avec de multiples opérations, des douleurs physiques et mentales, et de nombreux cauchemars. Adrien rêve de Clémence, une belle musicienne rencontrée avant son départ à la guerre, le temps d’une journée et d’une nuit qui restent gravées dans sa mémoire. L’espoir de la retrouver lui permet probablement de tenir, même s’il est souvent en plein doute, mettant même une arme sur sa tempe pour en finir avant de se raviser. Puis de nouveaux blessés arrivent, chacun avec son handicap, mais surtout son caractère. Les hommes se rapprochent, tentent de se remonter le moral et se serrent les coudes, jusqu’à sortir du bâtiment pour aller voir des femmes. Mais le retour à la vie « normale » est difficile lorsqu’on a un visage marqué par la guerre… Le regard des autres est parfois pire que la douleur ou les nombreuses interventions chirurgicales. Difficile également de retrouver un emploi ou une vie amoureuse après ces longues années…
Les contacts humains font en tout cas du bien, la plupart de ces hommes ne souhaitant même pas avouer ce qui leur est arrivé à leur famille, pour ne pas leur faire de peine. Puis une femme, blessée de guerre elle aussi, va les rejoindre, apportant un vent de fraîcheur. Des petits moments de bonheur, malheureusement souvent entachés par la tristesse de voir l’un des leurs succomber à ses blessures. « La Chambre des officiers » est une adaptation vraiment touchante, qui fait prendre conscience des ravages de la guerre, une guerre que certains pensaient d’ailleurs être la dernière… L’ouvrage propose également quelques extraits du roman entre les chapitres, qui nous ont donné envie de le découvrir. Le scénariste Philippe Charlot précise d’ailleurs dans une interview qu’il a tenté de rester le plus proche possible du roman dans la succession des événements et le déroulement de l’histoire, même si ce genre d’adaptation en bande-dessinée demande une certaine réécriture. Le tout est bien mis en scène et bénéficie de dessins précis et détaillés, principalement (et on s’en doutait) au niveau des visages, avec un très chouette travail sur les couleurs. Certaines scènes sont assez marquantes, comme cette nuit où Adrien découvre son visage dans le reflet d’une fenêtre. Nous aimons beaucoup les bande-dessinées historiques, et « La Chambre des officiers » a su nous convaincre, avec un aspect humain très présent et des personnages touchants (et souvent déchirés, à l’image de la couverture de l’ouvrage) et bien écrits. Le mois de mars va décidemment commencer très fort chez l’éditeur Grand Angle !
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