Avis manga Kana : Silence – Tomes 1 à 3
L’éditeur Kana démarre le mois d’octobre avec une série originale made in France ! « Silence » est en effet le petit bébé de Yoann Vornière, un mangaka français qui s’approprie ici les codes du shonen et y apporte des idées clairement intéressantes. Nous avons eu la chance de recevoir le premier tome de « Silence », disponible depuis le 6 octobre dernier, et il est temps de voir si l’auteur a réussi à nous embarquer dans son univers. C’est parti !
– Mise à jour de l’article avec notre avis sur le tome 2, disponible le 26 janvier 2024 –
– Mise à jour de l’article avec notre avis sur le tome 3, disponible le 12 juillet 2024 –
Synopsis : Le jeune Lame et son village sont coupés du reste du monde. Les monstres, qui les repèrent grâce au son et plus particulièrement à la voix, les ont contraints à communiquer par la langue des signes. Mais dans un monde où règne une nuit permanente, les ressources viennent à manquer. Alors que Lame accompagne Gris le chasseur du village dans une expédition de ravitaillement à l’extérieur, ils sont attaqués car le jeune garçon rompt par inadvertance le silence. Lame, rongé par la culpabilité, va tout faire pour se racheter et va faire une découverte qui pourrait bien changer du tout au tout le destin du village… L’ouvrage est à découvrir sur le site de l’éditeur, à cette adresse.
« Le seul moyen de lutter contre ces créatures serait d’en devenir une soi-même ? »
Comme nous le disions dans notre introduction, ce premier tome de « Silence » reprend tous les codes du genre. Un monde à l’ambiance post-apo menacé par les monstres et dans lequel la lumière du soleil a disparu, un jeune héros en apparence fragile qui va rapidement acquérir des pouvoirs, et les thèmes toujours efficaces liés au passage à l’âge adulte et à l’amitié. Dans « Silence », le jeune Lame vit coupé du reste du monde en compagnie d’autres villageois et du chasseur Gris, avec lequel il part en expédition pour tenter d’aller récupérer quelques ressources. Le monde est plongé dans l’obscurité depuis que le soleil a disparu derrière une barrière de nuages. Le froid s’est installé, et de puissantes bêtes affamées rôdent, ce qui rend les expéditions de plus en plus difficiles. Lors de leur mission, Lame et Gris vont être attaqués et ce dernier va être grièvement blessé. Après cet échec, c’est avec son amie Ocelle que Lame va vouloir récupérer la nourriture, mais nos 2 jeunes héros vont tomber sur une puissante et mystérieuse femme qui va leur sauver la vie, et leur apporter une note d’espoir. Grâce au ragoût qu’elle cuisine, dont les effets peuvent être dangereux, Lame va acquérir des pouvoirs qui pourraient bien changer la donne. Les choses se mettent rapidement en place dans ce premier tome, qui développe ses enjeux et propose quelques scènes d’action plutôt efficaces.
Les monstres ayant l’ouïe fine, les personnages utilisent la langue des signes pour communiquer. A l’image du film « Sans un bruit », le silence est donc indispensable à la survie de la communauté (ça tombe bien, c’est le titre de notre manga). L’idée est vraiment bonne et l’ambiance est parfois lourde. Même si une salle spéciale a été mise en place pour les enfants afin qu’ils puissent chuchoter, les personnages ne parlent quasiment jamais. Et quand, dans un moment de tension, Lame laisse exprimer sa colère en criant, tout le monde retient son souffle, et nous avec. L’ambiance est particulièrement réussie, et les personnages communiquent donc en faisant des gestes inspirés de la langue des signes officielle française. C’est très intéressant visuellement (on peut reconnaître quelques mots), et le coup de crayon de Yoann Vornière est vraiment maîtrisé, même si on aurait aimé un peu plus de plans larges des décors. On pinaille, car l’ensemble est très chouette, avec des illustrations qui dégagent une certaine classe. Seul Lame manque encore un peu de charisme, mais nous avons hâte de voir son évolution. Au final, ce premier tome de « Silence » est vraiment efficace, et ses touches d’originalité parviennent à faire oublier les quelques clichés d’usage. Le début du récit est solide, et nous avons hâte d’avoir une vue un peu plus globale de l’histoire, prévue en 6 tomes !
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Silence – Tome 2 : En route pour Haut-Fort ! La mystérieuse citadelle représente la seule chance de survie de Lame et ses compagnons. Le chemin, déjà périlleux avec la menace permanente des monstres, pourrait bien se compliquer avec l’entrée en scène d’un groupe d’individus lancé à la poursuite de Lune.
Après un premier tome vraiment réussi posant les bases d’un univers accrocheur et présentant ses personnages, le manga « Silence » fait son retour aux éditions Kana en ce mois de janvier 2024. Et on peut dire que le récit de Yoann Vornière parvient, comme on l’espérait, à monter en puissance et à développer son lore de belle manière. Le début de ce tome 2 nous en apprend davantage sur Lune, son passé, et ce qui a fait d’elle ce qu’elle est aujourd’hui. Comment lui sont venus ses pouvoirs ? Pourquoi prépare-t-elle des recettes ? L’auteur nous en apprend davantage sur ce personnage, qui fait désormais partie de l’équipe. On rappelle que nos héros, accompagnés de nombreux enfants, ont quitté leur église pour aller rejoindre Haut-Fort, une citadelle dans laquelle ils devraient trouver refuge. On partage d’ailleurs quelques moments sympathiques avec les enfants, notamment lorsqu’ils décident de participer à une partie de pêche. Mais ce moment agréable prend rapidement fin avec l’arrivée de nouveaux monstres. L’action reprend, Gris se fait une nouvelle fois salement amoché, et Lune doit utiliser ses pouvoirs. Lame est plus en difficulté et ne maîtrise pas encore ses pouvoirs, ne parvenant même pas à se transformer. Notre jeune héros n’est d’ailleurs pas la tête d’affiche de ce tome 2, qui fait la part belle à de nombreux personnages. C’est riche, et on ne s’ennuie pas une seconde.
Mieux encore, un nouveau groupe de personnages fait son entrée. On les avait aperçus à la fin du premier tome, les voilà : ils sont à la recherche de Lune, et on se demande encore s’ils sont des alliés ou des ennemis. Ils prêtent néanmoins mains forte aux enfants, car certains de leurs guerriers sont particulièrement puissants. On pense notamment à Ové, une combattante à l’armure impressionnante. Les moines qui les accompagnent récitent des psaumes, une magie permettant de combattre les monstres, de renforcer armes et armures, mais également de rendre tout le monde discret, permettant de parler oralement. On rappelle que les monstres réagissent au bruit, et que les enfants utilisent le langage des signes pour communiquer. Ce tome 2 propose un excellent rythme, des phases explicatives pas trop bavardes, de l’action, des rebondissements… C’est fluide et souvent intense, avec un bestiaire pour le moins original (l’auteur propose d’ailleurs quelques pages pour développer son lore), et on apprécie toujours autant le dynamisme des visuels. Après un premier tome plus que sympathique, « Silence » revient donc de belle manière, avec un nouveau volume un cran au dessus. La fin n’est pas en reste, et promet encore de belles découvertes et l’arrivée de personnages pour le moins atypiques.
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Silence – Tome 3 : l’attaque de la Velue a contraint Lame et ses amis à se séparer. Après un combat difficile, Ocelle et le reste de la communauté de Langueloup réussissent à atteindre Haut-Fort. Mais certains habitants de la citadelle ne semblent pas voir d’un très bon œil l’arrivée de ces étrangers. Pendant ce temps, Lame et Lune tentent de rejoindre Haut-Fort à pied, tout en devant faire avec le jeune Merle, qui a lui aussi été séparé de ses compagnons.
« Sans ce truc qui me parasite, j’ai l’impression que c’est plus simple d’activer mon pouvoir »
Après un premier tome réussi, le manga « Silence » de Yoann Vornière est monté en puissance avec un tome 2 vraiment excellent en termes de rythme, alternant phases d’action et d’autres plus posées riches en explications. Le lore se développe, tout comme nos personnages, et le tome 3, que nous avons eu la chance de découvrir grâce à l’éditeur, continue sur cette lancée. Il se divise en 2 axes narratifs, l’un se concentrant sur l’arrivée d’une partie de la communauté (et notamment des enfants) à Haut-Fort, l’autre suivant le trio Lame/Lune/Merle. Ces derniers ont été séparés du groupe suite à l’attaque d’un monstre, et Lame, discret dans le tome 2, revient sur le devant de la scène. Notre jeune héros ne maîtrise pas encore ses nouveaux pouvoirs, et fait des rêves étranges qui semblent très réels. On découvre qu’il est parasité par un Cauquemare, un monstre bien flippant tiré des angoisses du mangaka qui l’empêche d’utiliser son pouvoir. L’arc qui suit Lame, Lune et Merle est intéressant et propose son lot de mystères, notamment lié au personnage de Lune et à son passé.
« Si vous comptez rester parmi nous, il faudra que vous changiez vos mauvaises habitudes »
L’autre arc narratif est axé sur l’arrivée de la communauté à Haut-Fort. On sent d’emblée que derrière certains sourires accueillants et les promesses de bons repas se cache quelque chose de plus sombre. Un personnage en particulier tire les ficelles, et on se demande pour le moment quel est son but réel. On ne vous en dira pas plus, mais la tension est au rendez-vous. Nous avons une nouvelle fois beaucoup apprécié le travail de Yoann Vornière, que l’on parle de sa mise en scène, du développement de ses personnages ou du rythme qu’il influe à certaines séquences, sans oublier des petites doses de mystère qu’il distille çà et là. Visuellement, c’est vraiment très bon, notamment durant les cauchemars de Lame. Les décors, tout comme les costumes, sont très travaillés, même si on aimerait encore plus de plans larges pour en profiter pleinement ! Seuls certains visages sont un peu en retrait et manquent de détails, mais rien de bien grave. Au final, la série se maintient en termes de qualité, en dévoile un peu mais pas trop sur son lore, et titille toujours autant notre curiosité. De quoi donner clairement envie de découvrir la suite.
Lageekroom