Les héritiers de Silent Hills P.T. : quels jeux d’horreur pour se consoler ?
Il y a des annulations qui nous restent en travers de la gorge. Les plus anciens d’entre vous (et nous en faisons partie) auront une pensée émue pour le BC de Peter Molyneux ou encore Starcraft Ghost, sans oublier le très regretté Star Wars 1313. Mais les amateurs d’horreur et d’épouvante en ont aussi eu pour leur grade, avec le désormais culte P.T., prologue jouable d’un Silent Hills qui ne verra jamais le jour (en tout cas au moment où nous écrivons ces lignes). Mais cette annulation n’a-t-elle pas été, dans un sens, bénéfique aux amateurs de jeux du genre ? Nous allons revenir sur une sélection de jeux qui ont vu le jour suite à l’annulation de P.T., et qui s’inspirent grandement de cette expérience terrifiante. C’est parti !
Développé par Hideo Kojima accompagné de Guillermo Del Toro et de Norman Reedus (un trio que l’on a retrouvé dans Death Stranding et sa suite), P.T. avait su convaincre les amateurs d’horreur psychologique et d’épouvante, avec ses mécaniques ingénieuses qui parvenaient à procurer l’angoisse et le malaise. Depuis, on connaît l’histoire : le jeu a été annulé suite aux différents entre Kojima et Konami. Si certains fans espèrent toujours la résurrection du projet (voyant dans chaque déclaration ou post de Kojima des indices le teasant), d’autres ont fait leur deuil. Mais ces derniers n’ont pas tout perdu, et certains jeux récents se sont grandement inspirés de P.T., proposant des expériences plus que satisfaisantes. Il est temps de découvrir quels sont les jeux de notre sélection !
– Layers of Fear –
La Bloober Team, à qui l’on doit The Medium, le génial Observer et surtout le remake de Silent Hill 2, s’est grandement inspirée de P.T. pour Layers of Fear, leur titre d’horreur sorti en 2016 sur PC, Xbox One et PS4, puis en 2018 sur Nintendo Switch dans un portage très réussi. Layers of Fear est un jeu que nous avons adoré, et qui parvient à proposer un cheminement accrocheur et bien mis en scène. Le jeu fait sursauter, angoisse et met souvent la pression, faisant ressentir au joueur le profond malaise du personnage qu’il incarne. Certains trouvent Layers of Fear plat et scripté, et on peut les comprendre. Mais si on adhère à l’ambiance et qu’on entre pleinement dans le jeu, les frissons sont garantis. Notre test complet est disponible à cette adresse. Notez qu’un remake a vu le jour, incluant le jeu et sa suite, et qu’il est de toute beauté.
– Resident Evil 7 –
Après un Résident Evil 6 totalement WTF est plongeant à corps perdu dans l’action de série B (la très bonne campagne de Léon mise à part), Capcom a changé son fusil d’épaule en optant pour une vue à la première personne favorisant l’immersion. Le titre s’inspire grandement de P.T., mais également du cultissime Massacre à la tronçonneuse de Tobe Hooper. Malgré une dernière partie de jeu décevante, le titre a su trouver son public et propose des séquences bien stressantes, encore plus en VR. On vous laisse à ce propos découvrir notre test du titre, que nous avions terminé intégralement avec notre PSVR bien accroché à notre tête. On se souviendra également de la toute première présentation du jeu à l’E3 2016, qui marchait totalement sur les pas de la démo de Kojima.
– Resident Evil Village (Maison Beneviento) –
Encore un Resident Evil dans cette sélection ? Et bien oui, et même si ce huitième opus part dans ses propres délires, une séquence entière rappelle le P.T. de Kojima. Il s’agit du passage dans la Maison Beneviento, clairement angoissante et oppressante. On retrouve l’ambiance de P.T., avec des couloirs étroits et flippants, une tension qui monte crescendo et même la présence d’un gros fœtus qui va se faire un malin plaisir de vous traquer. On retrouve ces sensations que l’on aime tant, et ce passage reste à nos yeux le meilleur du jeu. Notre test complet de Resident Evil Village est disponible à cette adresse.
– Visage –
Disons le clairement : Visage a réussi à nous faire peur ! À de nombreuses reprises, et pas qu’avec de vulgaires jumpscares que l’on voit souvent venir à des kilomètres. C’est grâce à son ambiance que le jeu immerge, l’angoisse étant permanente. Trois scénarios bien différents s’offrent aux joueurs, mettant en scène une jeune fille, une vieille femme et un militaire traumatisé. De nombreux thèmes sont abordés, et le jeu propose des mécaniques de gameplay ingénieuses, avec ce fameux flash d’appareil photo servant à vous éclairer. Visage est clairement génial, le P.T. version longue que l’on attendait avec tant d’impatience. Le jeu a des défauts, soyons honnêtes (inventaire horrible, manque d’indication qui fait que l’on tourne souvent en rond), mais il est difficile de bouder son plaisir. Seul bémol : le jeu n’existe pour le moment qu’en dématérialisé. Notre test complet est disponible à cette adresse.
– Infliction Extended Cut –
Infliction n’est pas le plus réussi des jeux de notre sélection, et souffre d’une technique parfois pauvre, mais sa mise en scène est vraiment intéressante. Le jeu de Caustic Reality propose une ambiance intéressante, avec un personnage enfermé dans sa propre maison (et dans une sorte de boucle), avec un esprit vengeur collé aux basques. Est-ce votre femme, qui semble avoir été assassinée ? A chaque boucle, les décors évoluent, les tableaux sur les murs deviennent de plus en plus glauques, et les visions d’horreur s’intensifient. Souvent flippant et proposant un chouette sound design, Infliction est une bonne pioche de notre côté, malgré une nouvelle fois ses graphismes pas toujours au top. Mais si les frissons sont là, on ne peut pas bouder notre plaisir !
– MADiSON –
Même s’il reste un (petit) cran en dessous de Visage, MADiSON propose une expérience vraiment accrocheuse (en VR, le jeu est terrifiant). La narration est bonne, les énigmes réservent du challenge, et l’ambiance est excellente, avec un sound design qui ne fait jamais retomber la pression. Les énigmes s’enchaînent et ne se répètent pas, nous faisant visiter des lieux de plus en plus oppressants. Certaines séquences resteront en mémoire, l’appareil photo apporte un vrai plus, et on sent que le tout a été réalisé avec amour. Notre test complet est disponible à cette adresse.
– Karma: The Dark World –
Karma: The Dark World est une très belle surprise de notre côté. Certes, le titre s’inspire beaucoup d’autres jeux du genre (Layers of Fear, Observer, un peu de Silent Hill ou de Little Nightmares 2) ou du cinéma de Lynch pour ne citer que lui (on frôle parfois le plagiat sur certains décors), mais il est parvenu à nous embarquer dans son histoire et sa société dystopique angoissante. Le jeu est un walking simulator et propose un gameplay simple et un rythme assez lent, mais son ambiance est géniale, il y a des séquences vraiment flippantes, le scénario est solide (même si assez complexe et cryptique sur la fin) et c’est très beau visuellement. Délicieusement glauque et pleine de bonnes idées, la mise en scène fonctionne vraiment bien et il est difficile de lâcher la manette une fois lancé. Notre test complet est disponible à cette adresse.
– Luto –
Clairement, Luto se place parmi les meilleures expériences du genre, mais à une condition : entrer dans les délires (et les excellentes idées) des développeurs, avec un jeu qui pulvérise le quatrième mur. Cela renforcera l’immersion pour certains mais la brisera pour d’autres, et nous avons conscience que ces partis pris diviseront. De notre côté, après la surprise inhérente à ce genre de proposition, nous avons kiffé la narration. Et surtout, Luto est très beau, bénéficie d’un superbe sound design, et procure de véritables frissons. Nous attendions le jeu avec impatience, et nous n’avons pas été déçus. Entre surprises et frissons, Luto fait partie, à nos yeux, des meilleurs titres du genre. Notre test complet est disponible à cette adresse.
Le clone à éviter
– Evil Inside –
Tous les jeux s’inspirant de P.T. ne sont pas des réussites, loin de là, et certains ont profité de la hype pour tenter de refourguer leur projet et d’appâter le joueur en manque de sensations fortes. Evil Inside ressemble davantage à un plagiat qu’à une inspiration. Certes, le platine est accessible en 1h à peine sur PS5 (il correspond à la durée de vie du jeu), mais tout le reste déçoit. Le jeu est sombre, ennuyeux, et il n’apporte rien à l’expérience originale. A éviter …
Lageekroom
Salut,
Pour être honnête, je ne connais pas plusieurs des jeux qui ont été mentionnés. Je suis un peu passé à côté de certains titres, mais j’ai quand même eu l’occasion de jouer à Resident Evil 7. Cela dit, j’avoue que je préfère l’opus précédent. C’est peut-être simplement parce que je suis plus à l’aise avec les jeux à la troisième personne. J’ai toujours eu cette préférence, sûrement parce que je trouve que ça aide à mieux gérer l’environnement et à garder une certaine distance avec ce qui se passe à l’écran… même si, parfois, ça enlève un peu de l’immersion. Mais bon, ce n’est que mon avis.
Il faut quand même reconnaître que Resident Evil 7 réussit vraiment bien à instaurer une ambiance angoissante. Certaines séquences sont franchement flippantes, et on se surprend à jouer en retenant son souffle. C’est un jeu qui a clairement réussi son pari de faire peur.
Par contre, je ne connaissais pas du tout le huitième volet. Merci beaucoup pour ce partage, ça m’a permis de découvrir quelque chose de nouveau. Je vais essayer de me le procurer un de ces jours, histoire de voir comment la série a évolué par la suite et me faire mon propre avis sur le sujet.
A+
Merci pour cet excellent article qui offre un panorama très complet des jeux d’horreur héritiers de Silent Hills P.T. J’ai beaucoup aimé la manière dont vous décrivez l’ambiance et les mécaniques de chaque titre, en particulier Layers of Fear et Visage, que je connais un peu et qui m’a vraiment marqué par son atmosphère pesante et immersive. Je n’ai malheureusement pas encore eu l’occasion de tester Resident Evil Village, mais d’après votre description du passage dans la Maison Beneviento, ce jeu semble offrir une expérience terrifiante à souhait, très proche de l’esprit de P.T.. Cela donne vraiment envie de le découvrir, notamment pour ressentir cette montée en tension dans un cadre si oppressant. En tout cas, votre sélection donne une excellente idée des différentes façons dont les développeurs reprennent le flambeau de Kojima pour renouveler le genre horreur psychologique. Merci pour ces recommandations qui vont largement alimenter mes prochaines sessions de jeu !