TEST : Gal*Gun Returns, un remake de qualité sur Nintendo Switch ?
En mal d’amour au Japon avec sa Xbox 360, Microsoft a tenté en 2011 de séduire le public japonais en optant pour un jeu typiquement calibré pour ce marché : Gal*Gun. Mélange de rail shooter et de visual novel, il prend la forme d’un jeu de drague comme seuls nos amis nippons savent les faire. Il est clair que c’est bien moins présent dans la culture occidentale, même s’il faut avouer que les joueurs américains et européens ont pu s’initier à la drague virtuelle avec par exemple les hôtesses des jeux Yakuza. Bref, dix ans plus tard, Inti Creates a voulu offrir un remake de ce premier jeu de la licence en ne cantonnant pas cette fois sa sortie au sol nippon. Mais voilà, après l’annonce des versions Xbox One et Switch, Microsoft a préféré annuler sa version, faisant de Gal*Gun Returns une exclusivité Nintendo Switch par défaut, du moins au niveau des consoles, puisque aucune version PlayStation 4 n’était prévue à cause de la censure appliquée par le constructeur sur ce type de contenus. Reste à voir si ce volet Returns mérite d’investir 49,99€…
Comme nous l’avons indiqué dans l’introduction, Microsoft était bien content d’avoir une exclusivité Xbox 360 sur le sol japonais en 2011 pour tenter de séduire un marché qui lui est bien réfractaire. Sony avait été heureux au passage d’obtenir un portage l’année suivante pour nourrir sa PlayStation 3. Si Gal*Gun Returns n’avait été annoncé que sur PC et Nintendo Switch, soit, nous aurions pu l’entendre. En revanche, le fait qu’il soit également annoncé sur Xbox One, avant d’être annulé sans aucune explication de la part du constructeur américain (c’est le studio de développement qui a dû mettre les formes dans un communiqué de presse pour faire comprendre que le jeu n’était pas le bienvenu sur Xbox malgré une version dont le développement était terminé) a de quoi provoquer un tic nerveux. Nous comprenons bien que dans la lutte pour l’égalité des sexes, pour la reconnaissance de tous les individus, un titre comme cela peut faire tache puisqu’il est clairement destiné à un public masculin peu puritain. Reste qu’il fait partie de l’histoire de Microsoft et que clairement il reste un jeu de drague gentillet bien moins outrageant que d’autres productions AAA sorties récemment et évoquant le sexe de bien des manières. Toujours est-il que Nintendo, connu pour son image « bon enfant » a accepté que Gal*Gun Returns sorte comme il a été pensé par ses concepteurs, prouvant une fois de plus que la Nintendo Switch est une console « tout public », visant aussi bien les enfants que les adultes, en passant par bon nombre de marchés de niche. Bref, ceci étant dit, revenons à nos moutons et parlons de ce Gal*Gun Returns.
Pour ceux qui connaissent la version originale, nous allons la faire courte. Gal*Gun Returns est la version anniversaire de Gal*Gun qui se présente avec le jeu de base et les éléments cosmétiques ajoutés par le passé en DLC. On y trouve une impressionnante galerie avec moult artworks à débloquer en échange d’une monnaie gagnée en jouant, un Dressing Room pour choisir les tenues des demoiselles et leurs accessoires ainsi que la Collection pour découvrir les fiches de tous les personnages représentés. Bien entendu, on retrouve le mode Histoire et le Score Attack. Le véritable plus de ce remake, c’est l’ajout du mode Doki Doki Carnival qui fait office d’épilogue inédit (à débloquer après le premier run en mode Histoire). Il y a beaucoup de bla-bla mais il vient enrichir la fin de l’histoire principale avant de proposer une version plus complexe du mode Doki Doki (nous l’expliquerons plus bas pour les néophytes) qui demande simplement d’alterner entre plusieurs filles auxquelles envoyer les shoots de phéromones au lieu de s’en contenter d’une seule. En bref, c’est un bonus sympathique pour une fois ou deux mais vite dispensable. En revanche, toujours pas de localisation française, ce qui fait qu’il faut se contenter des très bons doublages japonais accompagnés uniquement de sous-titres anglais. Visuellement, les personnages principaux ont gagné en finesse de modélisation. Le rendu est plus agréable encore que par le passé, les couleurs sont bien tranchées et le tout est très correct même si on a une préférence pour le mode docké qui offre une résolution supérieure. Le mode nomade est tout à fait convenable mais on constate quelques défauts techniques plus prononcés, comme des scintillements ou un peu d’aliasing. Rien de méchant cela dit, d’autant que nous avons fait la majorité du jeu en mode nomade. Même si les textures sont assez simples et que plusieurs modélisations restent sommaires, le rendu fait honneur au jeu original et lui donne même un côté plus agréable, avec des formes plus affirmées pour les modèles. En somme, c’est un remake des plus corrects. Cela vaut-il pour autant 49,99€ ? La réponse est clairement non, d’autant que le jeu offre moins de possibilités que Gal*Gun 2 qui est affiché quant à lui à 29,99€. Nous vous conseillons donc d’attendre une promotion sur Gal*Gun Returns pour vraiment en profiter, d’autant que le jeu n’est pas le meilleur rail shooter qui soit, des titres comme Time Crisis, Die Hard Trilogy (pour sa partie rail shooter du moins) et House of the Dead offrant plus de tension et de plaisir.
Ceci nous amène donc à parler du jeu pour ceux qui ne connaissent pas l’opus original. Concrètement, il s’agit de la rencontre de deux genres, le rail shooter et le visual novel. On se lance donc dans le mode histoire en vue à la première personne. On incarne Tenzou, un étudiant en deuxième année de la Sakurazaki Academy, qui reçoit plusieurs flèches d’amour de Patako, une apprentie Cupidon. La bourde étant faite, elle se retrouve à lui expliquer ce qui se passe. En somme, toutes les filles (ou presque) tombent folles amoureuses de lui. Le souci, c’est qu’une fois que l’effet sera passé, il risque bien de finir célibataire à vie. Pour éviter ce tragique futur (quoi que le célibat a ses avantages…), il doit choisir l’une des quatre protagonistes principales afin de la séduire d’ici la fin de la journée. Comme celle-ci est protégée par des esprits, il faut faire les choses bien pour tenter de la séduire. Cela passe par quelques écrans fixes plus ou moins animés au niveau des modèles 3D accompagnés de dialogues à choix multiples. Ainsi, en fonction des réponses, on est amené à découvrir l’une des différentes fins disponibles. Les dessins sont très kawaï et les situations sont assez clichées. On est en présence d’un jeu de drague mignonnet qui malgré quelques références sexualisées (comme les réponses de gros lourd/porc demandant par exemple à l’héroïne de montrer son anatomie ou d’enlever un vêtement) reste finalement très sobre. Les développeurs ont vraiment opté pour de l’humour léger en règle générale et notre héros masculin se fait parfois bien envoyer bouler comme il faut. En plus, il est tout à fait possible de répondre correctement en étant le plus gentil possible, ce qui peut donner droit à la bonne fin. Même celle-ci est vraiment très légère puisque, sans forcément spoiler, le contact final est vraiment très sobre. Et si vous jouez les idiots dans vos réponses, malgré les remarques au fil des discussions, vous risquez de simplement vous faire jeter comme une vieille chaussette. Bref, nous n’en dirons pas plus mais le scénario se laisse suivre et le tout reste plus ou moins bon enfant. Bien sûr, il s’agit là de la représentation d’une culture japonaise qui est clairement différente de la culture occidentale. Il est donc possible que beaucoup s’offusquent de la direction du jeu, de sa façon de représenter les femmes, de ce rapport du seul mec de tout le bahut qui tire des phéromones pour satisfaire des étudiantes hystériques aux tenues parfois affriolantes (maillots de bain, tenues parfois plus sexy, tenues d’écolières…) et dans un sens ils auront raison. Il est clair que tous les modèles féminins ont la même morphologie basée sur des diktats qu’il faut abolir, que les cris des étudiantes sont clairement destinés à flatter l’égo de notre héros, que c’est un garçon qui choisit l’une des prétendantes à séduire, etc. On pourrait y rester plus longtemps dessus mais ça fait partie de l’ADN du jeu. Donc soit on boycotte, soit on accepte et on voit alors le titre comme un visual novel cliché qui amène des phases de rail shooter.
Dans ce dernier cas, le joueur ne contrôle que le viseur (dont on peut régler la vitesse de 1 à 5 et inverser les axes au besoin) et doit tirer sur toutes les filles qui se présentent devant lui. En visant un point précis, il peut déclencher un Ecstasy Shot, un tir d’extase qui euphorise la fille du premier coup. Sinon, il faut tirer suffisamment de fois pour qu’elle soit suffisamment satisfaite pour arrêter de nous courir après. Pour créer un peu de danger, les développeurs ont mis en place deux mécanismes « d’attaque ». Le premier, ce sont les attaques au corps au corps dans lesquelles les filles nous transmettent une lettre d’amour (ou un autre élément quand on le paramètre) et le deuxième, ce sont les attaques lointaines à base de cris d’amour matérialisés sous la forme d’hiraganas violets. Il y en a toutefois un rouge qui ressort du lot. Pour éviter de perdre de la vie, il faut donc viser en priorité les filles qui ont des lettres à nous transmettre et les hiraganas qui s’approchent dangereusement, en sachant que toucher le rouge permet d’éliminer tous les autres qui composent la phrase. Les déplacements étant automatiques et comme il n’y a aucune option pour se mettre à couvert par exemple, il faut avouer que le gameplay est vraiment simple. Il y a bien le mode Doki Doki qui vient apporter un peu de variété mais c’est la plus mauvaise idée qui soit. Concrètement, lorsque la jauge est remplie, on peut viser une fille et appuyer sur une autre touche (X par défaut mais on peut re-paramétrer les touches dans les options) qui nous transporte dans un monde vide dans lequel le modèle sélectionné est au centre de l’écran. Au joueur alors de viser les zones sensibles (fesses, genoux, tête, cou, poitrine, bas du ventre…) en zoomant avec la gâchette basse droite avant d’envoyer un tir de phéromones. Il suffit de répéter l’opération jusqu’à remplir la jauge de satisfaction de l’étudiante pour la rendre euphorique. Cette euphorie irradie ensuite les éventuelles filles aux alentours (présentes à l’écran) et on débloque la fiche liée au modèle en question. Autant vous dire que les complétistes vont devoir s’accrocher pour déclencher le mode Doki Doki sur chacun des soixante-dix modèles disponibles, surtout que ledit mode est bien trop long et ennuyant pour ce qu’il représente. Le petit plus, c’est que ça permet également de recouvrer de la vie. Et c’est tout pour l’essentiel.
Pour apporter un peu de diversité, il y a les phases spéciales avec la fille principale que l’on cherche à séduire. Comme elle ne court pas derrière nous, on doit la séduire au cours de séquences qui servent de « boss ». En fonction du modèle (ça change de l’un à l’autre), on peut donc se retrouver à tirer sur les gardiens qui la protègent de notre sex-appeal, voire sur les projectiles lancés, ou à participer à des mini-jeux. Dans tous les cas, il faut tirer, que ce soit sur des livres, des notes envoyées par une guitare, sur des huées à transformer en ovations, sur des boules qui nous arrivent dans la tronche, etc., quand il ne faut pas tirer sur la prétendante ou au moins sur l’un de ses points faibles. L’idée est sympa mais sous-exploitée et la répétitivité, certes inhérente au genre, est bien ressentie. Si Gal*Gun est un rail shooter assez classique, il est loin d’égaler les maîtres du genre, la faute à un rythme assez lent qui est en plus sacrément haché entre des chargements parfois longuets pour de simples changements de zone et des discussions qui s’éternisent. Comme l’ensemble est en plus extrêmement facile, même dans la difficulté supérieure, il faut avouer qu’on peut rapidement s’en lasser. Le bon côté c’est que la durée de vie est vraiment modulable selon son profil. En effet, il faut 1h20 pour faire un run, en sachant qu’il faut en faire quatre minimum et qu’on peut encore en rajouter pour découvrir les différentes fins. Si en plus vous souhaitez débloquer tous les éléments de la Collection et du mode Galerie, vous allez y passer du temps. Cela sera encore accentué avec le mode Score Attack (qui fait la part belle au rail shooter) pour tous les amateurs de scoring.
A l’image de Microsoft qui a facilement renié un jeu qu’il était bien content d’avoir dix ans plus tôt pour séduire un public japonais bien ciblé, certains joueurs pourraient bien crier au scandale en voyant ce remake de Gal*Gun. En surface, il se présente comme un jeu sexiste représentatif d’une culture étrangère bien spécifique qui ne considère/considérait pas la femme à sa juste valeur. En vrai, lorsqu’on y joue, s’il est bien vrai qu’on tire des phéromones sur des filles parfois peu vêtues prenant des positions lascives en visant certaines parties érogènes, il faut reconnaître que l’histoire est plutôt gentillette, basée sur un humour léger. Les prétendantes que l’on tente de séduire ont du répondant, comme Patako l’apprentie Cupidon. Elles ont leur caractère et n’hésitent pas à s’imposer face à ce garçon transformé en véritable tombeur malgré lui. Côté provocation et sexualité, il y a bien d’autres jeux à pointer du doigt. Bref, Gal*Gun Returns n’en reste pas moins un mélange de visual novel et de rail shooter qui, sans exceller dans l’un ou l’autre domaine, reste un passe-temps appréciable, voire chronophage pour les collectionneurs qui voudront tout débloquer. Les textes, aussi clichés soient-ils, font parfois sourire et les situations prêtent à quelques rictus. En revanche, il est dommage de voir que le rythme est trop haché et que la difficulté est si basse que les fans du genre s’en lasseront vite. Nous ne reviendrons pas sur tous les points positifs et négatifs mais finalement, si le jeu est comme il est et que ce remake est plutôt bien fait, il faut reconnaître que son principal défaut ça reste son prix. Il est affiché à 20 euros de plus qu’un Gal*Gun 2 qui apporte plus de diversité par exemple.
Les +
- Un remake correctement fait
- L’épilogue inédit
- Les doublages japonais
- Beaucoup d’éléments à débloquer
- Le Score Attack pour les amateurs de scoring
- Humour léger
- Les divers paramétrages en option
- Visual novel gentillet dans le fond
- Un rail shooter très correct…
Les –
- … Bien que trop simple et simpliste
- Textes uniquement en anglais
- 49,99€, c’est trop cher
- Rythme haché
- Chargements longuets
- Mode Doki Doki, la fausse bonne idée
Test rédigé par Vincent – Lageekroom