TEST : Ghost of Tsushima : Director’s Cut, le voyage de Jin Sakai continue
Un an après une sortie remarquée sur PlayStation 4, le sublime Ghost of Tsushima fait son grand retour sur la nouvelle console de Sony, la PS5 ! De nombreux gros titres étant repoussés à 2022, Sony propose aux joueurs une double dose de Director’s Cut pour ce deuxième semestre 2021. Avant d’accueillir la nouvelle version de Death Stranding le 24 septembre prochain, c’est donc le jeu de Sucker Punch qui débarque sur new-gen, avec une version qui a pas mal d’atouts dans sa manche. C’est parti pour notre avis !
Avant toute chose, il est bon de préciser les différents moyens de se procurer ce Ghost of Tsushima Director’s Cut, et il faut le dire : c’est quand même un peu le bordel. Sony nous refait le coup de proposer différentes formules, qui ont il faut l’avouer tendance à rendre l’ensemble un peu confus pour les joueurs. Si vous êtes un nouveau joueur, il vous faudra débourser 79,99€ pour la version PS5 ou 69,99€ pour la version PS4. Oui, ça pique… Si vous achetez cette version PS4 plein pot et que vous décidez de l’upgrader dans les mois à venir, quand des consoles PS5 seront disponibles, il faudra à ce moment là payer 9,99€. Chez Sony, on ne connait malheureusement pas l’upgrade gratuit, en tout cas pas sur ce coup là. On reste sur PS4 : si vous possédez le jeu de base et que vous souhaitez basculer vers la version Director’s Cut, il faudra payer 19,99€. Enfin, si vous possédez le jeu de base sur PS4 et que vous souhaitez basculer vers la version Director’s Cut sur PS5, il vous en coûtera 29,99€ ! Non mais franchement, quel bordel… Heureusement, le transfert de sauvegarde (de la PS4 vers la PS5) est au programme via le menu du jeu, ouf !
Mais revenons-en à nos moutons, et à ce Ghost of Tsushima donc, excellent jeu que nous avons terminé sur PS4 l’an dernier puis platiné sur PS5 quelques mois plus tard suite au patch boostant son frame rate. Car oui, le jeu de Sucker Punch bénéficiait déjà de quelques améliorations visuelles avant cette Director’s Cut, ce qui fait que le rendu final de cette version PS5, aussi sublime soit-il, n’est pas aussi marquant qu’espéré. Attention, ne nous faites pas dire ce que nous n’avons pas dit : cette version PS5 du jeu est tout simplement superbe visuellement, ne propose quasi aucun temps de chargement (le déplacement rapide est instantané) et le combo 4K/60fps rend l’aventure de Jin Sakai encore plus incroyable (même si un chouïa d’aliasing persiste en arrière-plan). Car oui, Ghost of Tsushima est un grand jeu (notre test complet de l’année dernière est à découvrir ci-dessous), aussi violent que poétique, et on ne se lasse pas de découvrir chaque recoin de la map pour en dénicher tous les secrets. Et on retrouve dans cette Director’s Cut tout le contenu, déjà très conséquent, du jeu de base, mais surtout un nouveau lieu : l’île d’Iki. C’est clairement ce segment que nous attendions avec impatience, ayant déjà fouillé de fond en comble le jeu de base. Ce nouveau scénario est accessible à la fin de l’Acte 2 pour les nouveaux venus ou via une nouvelle quête à activer pour ceux ayant déjà terminé le jeu. Ce nouvel arc narratif s’intègre bien au récit de base, et nous emmène donc dans une zone qui réserve quelques surprises. Nous ne vous en dirons pas plus du côté du scénario, mais sachez que affronterez l’Aigle, un ennemi utilisant une sorte de poison vous donnant des hallucinations (permettant aux développeurs de proposer quelques délires visuels), et que vous allez revivre des événements de votre passé avec votre père.
Côté durée de vie, nous avons mis environ 6h pour terminer les quêtes principales de l’île, en prenant notre temps et en découvrant quelques lieux cachés. Pour tout faire, il faudra compter une bonne douzaine d’heures. La quête principale est maîtrisée et propose un rythme plutôt soutenu, lié à la taille forcément restreinte des lieux. On ne s’ennuie donc pas, mais quelques missions supplémentaires n’auraient pas été de refus. En l’état, ça bastonne bien, on découvre des lieux accrocheurs, mais on arrive trop vite au boss final. Heureusement, les activités secondaires sont de retour (bambous, sources chaudes), avec quelques nouveautés, comme jouer de la flûte (et caresser toutes sortes d’animaux), participer à des défis de tir à l’arc ou encore découvrir de nouveaux équipements pour vous et votre cheval. Ce dernier va rapidement gagner la capacité de charger dans le tas et de blesser les ennemis, ce qui est particulièrement jouissif. On retrouve également le système de combat du jeu de base, toujours aussi bon, avec cette fois-ci la possibilité de cibler ses ennemis (nous devons avouer n’avoir quasiment jamais utilisé cette option). L’exploration est donc toujours au rendez-vous, et la diversité des lieux fait plaisirs. Même si on retrouve des décors qui semblent familiers, certains autres proposent de magnifiques couleurs et une direction artistique à tomber. Quel plaisir de découvrir l’île d’Iki et ses nouveaux ennemis (bien qu’un en particulier soit particulièrement pénible) ! Bon, on retrouve quelques défauts déjà pointés du doigt à l’époque, comme un certain manque d’indications par moments (un PNJ ne voulait d’ailleurs pas apparaître lors d’une quête secondaire), une caméra pas toujours bien placée ou quelques bugs de collision.
Et la DualSense alors ? Et bien son utilisation fonctionne vraiment bien ! L’ensemble n’en fait d’ailleurs pas trop et n’empêche pas de prendre du plaisir lors des combats, ne forçant par exemple pas trop sur les gâchettes. Ces dernières sont utilisées principalement lors de l’utilisation de l’arc ou lorsqu’il faut utiliser son grapin pour détruire un élément du décor, avec une résistance que l’on sent réellement. Mais ce sont à nos yeux les vibrations de la manette qui donnent les meilleures sensations, lorsque l’on se déplace à cheval par exemple (les vibrations changent en fonction de la surface sur laquelle votre canasson cavale) ou quand Jin sort ou range une arme dans son fourreau. C’est vraiment excellent, utilisé juste comme il faut, et forcément immersif, tout comme la synchronisation labiale en japonais (exclusive aux joueurs PS5), qui fait vraiment plaisir même si nous aimons beaucoup le doublage français. Sans révolutionner l’expérience, la DualSense de la PS5 fait donc bien son boulot, et le jeu trouvera sans aucun doute sa place dans la prochaine mise à jour de notre dossier « PlayStation 5 : quels sont les jeux qui exploitent le mieux la DualSense ?« .
Au final, et malgré son gros bazar d’upgrade, ce Ghost of Tsushima Director’s Cut est-il une bonne pioche pour les joueurs PS5 ? Oui, clairement, et même s’il ne s’agit « que » d’un portage PS4, l’expérience mérite d’être vécue. Le jeu de Sucker Punch est toujours aussi sublime et envoutant, et l’île d’Iki ajoute quelques nouveautés et de magnifiques décors à un contenu déjà très conséquent. L’ambiance, aussi bien visuelle que sonore, est incroyable, et les combats sont toujours aussi dynamiques malgré les soucis de caméra. Le combo 4K/60fps sublime le titre et la DualSense est bien exploitée, tout comme le SSD de la console. On pourra néanmoins râler contre le prix de vente de la version complète sur PS5, affichée à 79,99€. Certes, la durée de vie est excellente, mais Sony est un peu gourmand sur ce coup là, et il ne faudrait pas que cela devienne une habitude. Un prix aux alentours de 40€ aurait été nettement plus acceptable, l’île d’Iki restant une zone assez petite. Si vous hésitez encore, attendez une baisse de prix, mais dans le cas contraire, vous ne serez pas déçus.
Les +
- une direction artistique à tomber par terre
- chaque décor/paysage/panorama est une œuvre d’art
- une map de taille idéale pour explorer sans jamais s’ennuyer
- à laquelle s’ajoute l’île d’Iki et ses nouveaux décors
- 4K/60fps, temps de chargement ultra courts
- quêtes variées et bien écrites
- l’histoire principale, accrocheuse
- les combats, violents et jouissifs
- VF de qualité + ajout de la synchronisation labiale en japonais
- les duels contre les boss
- améliorations nombreuses, aussi bien pour le combat que pour l’infiltration ou l’esthétisme de votre équipement (avec quelques nouveautés dans le DLC)
- très bonne durée de vie, aussi bien en ligne droite que pour tout faire
- la gestion du vent, une idée excellente
- le contexte historique, toujours aussi intéressant
- la DualSense, bien exploitée (sans en faire trop)
Les –
- combats parfois un peu bordéliques
- la caméra, parfois à la rue (malgré l’ajout d’un système de lock)
- la narration, qui a quelques baisses de rythme
- des textures moyennes de près
- quelques animations un peu raides
- l’IA pas toujours au top
- on n’aurait pas craché sur quelques missions supplémentaires sur l’île d’Iki
TEST COMPLET DE LA VERSION PS4
Depuis quelques années, les open-world ont le vent en poupe. Parmi les grosses réussites du genre, on pourra bien évidemment citer les jeux de Rockstar, The Witcher 3, Far Cry 3 ou encore Horizon Zero Dawn. Mais là où certains titres ont su nous accrocher, de nombreux autres ont surfé sur la vague pour proposer des mondes toujours plus grands, mais également de plus en plus vides et inintéressants. Vous serez sans doute d’accord avec nous : un open-world n’est captivant que s’il propose un contenu cohérent, sans aller dans l’outrance d’activités de plus en plus répétitives. Les derniers jeux d’Ubisoft en sont le parfait exemple, avec des cartes immenses mais finalement peu intéressantes à parcourir, du fait d’un trop plein d’activités et de points d’intérêt finalement répétitifs et chiants. Nous avons par exemple abandonné Assassin’s Creed Odyssey malgré son sublime univers, le jeu étant plombé par sa progression pénible obligeant le joueur à farmer des plombes pour gagner un pauvre point d’expérience et enfin battre un boss spécifique. Si la progression ne se fait pas de manière naturelle et cohérente, l’open-world tombe à plat. Avec Ghost of Tsushima, nous avions quelques craintes, le dernier Infamous des mêmes développeurs (sorti en début de génération) n’étant pas exempt de défauts. Mais ces craintes ont été balayées rapidement, et une petite heure aura suffit à nous plonger à 100% dans l’univers du jeu.
Le joueur incarne Jin Sakai, un samouraï, laissé pour mort lors de la bataille du débarquement des mongols sur l’île de Tsushima. Le jeu commence sur les chapeaux de roue avec une transition cinématique/gameplay quasi invisible, qui nous montre d’emblée de quoi le jeu est capable. Malgré ce dynamisme, une petite heure aura été nécessaire à nous immerger totalement, le temps de bien saisir les commandes et d’enfin prendre notre envol dans le monde vaste et varié du jeu. L’histoire s’avère bien écrite et prenante, avec une galerie de personnages principaux et secondaires intéressants, le jeu proposant même quelques flashback sur l’enfance de notre héros. Même s’il est difficile de passer après The Last of Us Part II et sa narration impeccable, le jeu de Sucker Punch s’en sort vraiment très bien et des rebondissements sont de la partie. Le méchant de l’histoire tient bien la route et Jin devra trouver différents alliés pour aller lui botter les fesses. Nous avons ici affaire à un TPS mélangeant exploration, combats, infiltration et balades à cheval, le tout dans un Japon Féodal ultra immersif. Le jeu propose d’ailleurs le choix de la langue (japonais ou français) en précisant que la VF est très qualitative. Si certaines missions principales sont davantage scriptées et proposeront même quelques originalités, c’est clairement l’exploration qui met des étoiles dans les yeux. L’open-world de Ghost of Tsushima est absolument incroyable et donne toujours envie d’en découvrir plus, d’aller voir ce qui se cache derrière cette forêt de bambous ou ce village de pêcheurs. Ni trop grande, ni trop petite, la carte propose des zones variées et de nombreuses activités. Certes, on retrouve les classiques du genre (trouver des objets spécifiques, des sources d’eau chaude pour se reposer et augmenter sa barre de vie, libérer des villages, suivre des renards jusqu’à des temples…) et des missions principales et secondaires, mais le tout s’enchaîne de manière cohérente. Nous n’avons en tout cas pas eu l’impression d’être « forcés » de faire certaines quêtes pour gagner en niveau, le tout se faisant de manière naturelle. L’expérience n’en est que plus addictive, d’autant plus que le loot est loin d’être contraignant, comme c’était le cas dans The Last of Us Part II pour ne citer que lui. Vous le savez sans doute déjà si vous avez déjà visionné le State of Play dédié au jeu il y a quelques semaines : le vent a son importance dans Ghost of Tsushima. Vous serez en effet guidé par le vent pour atteindre vos objectifs, ce qui évitera d’ouvrir sans cesse la carte tout en permettant également de proposer un écran de jeu sans une multitude d’indications. Une idée vraiment excellente qui donne même lieu à de beaux effets visuels.
Explorer le monde de Tsushima reste important et permet de débloquer de nombreuses améliorations ou équipements pour votre personnage. Le jeu sait récompenser le joueur et lui donner envie de progresser et de fouiner partout ! Déjà bien habile au combat, Jin pourra perfectionner ses techniques et apprendre à bondir de son cheval pour transpercer un ennemi, à enchaîner les exécutions sans laisser la moindre chance à ses opposants ou encore à effectuer des contres parfaits pour gagner davantage de concentration. Cette dernière permet au joueur de soigner son héros ou d’utiliser d’autres techniques spéciales. Le système de combat est donc assez complet et à cela s’ajoutent différents objets d’attaque ou de défense (bombes collantes, lancé de kunai), un arc qui fait pas mal de dégâts mais également différentes postures d’attaques (à switcher suivant les ennemis et leur armement). Le système n’égale bien évidemment pas celui de Nioh 2 (dont nous vous parlions dans notre test juste ici) et se veut bien plus accessible, mais cette diversité dans les approches fait plaisir. Alors certes c’est parfois le bordel (surtout dans les combats avec de nombreux guerriers), il n’y a pas de système de lock et la caméra se coince souvent derrière un élément du décor, mais qu’est-ce que c’est jouissif ! La mise en scène est sublimée par des ralentis et des gerbes de sang qui font vraiment plaisir. Complet et évolutif, le système de combat est donc à nos yeux très réussi ! On n’oubliera évidemment pas le côté infiltration du jeu, dont l’IA laisse souvent à désirer, mais qui permet de se défaire de camps entiers en toute discrétion. On se planque dans les herbes hautes, on rampe, on passe par les toits pour bondir sur l’ennemi : ça claque !
Le rythme du jeu est vraiment excellent, et on pourra partir en exploration après une bonne grosse quête bien dodue histoire de se changer les idées. Encore une fois, la découverte du monde est absolument géniale, et on progresse sans jamais se forcer. Un grappin pourra même vous permettre d’atteindre certaines zones, comme des temples perchés en haut des montagnes donnant lieu à des panoramas incroyables. Aucune zone n’est « pénible » à rejoindre, comme c’est par exemple le cas dans les derniers Far Cry, qui vous demandent de contourner des montagnes pendant de longues minutes pour atteindre une pauvre grotte. Dans Ghost of Tsushima, tout a été pensé pour que le joueur progresse de manière naturelle et logique, passant d’une immense pleine à une forêt de bambous ou encore un village incendié par les Mongols. Et vous le savez sans doute déjà, le jeu est absolument superbe ! Pas parfait, non, car certaines textures laissent à désirer, tout comme les animations un peu raides des PNJ ou leurs déplacements parfois étranges. Le jeu a ses défauts (les séquences de nuit sont assez sombres, obligeant à pousser la luminosité dans le menu), mais le tout est rattrapé par la direction artistique à tomber par terre. Vous allez battre votre record de screens, chaque paysage étant propice à utiliser le mode photo juste génial du jeu. Chaque décor est une toile de maître, et les effets de lumière (le jeu propose un cycle jour/nuit et une météo dynamique) subliment le tout. On manque clairement de superlatifs pour décrire la claque visuelle que représente le jeu de Sucker Punch. La végétation est dense, les arbres bougent avec le vent, l’eau est magnifique, le cheval est superbement animé, et les effets de particule ou les feuilles qui volent donnent un dynamisme incroyable à l’ensemble. Les visages sont un peu en deçà mais restent dans le haut du panier, avec des effets de salissure ou encore de la sueur qui ruisselle sur le front et les joues. Non, franchement, c’est une tarte visuelle à nos yeux malgré les défauts. La PlayStation 4 en a clairement sous le capot ! Terminons avec la durée de vie : nous avons mis quasi 20h pour terminer le jeu et environ 30% des événements secondaires, et un poil plus de 40h pour tout faire (52 heures pour le trophée platine).
Nous nous attendions à un grand jeu, mais Ghost of Tsushima est encore plus que ça. Quelle baffe ! Visuellement incroyable, le jeu de Sucker Punch propose une aventure rythmée (malgré quelques soucis de narration) et une exploration de tous les instants. La zone de jeu est de taille parfaite pour explorer sans jamais s’ennuyer, les quêtes sont variées et la direction artistique est à tomber par terre. La VF est excellente tout comme les musiques, et le système de combat est particulièrement jouissif avec de nombreuses améliorations pour le personnage. Il y a des défauts il faut l’avouer, comme la caméra pénible à gérer, l’absence de lock, quelques animations en deçà, l’aspect RPG basique ou encore certaines textures pas très gracieuses, mais ces derniers s’effacent rapidement devant la beauté et l’immersion de l’ensemble. Avec Ghost of Tsushima, nous avons eu l’impression de vivre une véritable aventure, et on peut clairement affirmer que le jeu nous a réconciliés avec l’open-world. Un grand bravo aux développeurs de Sucker Punch, qui ont su proposer un jeu aussi apaisant que dynamique, mélangeant violence et poésie avec brio. Et si vous tombez directement sur cette conclusion, notre avis sur la version PS5 est disponible tout en haut de cet article !
Lageekroom