TEST : Giraffe and Annika, un univers enchanteur qui montre certaines limites
Nous vous présentions il y a quelques jours la très mignonne édition limitée de Giraffe and Annika sorti fin août chez NIS America et édité par Koch Media chez nous. Malgré son petit budget, le jeu nous faisait de l’œil grâce à une direction artistique convaincante et un univers enchanteur. Mais le résultat est-il satisfaisant manette en main ? C’est ce que nous allons voir !
Giraffe and Annika ne s’embarrasse pas d’une histoire complexe : notre personnage se réveille amnésique sur une plage, et va rapidement faire la connaissance de Giraffe, qui va lui confier une quête on ne peut plus importante. L’île que vous allez découvrir est donc au centre du jeu, et elle représente une zone relativement ouverte qu’il va falloir visiter pour accéder à des donjons et récupérer des gemmes et par la même occasion des améliorations. Le gameplay est en effet très limité au début du jeu, et il est par exemple impossible de sauter. Dans le même ordre d’idée, rester quelques secondes dans l’eau sera mortel pour notre héroïne, qui coulera à pic. Autant dire que récupérer la fonction de saut ou encore de sprint fera du bien pour progresser dans l’aventure. Toutes les zones ne sont en tout cas pas accessibles d’entrée de jeu, et il faudra trouver trouver des clés de couleur pour ouvrir les portes correspondantes. Le sentiment de progression est de ce fait plutôt bien rendu, et l’exploration très agréable.
Le jeu mélange plusieurs genres, et après quelques moments d’exploration, il faudra se lancer dans les donjons pour atteindre le boss et l’affronter dans un jeu de rythme. Plusieurs niveaux de difficulté sont au rendez-vous (platiner le jeu vous demandera au passage de faire un sans faute dans chaque « combat ») et ces joutes musicales apportent une fraîcheur bienvenue, même si elles auraient mérité d’être un peu plus développées. En l’état, on se contente d’appuyer en rythme, de se déplacer à gauche et à droite ou de laisser appuyer sur le bouton d’action pour le relâcher au bon moment. Et les donjons alors ? Et bien il faut avouer que leur level design est ultra basique, excepté lors de la traversée de celui du feu, nettement plus agréable. Le tout reste extrêmement linéaire et il est impossible de combattre les ennemis. On cavale donc d’un point à un autre en se coltinant des phases de plateforme délicates, pas aidées par les sauts « flottants » de votre personnage. Les donjons restent à nos yeux les passages les moins intéressants du jeu, bien trop linéaires et finalement loin d’être passionnants. Du côté du monde ouvert, c’est déjà beaucoup mieux, et pas mal de petits secrets ou d’objets de collection sont à découvrir. Les quêtes restent très classiques (prendre des photos, retrouver les petits lapins perdus, apporter tel objet à tel endroit) mais l’ambiance est excellente, le tout accompagné de musiques vraiment réussies.
L’univers de Giraffe and Annika est vraiment accrocheur, malgré les limitations techniques liées au budget. Le jeu rame parfois, il y a de l’aliasing, le personnage semble flotter et ne jamais vraiment toucher le sol, certaines textures sont basiques… Mais ces défauts passent au second plan, et le cycle jour/nuit, les jolies couleurs et le chara-design ont fait mouche à nos yeux. Il faut savoir passer outre les défauts techniques dans ce genre de production pour pleinement apprécier la direction artistique, et les promenades sur la map ont été agréables, à la découverte des différents PNJ et environnements, ou tout simplement pour ramasser quelques fruits. Le durée de vie reste courte, et il faudra compter moins de 6 heures en ligne droite pour en voir le bout. Débloquer tous les bonus et objets cachés demandera environ 2 heures de plus au maximum. C’est court, mais il ne faut pas oublier que le jeu est vendu à moins de 40 euros en édition limitée. Et puis malgré sa simplicité, il faut avouer que l’histoire est accrocheuse : qui est Annika, comment est-elle arrivée sur Spica Island, et dans quelle mesure les 3 fragments d’étoile lui permettront de retrouver ses souvenirs ? Mention spéciale également aux cut-scenes, souvent drôles et vraiment jolies, qui mettent en avant les expressions des personnages.
Finalement, le vrai problème du jeu est peut-être de savoir à qui il s’adresse… Giraffe and Annika est-il un jeu pour les enfants ? Pas vraiment, soyons honnêtes. Si les visuels enfantins (mais néanmoins réussis) des décors ou des personnages plairont à votre petit frère ou à votre petite sœur, les défauts pourraient bien leur faire lâcher la manette. Manque d’indication sur la quête en cours, sauts hasardeux, textes uniquement en anglais : difficile de conseiller Giraffe and Annika aux plus jeunes, même si ce concept de « jeu pour enfant » reste de toute façon assez flou, mais c’est un autre débat. De notre côté, nous nous sommes laissés portés par l’ambiance du jeu, par ses musiques, et par ses personnages attachants… Mais il est difficile de ne pas oublier les défauts, que l’on parle du gameplay imprécis ou des donjons sans grand intérêt. Le donjon de glace réserve par exemple des phases de plateforme particulièrement crispantes.
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Giraffe and Annika n’est pas un mauvais bougre, bien au contraire. Le jeu procure une sensation d’apaisement et nous fait voyager dans un monde coloré et attachant, rappelant bien souvent l’univers de Miyazaki. L’ambiance, les musiques et la direction artistiques sont excellentes malgré quelques faiblesses techniques, mais le jeu manque de consistance. Les balades sur l’île sont agréables et les boss sont originaux, mais le tout manque de challenge et les donjons auraient mérité un meilleur level design. Nous ressortons donc un peu mitigés de cette expérience originale, mais qui montre vite certaines limites. Même s’il ne sort pas au prix fort, nous vous conseillons d’attendre une petite baisse de prix avant de tenter l’expérience.
Les +
- direction artistique réussie
- les cut-scenes
- des séquences vraiment très jolies (la danse)
- la bande-son
- la découverte de l’île est agréable
- progression intéressante
- les affrontements de boss basés sur le rythme
- quelques jolis effets graphiques
Les –
- mais pas mal de soucis techniques (aliasing, ralentissements, bugs)
- gameplay « flottant » parfois pénible, rendant chaque saut imprécis
- manque d’indications
- tout en anglais…
- les donjons, au level design ultra basique
- court en ligne droite
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