TEST : Man of Medan, Supermassive Games et Bandai Namco sont dans un bateau…
Après avoir fait le bonheur des joueurs PlayStation avec l’excellent Until Dawn et sa déclinaison VR intitulée Rush of Blood, Supermassive Games a décidé d’aller voir ce qui se passe du côté de l’éditeur Bandai Namco pour un projet une nouvelle fois horrifique. The Dark Pictures Anthology : Man of Medan est en effet le premier jeu d’une saga qui compte bien se créer un univers à part entière, en proposant des expériences toutes différentes ayant un dénominateur commun : l’horreur. On démarre donc notre aventure avec ce premier opus (huit jeux seraient au programme) afin de voir ce qu’il a dans le ventre !
Man of Medan nous raconte l’histoire de 5 jeunes gens, partis faire de la plongée à la recherches d’épaves datant de la seconde guerre mondiale. C’est via un prologue plutôt bien foutu que nous découvrons les origines de notre histoire, nous racontant le funeste destin d’un navire américain dont tous les soldats vont être retrouvés morts. Nos jeunes aventuriers ne vont pas tarder à se retrouver avec une bande pirates sur le dos (quelle idée d’aller les provoquer quand on voit le faciès guère sympathique de certains), mais cette menace ne sera pas grand chose face à ce qui les attend. L’histoire du jeu s’avère plutôt sympathique et bien écrite, même si la courte durée de vie de l’expérience (environ 4h) empêche un développement plus poussé.
On retrouve dans Man of Medan le gameplay d’Until Dawn, que certains ont bien du mal à apprécier. Le tout est en effet assez basique, et on retrouve les habituels QTE et des personnages vraiment lourds à déplacer. Nos héros sont plutôt délicats à manipuler et auront souvent tendance à faire demi tour sans raison ou à bloquer contre un élément du décor, mais c’était déjà le cas avec le précédent jeu du studio. Tout l’intérêt de Man of Medan réside dans les choix que le joueur devra effectuer pour garder en vie la fine équipe, et c’est là que la tension va monter d’un cran. On passera sur les relations entre les personnages qui semblent évoluer en cours de partie mais qui n’ont pas de réelle incidence pour se concentrer sur les décisions qui débloqueront certaines parties de l’histoire. Alors que la première partie du jeu se contente de nous présenter nos 5 héros (le sportif, le geek ou encore la tête à claque incarnée par Shawn Ashmore) que l’on incarne à tour de rôle, la seconde moitié va nous rappeler certains films d’horreur bien sympathiques des années 2000 comme Le Vaisseau de l’Angoisse. L’introduction s’avère donc un poil longuette et c’est l’arrivée sur le bateau maudit qui va lancer le rythme. Bien que la mise en scène ne soit pas parfaite (on remarque certains faux raccords et des transitions entre les personnages mal gérées), les frissons sont là et l’ambiance plutôt travaillée. Le jeu mise beaucoup sur les jump scares, mais le tout fonctionne bien, et certaines séquences vont littéralement vous tendre, comme lorsqu’il faudra appuyer en rythme sur les boutons de la manette pour simuler les battements du cœur et ne pas se faire repérer.
L’histoire est bien écrite et s’avère intéressante à suivre, et il sera nécessaire de bien fouiller partout pour dénicher des documents supplémentaires explicatifs. Nous avons rapidement deviné de quoi il en tenait, mais certaines surprises sont néanmoins au rendez-vous. Avons-nous sauvé tous nos héros ? Malheureusement non, et 3 ont péri lors de notre premier run. Des morts parfois brutales, dans tous les sens du terme, mais bien mises en scène. L’histoire aurait tout de même mérité plus de développement, l’idée de base étant franchement bonne. Il manque clairement 1 ou 2 heures de jeu pour densifier le tout et proposer une expérience plus complète. Techniquement, il faut saluer le boulot des développeurs. Les visages sont très réussis, malgré quelques animations robotiques qui cassent l’immersion, et les décors proposent des textures vraiment superbes. Le bateau abandonné reste bien entendu très cliché, mais l’ambiance est réussie et certaines pièces dégagent une vraie identité. Les jeux de lumière sont sublimes et le tout frôle parfois le photo-réalisme. De ce côté, et aussi bien au niveau visuel que sonore (le tout peut être intégralement joué en français), c’est une franche réussite. Techniquement, le jeu souffre néanmoins de quelques soucis, comme des freezes ou un affichage tardif des textures. La mise à jour déployée à la sortie du jeu en a corrigé quelques uns, mais le tout reste imparfait.
Man of Medan n’est pas jouable qu’en solo et propose 2 expériences multi : Histoire Partagée et Soirée Télé. Le premier mode se joue en ligne, et les joueurs incarneront des personnages différents évoluant en même temps, le tout réservant quelques surprises au niveau des décisions prises. Le mode Soirée Télé reste le plus sympathique, et jusqu’à 5 joueurs se la donneront en local en se passant la manette. De quoi se remémorer des soirées ciné/horreur bien cool !
Man of Medan est une expérience narrative accrocheuse mais ses défauts l’empêchent de nous convaincre totalement. Les frissons sont là, c’est techniquement très beau et l’histoire tient la route, mais certains défauts techniques et les soucis de mise en scène cassent un peu l’immersion. Le jeu aurait mérité 2 bonnes heures supplémentaires pour approfondir ses personnages et l’histoire, et le tout manque encore de finition malgré une mise à jour de 8go. Nous avons apprécié l’expérience, et attendons de pied ferme la suite déjà teasée, mais quelques mois de développement supplémentaires n’auraient pas fait de mal. C’était sympa, mais on est bien plus proche de la série B que du bon gros blockbuster horrifique.
Les +
- l’histoire et le background sont réussis
- souvent très beau
- des visages pour la plupart très détaillés
- quelques chouettes moments de frisson
- une mise en scène qui sait par moments être efficace
- doublage français qui fait le job
- les modes multi, vraiment sympathiques
Les –
- des soucis techniques
- la mise en scène qui part parfois en sucette (montage raté, faux raccords)
- de bons gros clichés
- le gameplay, toujours aussi lourd
- des QTE pas toujours inspirés
- le début du jeu, un peu trop long
Lageekroom