TEST : Road 96, un road-trip riche en émotions (testé sur PS5)
Après une sortie remarquée sur Nintendo Switch et plusieurs récompenses aux Pégases 2022 (dont le prix de l’excellence narrative), la nouvelle création de DigixArt, Road 96, débarque sur les consoles Xbox et PlayStation en ce mois d’avril 2022. C’est l’éditeur Just For Games qui s’occupe des versions physiques chez nous, et nous avons eu la chance de recevoir le jeu sur PS5 afin de vous en parler. Il est temps d’arpenter les routes pour voir si ce road-trip procédural tient toutes ses promesses ! C’est parti pour notre avis.
Nous avons beaucoup entendu parler de Road 96 à sa sortie, mais sans rien regarder pour ne rien nous spoiler. La découverte de cette version PS5 est donc totale, et nous nous sommes lancés dans l’aventure avec une grande curiosité mais également beaucoup d’impatience. Sur le papier, Road 96 est un titre ambitieux, malgré son statut de jeu indépendant. Les développeurs nous promettent une expérience narrative procédurale qui se veut unique à chaque partie, et la découverte de personnages aussi atypiques qu’attachants. Il faut l’avouer, nous avons adoré le jeu de DigixArt, à l’origine de Soldats Inconnus et 11-11 Memories Retold, même si l’aspect procédural du titre montre, après une petite douzaine d’heures de jeu, quelques limites.
Dans Road 96, le joueur incarne, à tour de rôle, plusieurs adolescents en fuite. Le pays de Petria est en effet devenu un enfer, avec un régime hors de contrôle. La fuite semble inévitable, en direction de la frontière et du monde libre. Avec quelques dollars en poche (et d’autres à gagner ou à voler), ce sont des milliers de kilomètres qui vous attendent avec l’espoir de traverser la frontière en vie. Road 96 développe une dimension politique vraiment intéressante, et qui fait totalement écho avec notre société actuelle. Il y est question d’hommes politiques véreux, d’une presse corrompue qui n’hésite pas à mentir et à trafiquer les faits, et de citoyens pris à la gorge, qui se rebellent de plus en plus. Vous allez évoluer au milieu de ce contexte tendu, traversant le pays en véhicule, en stop, en taxi ou encore en bus, à la recherche d’un monde meilleur. Durant votre périple, vous allez rencontrer différents personnages, parfois clichés mais bien souvent attachants, et proposant des histoires accrocheuses qui finiront tôt ou tard par se croiser. Zoé, Jean, Fanny, Alex, Stan & Mitch, Sonya et le flippant Jarod feront partie de votre aventure, et auront chacune et chacun leur background, leur but et leurs motivations.
Tous les moyens sont bons pour quitter le pays, mais y parviendrez vous ? Durant vos échanges avec les différents protagonistes du jeu, vous aurez à faire des choix. Certains seront sans grande conséquence (on s’en rend compte en recommençant ces séquences), mais d’autres seront bien plus importants, et auront une influence sur les élections à venir dans le pays, sur la vie et la mort de certains PNJ, mais surtout sur votre destin. En effet, vous n’atteindrez pas la frontière systématiquement, et vous pourrez également être tué ou arrêté par la police. Quoi qu’il en soit, dès qu’un des adolescents voit son destin scellé, vous devrez en incarner un autre. Le récit prendra en compte ce qui se sera passé récemment, et vous recroiserez, dans d’autres circonstances, les différents personnages. Une fois le jeu terminé et après avoir choisi et incarné tous les adolescents (le tout est divisé en épisodes), il sera possible de lancer un deuxième run, en gardant toutes les améliorations obtenues. On débloque en effet différents atouts, que l’on pourra conserver pour de futures parties : intelligence (pour rallier les gens à votre cause), hacking, crochetage (bien utile pour débloquer certains lieux), porte-bonheur (chance accrue), pass gouvernemental (facilite les interactions avec la police) et OMEN vitality pour augmenter l’énergie. Cela permet de débloquer certains dialogues ou interactions, inaccessibles auparavant. C’est vraiment sympa, et ça redonne de l’intérêt au jeu. Lors de notre deuxième run, lancé pour le plaisir de la découverte et pour débloquer les derniers trophées manquants, nous avons pu découvrir de toutes nouvelles séquences mais également certaines déjà jouées. Le côté procédural est au final réussi, mais montre malgré tout rapidement ses limites, et les mini-jeux auxquels on participe deviennent répétitifs.
Lors de notre deuxième partie, nous avons assisté à des scènes inédites, et opté pour de nouveaux choix. On paye des passeurs pour fuir le pays, on se planque dans un camion, on passe par les montagnes… Mais une certaine redite pointe le bout de son nez, et après une douzaine d’heures de jeu, on en a presque fait le tour et atteint les 100% pour chaque personnage. Alors on s’amuse à récupérer chaque cassette audio, que l’on écoute avec plaisir tant la bande-son est excellente, regroupant des artistes comme Cocoon, The Toxic Avenger, Robert Parker, Kalax, SURVIVE ou encore Daniel Gadd. Le sound design est très bon en général, que l’on parle des musiques ou de l’ambiance sonore, parfois angoissante et jouant même avec nos nerfs avec quelques jumpscares bien fichus (et des séquences durant lesquelles il ne faut pas énerver un personnage). Les voix anglaises ne sont pas en reste, et l’immersion est vraiment au rendez-vous. Visuellement, et malgré une très belle direction artistique, le titre affiche une nouvelle fois certaines limites. Les cinématiques sont mal compressées (ça pixelise pas mal), le clipping est parfois très voyant, notamment durant la course poursuite avec Stan et Mitch, et les animations sont assez raides, mais rien qui n’entache le plaisir de la découverte heureusement. Seuls les visages diviseront peut-être, mais c’est une question de goût. On retrouve par moments l’esprit des jeux Telltale (The Walking Dead notamment), ou encore de Life is Strange, le jeu parvenant facilement à transmettre des émotions. Pas mal de petits clins d’œil au cinéma et au jeu vidéo sont disséminés, et il nous a même semblé reconnaître un sifflement reprenant un petit extrait d’une musique de Deadly Premonition.
Road 96 est une très belle découverte, un jeu solide narrativement, à la très belle direction artistique, et qui aborde des thèmes forts et d’actualité avec intelligence. La bande-son est excellente, et on s’immerge sans aucun mal dans la peau de ces adolescents qui fuient le système. Le jeu montre néanmoins certaines limites, que l’on parle de sa technique (clipping, aliasing, animations raides) ou de son côté procédural. Après une douzaine d’heures de jeu, on a quasi fait le tour des différents embranchements, et on doit en refaire certains d’une partie à l’autre si on veut tout débloquer. Mais malgré ses défauts, Road 96 propose une ambiance excellente, procure tout un tas d’émotions, et nous fait voyager aux côtés de personnages attachants. Parfois stressant, parfois touchant, le titre de DigixArt mérite tout le bien qu’on a pu en dire. Sachant que la version physique est proposée à moins de 30 euros, il serait dommage de s’en priver !
Les +
- très belle direction artistique
- une narration immersive et bien fichue
- la mise en scène, souvent cinématographique
- excellente bande-son
- personnages attachants, parfois clichés mais bien écrits
- des thèmes d’actualité bien traités
- les liens entre les différents personnages
- des choix qui restent d’une partie à une autre
- les séquences avec Jarod, bien stressantes
Les –
- le côté procédural qui montre ses limites passées les 12h de jeu
- de nombreux choix sont sans réelles conséquences
- animations raides
- une technique qui montre elle aussi quelques limites (aliasing, clipping)
- l’aspect survie (boire, manger, se reposer) basique
Lageekroom