TEST : Teenage Mutant Ninja Turtles : Shredder’s Revenge
Trois mois avant la naissance de votre serviteur, les Tortues Ninja apparaissent sur les écrans au travers d’une série animée qui adapte les comics de 1984 (dont l’idée originelle est née en 1983 d’un échange entre les amis Kevin Eastman et Peter Laird). A cette occasion, les quatre tortues qui avaient de base chacune un bandeau rouge obtiennent une modification qui renforce leur authentification, en plus de l’arme utilisée. Ainsi, Raphaël conserve son bandeau rouge mais Leonardo en récupère un bleu, Donatello un violet et Michelangelo un orange. Inutile de vous dire que votre serviteur a grandi aux côtés de ces quatre chevaliers d’écailles et que leur succès a engendré moult adaptations, dont des jeux vidéo. Parmi les plus iconiques, il y a le premier, le Teenage Mutant Hero Turtles de la NES sorti en 1989 (le Hero était venu remplacer le Ninja pour une question marketing), mais également TMNT II The Arcade Game et l’incontournable TMNT IV Turtles in Time de 1991 (Arcade), qui a été adapté sur SNES l’année suivante. Cette année, année des 30 ans de Turtles in Time version SNES donc, Dotemu et Tribute Games proposent un beat them up rétro se voulant être un hommage aux titres des années 90. Pour le meilleur ? C’est ce que nous allons voir grâce à la version numérique Xbox de ce Teenage Mutant Ninja Turtles : Shredder’s Revenge que nous avons obtenue par l’intermédiaire de l’éditeur.
Pour situer un peu le contexte, rappelons que Dotemu est entre autres l’éditeur qui a rendu possible le retour de la licence Streets of Rage. Lizardcube et Guard Crush Games ont en effet livré leur Streets of Rage 4 en avril 2020 en faisant évoluer la série, en la modernisant, tout en conservant son essence. Lors de l’annonce d’un nouveau jeu Tortues Ninja, nous pouvions nous attendre à avoir une direction artistique qui aille dans le même sens, offrant un cel-shading visant à épouser le rendu de la série Tortues Ninja : Les Chevaliers d’écailles. Mais il n’en est rien. Si ce choix artistique a été fait pour Streets of Rage 4, c’est parce que l’épisode s’inscrivait comme une réelle suite de la licence, avec des personnages qui ont pris de l’âge et une recette qui s’est modernisée, dans les mécaniques de jeu bien sûr, mais également sur le plan esthétique. Avec TMNT Shredder’s Revenge, Tribute Games tient avant tout à marquer un hommage à la série de notre enfance mais surtout et également aux jeux des années 90. De fait, en jeu, on se retrouve avec un rendu très réussi misant sur le pixel art, avec un côté très rétro qui pourra en laisser quelques-uns de côté mais qui saura séduire bon nombre d’adeptes des tortues. Dès le lancement du jeu, pour faire grimper très rapidement le curseur nostalgique à son niveau le plus haut, les développeurs ont intégré une introduction façon dessin animée avec la musique (pas la française) qui va bien. Les fans du dessin animé seront conquis. On se retrouve donc forcément sous le charme en quelques secondes.
Les cut-scenes et la mise en scène ont également été travaillées de sorte à ajouter un bon petit shot nostalgique de manière régulière, tout en développant ce que l’on pourrait appeler un fil rouge de la progression, le mot scénario étant un peu trop exagéré à ce niveau-là. Toujours est-il que Shredder compte bien s’approprier la Statue de la Liberté et que nos quatre tortues, et trois de leurs amis, vont tenter de l’en empêcher. C’est donc au travers d’un mode histoire composé de seize niveaux que nous nous lançons à la poursuite de ce dernier, nous amenant à combattre des vilains bien connus comme le Roi des Rats, Baxter Stockman, Krang ou encore Bebop et Rocksteady, sans parler de Rhazar et Tokka. Les designs rappellent forcément des bons souvenirs de l’enfance, entre le dessin animé, les films et les jeux vidéo et la progression est remplie de références et autres clins d’œil, du nom d’une mission à des éléments de décors, en passant même par le moveset des tortues inspiré par celui de grands personnages de jeux de versus fighting, ceux de Street Fighter en tête.
Ajoutez à cela des transitions assez fluides entre les niveaux, avec un petit gimmick qui pousse à aller de l’avant, mais aussi et surtout une bande-son signée Tee Lopes qui est absolument délicieuse. Bien rythmée, électrique, avec parfois des chansons plus marquantes, la bande-son participe grandement à l’immersion, et ce même s’il n’y a pas de doublages français. Au moins, nous avons les sous-titres. Pour appuyer la progression du mode histoire, les développeurs ont fait un clin d’œil à l’opus NES en intégrant une carte sur laquelle on se déplace à bord de notre van tortue. Bien entendu, nous ne pouvons pas nous déplacer dans tous les sens mais nous pouvons suivre le chemin tracé pour aller vers le niveau suivant, voire se promener entre ceux déjà débloqués. C’est même l’occasion d’ajouter des points d’intérêt qui prennent la forme de missions secondaires à remplir (plutôt simples, elles peuvent être terminées dès le premier run). Concrètement, il s’agit des « secrets » à trouver dont le nombre est identifié pour chaque niveau. Donc même si vous passez à côté la première fois, il vous suffit de lancer le niveau adéquat est d’être un poil plus vigilant. Il y a également une série de trois défis à relever qui varient selon le niveau (le terminer sans se faire toucher, ne pas se faire attraper ou blesser plus de X fois, etc.). C’est un petit plus pour les amateurs de challenge, en plus de la volonté de réduire au maximum le chrono pour terminer un niveau.
Hélas, il manque un véritable système de points, voire un petit ranking, pour vraiment amener la touche que les compétiteurs apprécient dans la plupart des beat them up. C’est toujours gratifiant d’aller décrocher le rank S… On pouvait donc espérer voir un tel système dans le mode Arcade. Hélas, ce n’est pas le cas. Le mode Arcade se contente de reprendre le mode Histoire, d’enlever la carte et d’enchaîner les niveaux du début à la fin. Comptez donc environ 1H40 devant vous avant de vous y attaquer. Malheureusement, peu importe la façon dont vous jouez, tant que vous éliminez un maximum d’ennemis, cela n’influe pas grandement sur le score. Il y a donc un véritable manque de profondeur à ce niveau-là qui rend le mode Arcade plutôt optionnel, si ce n’est pour débloquer les trois succès qui lui sont liés. Quant à la difficulté, que vous la baissiez ou que vous passiez en mode Extrême (en gros le mode difficile), cela ne change pas grand-chose, si ce n’est que les ennemis font plus mal et qu’ils sont un peu plus vifs. En revanche, cela n’influe pas sur leur nombre, leur positionnement, leur apparition ou leur pattern.
C’est dommage parce que le gameplay du jeu est plutôt fun de base. Chaque tortue a son équipement bien connu et il est également possible de jouer avec Splinter (qui utilise sa canne), April (qui tabasse avec son micro) et Casey (à débloquer en finissant le jeu – qui joue de sa crosse). La touche X permet d’enchaîner les coups et Y de lancer une attaque spéciale quand la jauge de puissance est pleine. On peut également sauter, dasher et lancer une attaque glissée. Combinez les éléments et vous obtiendrez des combinaisons et enchaînements qui permettent de varier un peu les plaisirs même si les attaques se répètent inlassablement. Il y a bien quelques petites subtilités, comme l’attaque chargée (en maintenant la touche X appuyée), la possibilité de provoquer dont on peut abuser pour se faciliter la vie (pour charger d’un coup sa barre de puissance – jusqu’à 3 niveaux en mode Histoire – le système se limite à une barre en mode Arcade), avec même un mode transe automatique au quatrième), les choppes automatiques pour envoyer valser les ennemis, jusqu’à les faire sortir de l’écran, et des éléments interactifs pour les blesser autrement. On peut ainsi utiliser taper sur une caméra de Channel 6, une borne à incendie, des plots, etc. Dommage que l’interactivité soit toutefois limitée puisqu’on ne peut pas porter d’objets, à l’inverse des Foot qui peuvent nous balancer sur la tronche des téléviseurs, des caisses ou des plaques d’égouts par exemple, sans parler de ceux qui sont en moto pour nous écraser, de ceux planqués dans des voitures ou encore de ceux qui profitent d’un jetpack pour nous canarder en hauteur.
D’une manière générale, le bestiaire est assez fourni, chaque Foot ayant une couleur qui est associée à son attaque. Cela permet de facilement anticiper le simpliste pattern de l’ennemi et de ne pas se faire avoir lors d’un enchaînement. A cela il faut également ajouter quelques robots qui ne manquent pas de mordants et les boss qui, s’ils font plaisir à voir, souffrent pour certains de patterns peu inspirés. Avec un bon sens du timing et parfois un peu de chance, on peut rapidement enchaîner les coups. La progression est fun, c’est accessible et on s’amuse bien, d’autant que le travail réalisé sur les animations est exemplaire, jusqu’aux détails des expressions en fonction de la situation. Tribute Games a bien bossé pour offrir un beat them up à l’ancienne qui fait plaisir et, même s’il n’est pas bien difficile, il offre des enchaînements et une nervosité qui accentuent cet aspect fun. Bien entendu, il y a également des pizzas à récupérer, pour recouvrer la santé, gagner des points bonus ou simplement déclencher une attaque tourbillonnante ou avoir la possibilité pendant une dizaine de secondes de déclencher autant d’attaques spéciales qu’on le souhaite. Mieux, en mode Histoire les développeurs ont ajouté un système de 10 niveaux de progression des personnages (qui n’est donc pas en mode Arcade). Les niveaux se débloquent en jouant et ajoutent entre autres une vie de plus ou une barre de pouvoir en sus (jusqu’à trois comme dit précédemment). Un Succès étant lié au fait d’augmenter tous les personnages au niveau max, voilà qui poussera un peu à la rejouabilité pour les chasseurs de Succès, sans quoi les 24,99€ demandés peuvent paraître élevés pour un run qui se termine en 1H40 (pour un habitué), environ 2H pour un néophyte.
Il y a également sept fins différentes à visionner mais il suffit simplement, une fois le jeu terminé, de relancer le niveau 16 avec un personnage pour visualiser la variante au bout de cinq minutes. Concrètement, il ne faut qu’une demi-heure de plus pour voir les six autres fins. En vrai, il y a deux cut-scenes communes entre lesquelles s’insère une image plus ou moins animée et une ou deux petites phrases propres à chaque personnage. Hélas, tout n’est pas rose. On constate notamment que les ennemis ont régulièrement la priorité sur nos attaques aériennes, ce qui nous pousse à en faire le moins possible et peut ajouter une certaine frustration dans les niveaux 3 et 8 notamment. Le level design est également en dents de scie, avec certains niveaux très basiques qui misent plutôt sur l’ambiance. Enfin, les Tortues Ninja sont quatre et elles coopèrent depuis toujours. Dans ce TMNT Shredder’s Revenge, les développeurs ont bien pensé à intégrer un mode coopératif, comme à la bonne époque. Cette fois, il est possible de jouer jusqu’à six, et ce aussi bien en local qu’en ligne (les parties sont plutôt stables d’ailleurs). Alors disons-le clairement, dès qu’on est à quatre ou plus, les parties deviennent aussi fun que bordéliques, la lisibilité en prenant un sacré coup. Néanmoins, l’option est là et a le mérite d’exister. En plus, en coopération, on peut donner une part de pizza à un allié KO pour le ranimer avant qu’il ne perde une vie ou encore se checker. Convivialité et fraternité !
Teenage Mutant Ninja Turtles : Shredder’s Revenge est un jeu fait avec amour qui transpire la passion pour les tortues ninja, du look rétro ultra réussi aux références qui pullulent, en passant par un travail remarquable sur les animations, une bande-son excellente et un casting plutôt riche. Le gameplay est fun, il y a de belles trouvailles et la coopération jusqu’à six en ligne et en local, bien que nuisant à la lisibilité, a le mérite d’être présente et d’offrir des moments de franches rigolades entre amis. La partie scénarisée donne envie de voir la fin du jeu, grâce à une mise en scène soignée et des shoots de nostalgie qui sont envoyés de manière régulière aux joueuses et joueurs. A vrai dire, avec TMNT Turtles in Time, Shredder’s Revenge fait assurément partie des jeux sur les Tortues Ninja qui ont le plus de potentiel séduction. Hélas, tout n’est pas rose pour autant. Derrière le superbe habillage rétro, derrière l’amusement que procure le titre, se cache un manque de profondeur au niveau du gameplay qui s’ajoute à un système de scoring mal foutu. Cela nuit à la volonté de retourner sur le mode Arcade ou de pousser la rejouabilité, si ce n’est pour les Succès ou pour une petite partie de temps en temps avec les potes. A 24,99 euros, pour un run qui se termine en 1h40 à 2h (rajoutez 30 mins pour voir toutes les fins), certains y réfléchiront peut-être à deux fois avant d’investir mais il faut avouer que la présence du jeu dans le Xbox Game Pass invite clairement à en profiter et permet de compenser un plaisir qui peut s’étioler avec la répétition… Mais de temps en temps, avec des amis, ça fait du bien de se faire une piqûre de fun et de nostalgie !
Les +
- L’intro respire l’amour
- Du pixel art rétro maîtrisé
- Les animations sont dingues
- Mise en scène soignée
- Les move sets des persos
- Plein de références
- Bande-son excellente
- Ultra fun
- Le casting
- Et tout autant accessible
- Jouable jusqu’à 6 en coop (locale & online)…
Les –
- … Au détriment de la lisibilité
- Le système de scoring
- Mode Arcade un peu décevant
- Certaines priorités de l’I.A.
- Certains patterns de boss peu inspirés
- Pas très difficile et assez court
Test rédigé par Vincent (lien vers l’article original) – Lageekroom