Avis BD Glénat : Space Connexion – Tomes 1 et 2
Disponible depuis le 11 mai 2022 aux éditions Glénat, la bande-dessinée « Space Connexion » regroupe des histoires courtes qui abordent certains thèmes chers à la science-fiction ! Derrière cette œuvre prévue en 2 tomes, on retrouve Romain Baudy (au dessin) et El Diablo (au scénario), qui ont déjà travaillé sur différentes productions d’animations. Ce premier tome est-il parvenu à nous embarquer dans ses différentes histoires ? C’est ce que nous allons voir !
– Mise à jour de l’article avec notre avis sur le tome 2, disponible le 17 août 2022 –
Synopsis : Le projet Space Connexion réunit des nouvelles « coup de poing » sous une thématique commune : la rencontre extra-terrestre ! Thème certes déjà exploré en bande dessinée, la rencontre du 3e type a toujours été traité en réponse à l’actualité d’une époque donnée. Anxiogène dans les années 50 en pleine guerre froide, pleine d’espoir dans les années 80 (grâce à l’œuvre de Spielberg), horrifique dans les années 90… elle est le reflet d’un état d’esprit du monde. Avec cet album artistique, on plonge en 2010, une époque pleine d’incertitude. Les menaces se sont multipliées, qu’elles soient d’ordre écologique, diplomatique, pathologique, sanitaire… L’ouvrage est à découvrir sur le site de l’éditeur, à cette adresse.
Ce qui nous pose parfois problème, lorsque nous nous lançons dans un récit fait d’histoires courtes, c’est l’immersion. Il est en effet difficile d’entrer pleinement dans un récit qui doit aller à l’essentiel du fait de sa courte durée, et certains ouvrages du genre ont eu du mal à nous accrocher. Mais malgré nos réticences, « Space Connexion » s’est avéré vraiment prenant, avec différentes histoires bien ficelées et qui se mettent rapidement en place sans être expédiées. Et même si la première histoire, nommée « Abduction », se termine un peu vite à nos yeux (malgré ses qualités), l’ensemble est efficace et parvient à gérer ses thématiques intelligemment. Ce sont en tout 4 histoires qui vous attendent, plus ou moins longues mais clairement originales. Le récit « Coup d’approche », très court, vous fera certainement sourire, tandis que « Pandémie » s’inscrira totalement dans le contexte actuel. Notre histoire préférée est sans aucun doute « Les Gardiens », qui aborde des thèmes importants comme le racisme et l’écologie, en prenant davantage le temps de se développer. On passe quoi qu’il en soit d’une histoire à une autre avec intérêt, et ce premier tome, bien qu’un peu court (on n’aurait pas craché sur une ou deux histoires supplémentaires), est à conseiller si on aime le genre !
On reconnait sans mal la patte de Romain Baudy, notamment au niveau des visages. Les couleurs sont parfaitement bien choisies (en fonction des décors) et ce premier tome est vraiment dynamique. Chaque récit a sa propre identité visuelle, et les auteurs ne se privent pas pour nous envoyer en pleine poire certaines dérives de l’être humain, souvent détestable dans son comportement. Finalement, ne mérite-t-on pas ce qui nous arrive ? C’est la question que l’on se pose lorsque les militaires attaquent sans réfléchir des extraterrestres venus aider l’humanité à se débarrasser d’un virus. Aveuglés par le pouvoir, l’argent et l’égoïsme, certains humains mettent tous les autres en péril. « Vous pouvez constater que ces créatures, malgré une apparente technologie avancée, ne sont dirigées que par des instincts de survie primaires et des émotions basiques ». Vous vous en doutez, ce ne sont pas des humains qui prononcent cette phrase. Ce premier tome de « Space Connexion » est au final un peu court, et son premier récit se termine trop vite à nos yeux, mais l’ensemble est vraiment convaincant et immersif malgré nos craintes. L’enchaînement des différents récits est réussi, c’est très chouette visuellement, et certains thèmes abordés font mouche et résonnent avec le contexte actuel. On n’aurait pas craché sur un ou deux récits supplémentaires, et nous allons du coup attendre le prochain tome avec impatience.
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Space Connexion – Tome 2 : le duo Romain Baudy (au dessin) et El Diablo (au scénario) est de retour en ce mois d’août 2022 (le 17 plus précisément) avec le tome 2 de « Space Connexion », que nous avons eu la chance de recevoir. Que l’on parle de ses personnages, de ses thèmes abordés ou de ses visuels, la bande-dessinée éditée par Glénat est une petite pépite. Mais bon sang, qu’est-ce que c’est court ! A l’image du premier tome, nous étions tellement à fond dans les différentes histoires que le tout est passé bien trop vite, et nous aurions vraiment aimé découvrir quelques récits supplémentaires !
La première histoire, « Alien Traficante », nous embarque aux côtés de trafiquants qui vont faire une bien étrange rencontre. Alors qu’ils pensent être suivis par des indiens (ils sont en pleine livraison de came et galèrent avec leur véhicule dans la forêt), Miguel, Santana et Diego vont tomber sur des aliens, loin d’être hostiles. Ces derniers se sont en effet malencontreusement écrasés sur Terre, et on besoin d’une partie de la cargaison des trafiquants pour l’utiliser comme carburant et repartir. Forcément, notre trio ne va pas lâcher la came comme ça, et vont demander une compensation. C’est là qu’ils vont découvrir que les aliens ont mis au point, sur leur planète, une drogue surpuissante qui revigore le métabolisme sans provoquer d’effets secondaires. Et c’est à ce moment là que toute la noirceur et l’égoïsme de l’être humain va ressurgir. La civilisation alien est très altruiste et est disposée à revenir pour fournir cette drogue à tous les humains, afin de les faire évoluer et de leur fournir un plus haut niveau de confort. Mais tout ça, ce n’est pas bon pour le business, et Miguel, Santana et Diego ne vont pas l’entendre de cette oreille. Une image, bien trop réaliste, d’une humanité qui ne pense qu’à sa tronche et à l’argent…
Nous avons également beaucoup aimé le récit intitulé « Roadkill », qui met en scène un redneck qui maltraite son fils. Le jeune garçon est touchant, et va trouver son salut grâce à son côté altruiste, protégeant une créature qui lui viendra plus tard en aide. Une sorte de note d’espoir qui nous rappelle que les enfants sont bien souvent nettement plus humains que les adultes. La troisième histoire nous parle de voyage temporel, et réserve une petite surprise scénaristique. Au final, on dévore toutes ces histoires avec intérêt, et même si le premier tome était un poil plus percutant dans les thèmes qu’il abordait, cette suite n’en reste pas moins très accrocheuse. On retrouve également le style visuel très réussi de Romain Baudy, avec quelques croquis en fin de tome pour découvrir son travail et la création de certains personnages. Le choix des couleurs est également intéressant, et les couleurs automnales du deuxième récit sont vraiment très chouettes. Au final, c’est la courte durée de lecture qui nous chagrine, et certains trouveront le prix de vente un peu élevé. L’anthologie « Space Connexion » mériterait quoi qu’il en soit clairement une suite !
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