Avis : Hotell (Black River), plongez dans l’horreur de l’hôtel Pierrot Courts – Tomes 1 et 2
Disponible depuis le 8 juin 2023, le premier volume de « Hotell » fait partie des sorties récentes de l’éditeur Black River, qui nous régale depuis plus d’un an maintenant avec un catalogue varié (qui pioche aussi bien dans des licences de jeu vidéo que dans des ouvrages indépendants) et souvent surprenant. Récemment, nous avons eu la chance de découvrir le délirant « Marjorie Finnegan – Criminelle temporelle » et « Assassin’s Creed Brahman« , mais notre ouvrage du jour va opter pour un ton bien plus sérieux et horrifique. Découvrir « Hotell », c’est plonger dans un univers aussi sombre que mystérieux, à la rencontre de personnages tourmentés. C’est parti pour notre avis !
– Mise à jour avec notre avis sur le tome 2, disponible le 8 février 2024 –
Synopsis : Quatre histoires d’horreur interconnectées se déroulant toutes dans un hôtel mystérieux qui semble n’apparaître qu’à certains clients. L’hôtel Pierrot Courts. Vous ne le trouverez sur aucune carte, mais s’il vous arrive de conduire sur la Route 66 tard dans la nuit et que vous avez désespérément besoin d’un refuge ou de vous cacher, vous apercevrez peut-être un panneau abîmé en bordure de route. C’est un endroit où beaucoup s’enregistrent au comptoir mais d’où bien peu repartent. Et vu les horreurs qui vous attendent à l’intérieur, vous auriez peut-être préféré continuer à rouler…
Dessiné par Dalibor Talajic et scénarisé par John Lees (Lee Loughridge s’occupe de la colorisation), « Hotell » utilise une narration bien connue des amateurs d’horreur. A l’image des contes de la Crypte ou plus récemment des jeux Supermassive Games (The Quarry, Until Dawn), nous sommes accueillis dans l’hôtel Pierrot Courts par son gérant, qui n’est autre que le narrateur de l’histoire. L’homme s’adresse à nous, et nous prévient dans quoi nous sommes en train de mettre les pieds. Cet hôtel n’apparaît sur aucune carte, mais certains en aperçoivent néanmoins le panneau en bord de route. A la recherche d’un refuge, fuyant une menace ou souhaitant même pratiquer un exorcisme, nos personnages se retrouvent à livrer une bataille contre eux-mêmes et contre leurs démons. Ce qu’on apprécie tout particulièrement en enchaînant les différentes histoires, c’est la façon dont elles sont mises en scène et leurs interconnexions (avec notamment des champs/contre-champs). On découvre dans un premier temps l’histoire d’une femme enceinte qui fuit son conjoint qui la battait. Durant ce récit, elle va rencontrer brièvement un homme, un peu dragueur, qui va se faire rappeler à l’ordre par sa femme. L’homme rejoint son épouse, et l’inquiétude et l’interrogation se lisent sur son visage. On va rapidement comprendre pourquoi, en découvrant, par la suite, son histoire. Même si ces interconnexions sont parfois brèves, elles sont parfaitement intégrées et cohérentes, et chaque récit trouve son sens.
L’ambiance est particulièrement réussie dans ce premier tome. C’est sombre, glauque, parfois flippant, et on assiste à des événements éprouvants. Le côté horrifique fonctionne bien, et on est souvent aussi paumés que les personnages que l’on découvre. Exorcisme, démembrements, tueur en série : l’ouvrage propose une belle diversité dans l’horreur (qu’elle soit bien réelle ou surnaturelle), et les références sont multiples, rappelant notamment le cinéma d’Hitchcock ou de John Carpenter. L’immersion est totalement au rendez-vous, tout comme l’angoisse, et on se sent nous-mêmes piégés dans cet hôtel, découvrant le passé des personnages et leurs secrets qui se dévoilent durant les 4 récits de ce premier volume. La colorisation participe beaucoup à cette immersion et nous plonge encore plus dans l’ambiance, et certaines cases sont vraiment magnifiques. Vous l’avez compris, ce premier volume de « Hotell » est un coup de cœur, à découvrir absolument si on aime l’horreur, et il nous tarde de découvrir les futures histoires du tome 2. On terminera avec un mot sur l’ouvrage en lui-même, super qualitatif (couverture, papier), et qui propose dans ses dernières pages un mot du scénariste et les couvertures des comics d’origine. Canon !
A lire également :
- A Walk Through Hell – Tomes 1 et 2 (Black River)
- Tom Clancy’s The Division – Extremis Malis (Black River)
Hotell – Tome 2 : Cinq nouvelles histoires interconnectées racontent une autre semaine éprouvante à Pierrot Courts, le mystérieux motel en bordure de route où les âmes perdues mènent leur ultime combat contre les démons qui les hantent. Une famille, désespérée et démunie après avoir été expulsée de sa maison. Un artiste torturé, en quête d’inspiration. Un vieux garçon s’occupant de son chien bien-aimé tombé malade. Un gang de motards brutaux, à la recherche d’une des leurs qui en cavale… Lorsque toutes ces âmes hantées se présenteront aux Pierrot Courts, qui survivra pour rendre sa clef et partir ?
Le trio Dalibor Talajic (au dessin), John Lees (au scénario) et Lee Loughridge (à la colorisation) est de retour aux éditions Black River avec le tome 2 de « Hotell », disponible depuis le 8 février 2024. Nous avions adoré le premier tome, qu’on avait découvert comme un bon film d’horreur, avec des séquences bien flippantes, des personnages torturés (dans tous les sens du terme) et une mise en scène réussie. La particularité de ce premier tome, outre sa narration via un narrateur (le gérant des lieux), était de proposer des interconnexions entre chaque histoire. L’hôtel Pierrot Courts réservait de nombreuses (mauvaises) surprises à ses locataires, et le récit s’était avéré particulièrement prenant ! Avec ce tome 2, on continue sur cette lancée, tout en apportant quelques éléments supplémentaires. Comme le précise John Lees dans une interview à la fin de l’ouvrage, le but était de s’inspirer des suites réussies du cinéma (il cite notamment Hellraiser 2, Zombie, Freddy 3) pour proposer une intrigue plus ambitieuse et développer l’univers mis en place en apportant quelques réponses sur l’hôtel et son gérant. Rassurez-vous, si le lore se développe dans cette suite, de nombreux mystères persistent. « Ceux qui viennent ici sont mis à l’épreuve. Vous serez forcé d’affronter vos démons et vos regrets » : le Pierrot Courts vous rappelle Silent Hill ? C’est tout à fait normal.
Chaque récit développe ses propres thèmes, et on retrouve le système d’interconnexions qui marchait très bien dans le premier tome. Cerise sur le gâteau, d’anciens personnages font même leur retour. C’est vraiment classe en termes d’écriture, et nous vous conseillons fortement de lire le premier volume pour avoir tous les éléments en tête et bien saisir toutes les références. Le côté horrifique fonctionne une nouvelle fois très bien, et on se sent clairement oppressé, attendant de voir ce qui va arriver à nos personnages. Le menace vient de l’intérieur, mais également de l’extérieur, avec un gang de motards qui terrorisent la population. Les références aux maîtres du cinéma d’horreur sont nombreuses, et on ne peut s’empêcher de penser que cela ferait une bonne adaptation au cinéma ! Le coup de crayon de Dalibor Talajic est toujours aussi réussi, avec de bonnes idées de mise en scène et des cases dont l’horreur transperce les pages. Ce nouveau tome de « Hotell » est à nos yeux aussi bon que le premier, et parvient à développer son univers en conservant les mystères indispensables à ce genre d’univers. Une belle réussite, qu’on vous conseille chaudement si vous aimez le genre.
Lageekroom