Avis Manga Ki-oon : Badducks – Tomes 1 à 4 (série terminée)
La genèse de « Badducks » est pour le moins atypique. La mangaka Toryumon Takeda a en effet écrit seule les 900 pages de sa série, les vendant chapitre par chapitre dans les conventions. Un travail colossal, repéré par les éditions Futabasha qui ont décidé de le prépublier sur leur site avant d’en proposer une version physique, qui s’est conclue après 4 tomes au Japon. Chez nous, c’est le 6 avril 2023 qu’a débarqué le premier volume, édité chez Ki-oon et que nous avons eu la chance de recevoir. Ce road trip s’est-il avéré aussi bon que prévu ? C’est ce que nous allons voir !
– Mise à jour de l’article avec notre avis sur le tome 2, disponible le 6 juillet 2023 –
– Mise à jour de l’article avec notre avis sur le tome 3, disponible le 19 octobre 2023 –
– Mise à jour de l’article avec notre avis sur le tome 4, disponible le 1er février 2024 –
Synopsis : Morgan n’a jamais eu de chance. À 10 ans, il est abandonné par ses parents, et 20 ans plus tard la mafia vient lui réclamer le règlement de la dette qu’ils lui ont léguée. Sans le sou, le seul moyen de s’en acquitter est de servir de cobaye aux expériences de Nguyen, maître du monde du crime. Les rejetés de la société, et en particulier les non-humains, finissent sous ses ordres en tant que tueurs, prostitués ou travailleurs forcés. Morgan se réveille avec un tube dans la nuque et… une force exceptionnelle ! Son identité a été effacée : le voici condamné à une vie de servitude. Au moment où il croit tout perdu, Lisa, dernière représentante de son espèce et esclave de la mafia, lui propose un plan d’évasion. Rien ne tourne comme prévu, et les fugitifs se retrouvent avec un bébé dans leurs bagages ! Peu importe, ils font avec… Les deux comparses n’ont ni expérience du combat ni ressources, mais leur soif de liberté est sans égale !
Le premier tome de « Badducks » est un beau bébé de plus de 220 pages, et intrigue dès ses premières cases. L’histoire mélange action, science-fiction et thriller, avec quelques petites touches d’humour, pour un résultat parfois atypique, mais également très immersif. L’ambiance est parfois lourde, avec une société gangrénée par une mafia qui n’hésite pas à exploiter les non-humains, à les prostituer et à les faire cravacher à l’usine jusqu’à leur mort. Après un prologue qui nous fait découvrir des personnages importants, le récit fait un bond de 20 ans dans le futur à la rencontre de Morgan, un jeune homme de 30 ans qui semble mener une vie paisible. Mais son passé va rapidement le rattraper : la mafia débarque pour lui réclamer une énorme dette laissée par ses parents. Ces derniers l’ont abandonné quand il avait 10 ans, et Morgan ne va pas avoir d’autre choix que de suivre le professeur Nguyen, grand vilain de cette histoire, pour lui servir de cobaye. Morgan va devoir vendre ses organes et devenir l’esclave du professeur. Bien qu’il bénéficie désormais, après de multiples opérations, d’une force démesurée, Morgan se demande s’il n’aurait pas été mieux qu’il meurt…. jusqu’à sa rencontre avec Lisa, qui va chambouler son destin. Une cavale démarre alors, et, cerise sur le gâteau, un bébé va venir s’ajouter à l’équation !
Ce premier tome dévoile donc son univers et les magouilles entre le maire et la mafia. « On prélève des organes sur des donneurs, qu’on garde en vie pour qu’ils servent de main-d’œuvre corvéable à merci. Et on vend les données médicales au gouvernement « . Chouette programme… Notre nouveau trio va vouloir échapper à tout ça, et les événements vont s’enchaîner. Difficile d’échapper à leurs poursuivants tout en évitant la police et les différents contrôles. Surtout qu’il va leur falloir trouver de l’argent, avec des cambriolages qui réservent quelques surprises. L’univers de Toryumon Takeda se met doucement en place mais mérite d’être encore davantage développé. On nous parle par exemple de non-humains mais sans trop nous en dire (certains ont des antennes, d’autres les dents pointus…). Les personnages restent néanmoins bien développés. Notre héros Morgan menait une vie amoureuse tranquille avant que tout ne parte en vrille (parviendra-t-il à retrouver sa dulcinée ?), tandis que la pauvre Lisa trime depuis plus de 50 ans en tant que prostituée. Sa condition de non-humaine lui permet de vivre plusieurs siècles, ce qui rend son supplice encore plus douloureux. Et puis il y a ce bébé, apparemment issu d’une relation entre le fils du maire et une de ses conquêtes. Un enfant indésirable, que Morgan va vouloir à tout prix prendre sous son aile, lui qui a été abandonné par ses parents. Le thème de la famille est souvent abordé, tout comme celui des inégalités sociales ou de la place de la femme dans la société.
Ce premier tome propose des bons moments, et la cavale promet de nombreux rebondissements. Nos héros ne sont pas au bout de leur peine, car un autre trio, commandité par Nguyen, va se lancer à leurs trousses. Le manga propose quelques petites touches de chaque genre (SF, action, humour, thriller), sans jamais s’engouffrer pleinement dans l’un d’eux. Cela donne un cocktail réussi, même si on ne demande qu’à être surpris dans la suite ! En l’état, nous trouvons que l’ensemble peine à se démarquer, et il manque quelque chose pour vraiment nous emballer. Visuellement, c’est néanmoins très réussi, même si Morgan manque un peu de charisme pour le moment. L’ensemble reste très chouette en termes de mise en scène, avec de bonnes idées visuelles, de nombreux détails et un trait parfois épais très plaisant. Ce premier tome propose donc des débuts satisfaisants, qui ne demandent qu’à se concrétiser dans la suite !
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Badducks – Tome 2 : Entre mafia et police, la cavale au long cours de deux hors-la-loi… et d’un bébé ! En cavale et sans le sou, Morgan et Lisa n’ont pas d’autre choix que de voler pour survivre, mais ils sont repérés par un agent de police après avoir cambriolé une riche demeure… Heureusement, ils arrivent à quitter la ville in extremis. Prochaine étape : Richill et ses paysages bucoliques… le coin idéal pour disparaître ! Ce que les fugitifs ignorent, c’est que le fils du maire de Rado a mis ses considérables ressources à disposition de la mafia, qui ne tarde pas à retrouver leur trace… Parviendront-ils à échapper aux sbires du cruel Nguyen ?
Road trip presque improbable mélangeant action, science-fiction, humour ou encore thriller, « Badducks » fait son retour en ce mois de juillet 2023 aux éditions Ki-oon avec un tome 2 que nous attendions avec impatience. Nous devons vous avouer n’avoir pas été totalement convaincus par le premier tome, aux qualités certaines, mais qui peinait parfois à pleinement nous embarquer dans son récit. Néanmoins, des bases solides ont été posées, nous avons pu découvrir des personnages déjà intéressants, et les enjeux sont montés en puissance. Tout ça donne un tome 2 un gros cran au dessus, en termes de narration, de rebondissements, et tout simplement d’intérêt. Oui, nous avons adoré ce nouveau volume de « Badducks », qui est parvenu à rendre notre trio bien plus attachant. De nouveaux personnages font leur apparition, amis comme ennemis, et on ne s’ennuie pas une seconde lors de la lecture !
On rappelle que Morgan et Lisa sont en fuite. Lui a été contraint, pour rembourser des dettes colossales, de devoir vendre ses organes et devenir l’esclave du professeur Nguyen, bad guy de notre histoire. Elle, non-humaine de presque 70 ans, a été forcée de se prostituer durant une cinquantaine d’années. Dans leur fuite, ils ont mis la main sur un sac rempli de billets contenant également un bébé, un petit bonhomme issu d’une relation entre le fils du maire et une de ses conquêtes. Difficile de passer inaperçu pour Morgan et Lisa, qui sont activement recherchés dans tout le pays. Seule solution, se déguiser et tenter de trouver un endroit où se cacher. Mais Nguyen a envoyé ses sbires à leurs trousses, dont Singh, Ethan et Gisele, une non-humaine à la force incroyable. La tension va monter d’un cran quand ils vont mettre la main sur Morgan et Lisa, blessant notre héros par balle. Une course-poursuite intense va avoir lieu dans la forêt, et les événements vont rapidement s’enchaîner ! Difficile de vous en dire plus pour ne rien vous spoiler, mais sachez que chaque personnage va avoir droit à son développement, et que de nouveaux protagonistes vont venir en aide à Morgan et Lisa.
Ce tome 2 est donc une belle réussite, et il s’y passe toujours quelque chose. La relation entre Morgan et Lisa se développe également, et ces 2 là ne peuvent pas s’empêcher de s’envoyer des tacles. C’est drôle, touchant, et on sent qu’ils en ont tous les 2 énormément bavé dans leur passé. Morgan gagne clairement en charisme dans ce tome 2, et montre sa puissance et son courage. Le personnage de Nguyen gagne lui aussi en intérêt, et on en apprend plus sur son passé, sa longévité, et surtout sa dépendance au sang de Lisa, qui permet à tout son système de tenir. Visuellement, on est monté d’un cran également, avec des grandes illustrations détaillées, un découpage dynamique, et un très beau travail sur les noirs et les contrastes. On peut donc conclure en vous conseillant chaudement ce tome 2, qui nous a davantage convaincus que le premier, et ce sur tous les points. De quoi donner une forte envie de découvrir la suite, qui va changer la donne, en témoigne la fin de ce tome !
Badducks – Tome 3 : Morgan et Lisa ont réussi à atteindre Richill et ses vastes étendues montagneuses. Alors qu’ils s’apprêtent à prendre des chemins divergents, ils sont attaqués par les sbires de Nguyen… L’ex-hôtesse choisit de se précipiter dans le vide plutôt que de retourner à sa vie d’avant, entraînant son compagnon avec elle ! Les deux fugitifs sont miraculeusement sauvés par Matthew, un ancien médecin ayant travaillé pour la mafia. Malheureusement, Morgan est désormais recherché pour meurtre, et sa présence pourrait menacer la tranquillité de son bienfaiteur ! En attendant la prescription, le duo va devoir élever le petit Boz loin de toute civilisation…
On entre dans la deuxième partie du récit de « Badducks » avec le tome 3, car on rappelle que la série de Toryumon Takeda (dont c’est la toute première) se terminera à la fin de son quatrième volume. Douze ans, c’est le temps que doit tenir Morgan pour qu’il y ait prescription et qu’il ne soit plus poursuivi, lui qui est en cavale avec Lisa et le petit Boz. Un enfant qui va être élevé loin de la civilisation (on apprend qu’il ne sait toujours pas lire ni écrire), et que l’on retrouve presque adolescent. En effet, le récit a fait un bond de 11 ans dans le futur à la fin du tome 2, et nous retrouvons dans notre ouvrage du jour nos héros dans leur quotidien. Boz a grandi, et a déjà un fort caractère. Il accompagne Morgan et Lisa dans des cambriolages, qui ne se passent pas toujours comme prévu. Les temps sont durs, et cette « famille » pour le moins atypique vit à l’écart de la société. Ce tome 3 nous met au cœur de leur routine, à la découverte des bons comme des mauvais moments. Malgré quelques accrochages, leur relation est forte, et Morgan et Lisa font tout pour protéger Boz, qui découvre la vie, mais également la mort (avec son animal de compagnie).
On se sent proche d’eux, et même si ce tome est globalement calme (ça recommence à bouger un peu dans les dernières pages avec des hommes venus chercher Lisa), il s’y passe des choses importantes, et la menace plane toujours. Morgan bénéficie d’un développement intéressant. Il a reçu une lettre de Matthew, cet ancien médecin (qui travaillait dans l’organisation de Nguyen) qui l’avait secouru. Morgan va en découvrir davantage sur lui et sur sa condition physique. Matthew se base en effet sur les expériences sur les esclaves de l’usine et sur ces personnes dont les organes ont été remplacés. Apparemment, leur état se dégrade rapidement et ils ne vivent pas vieux. Un triste destin attend donc notre héros et le ronge, lui qui s’est fortement attaché à Lisa et à Boz. Du coup, toutes les petites querelles du quotidien semblent futiles, et c’est la peur de la mort qui hante Morgan.
Comme nous le disions précédemment, ce tome 3 est assez calme et se concentre sur ses personnages. C’est une bonne chose dans un sens, mais après un tome 2 particulièrement riche et dynamique, ce changement de rythme pourra décevoir, d’autant qu’il ne reste plus qu’un tome à l’histoire pour se terminer. On ne s’ennuie pas, mais on ressort de la lecture un poil frustré, comme s’il manquait quelque chose. Par contre, c’est toujours aussi beau en termes de visuels, avec des personnages réussis et débordant d’expressions et de très chouettes décors. On sent quoi qu’il en soit que Toryumon Takeda a voulu temporiser avec ce tome 3, très porté sur nos héros et leur relation (le thème de la famille est clairement au cœur du récit), mais on reste un poil sur notre faim. Cela ne nous empêchera pas de nous lancer dans la lecture du quatrième volume, prévu pour février 2024.
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Badducks – Tome 4 : Morgan, Lisa et le petit Boz se sont installés dans une certaine routine : localiser les riches maisons sans surveillance, les cambrioler, puis revenir se cacher dans leur caravane au fond des bois. L’enfant aimerait pourtant bien sortir un peu plus… Alors que le trio profite justement d’une fête locale pour se promener en ville sans attirer l’attention, il est repéré par Oz, un vieil ami de Morgan.
Clap de fin pour « Badducks » avec ce tome 4, disponible depuis le 1er février aux éditions Ki-oon. Malgré un tome 3 qui nous avait laissés sur notre faim (mais loin d’être inintéressant rassurez-vous), nous avions hâte de découvrir la fin de l’histoire de Morgan, Lisa, et du petit (désormais plus grand) Boz. Dernière ligne droite donc pour le manga de Toryumon Takeda, qui nous livre un ouvrage bien épais et bien dense, riche en rebondissements. On savait que Morgan, suite aux expériences subies par le passé, n’allait pas vivre aussi longtemps qu’il l’espérait pour rester auprès de Lisa et Boz, mais on ne s’attendait pas à ce que cela s’accélère subitement suite à la trahison d’un vieil ami. Morgan vient en effet d’être empoisonné, et c’est une nouvelle fois Nguyen qui tire les ficelles. Ce dernier est décidemment un sacré pourri, et veut récupérer Lisa pour lui en faire baver encore plus que quand il la tenait en captivité. Cette dernière va tout faire pour sauver Morgan, accompagnée de Boz, qui le considère comme un père.
La notion de famille est au cœur de ce tome 4, qui se lit vite malgré son épaisseur. On est en effet rapidement à fond dans l’histoire, et on a peur pour nos héros. C’est très classe en termes de mise en scène, et toujours aussi beau visuellement, avec un excellent travail sur les visages des protagonistes principaux. L’univers développé par Toryumon Takeda est toujours aussi intéressant, et on se sent frustré que le récit se clôture déjà avec ce quatrième tome. Il y a avait en effet, selon nous, encore beaucoup de choses à développer, en lien avec Nguyen (et Luka Dillman, ancien amant de Lisa, dont une partie a été greffée dans son cerveau), le maire Eric Maier (le véritable père de Boz), ou encore avec le passé de Morgan (on rappelle que ce dernier menait une vie amoureuse tranquille avant que tout ne parte en vrille…). Beaucoup de questions restent donc sans réponse, et on aurait aimé en découvrir davantage sur ces différents éléments. La série se conclut néanmoins de belle manière, dans l’émotion, mais on ne peut s’empêcher de penser qu’elle mériterait de revenir sur le devant de la scène pour développer son lore ! Oui, on reste un poil sur notre faim malgré de belles qualités.
Lageekroom