Avis manga Ki-oon : #DRCL midnight children – Tomes 1 à 3 + press kit
Après « Innocent » et « Innocent Rouge », Shin’ichi Sakamoto s’attaque au mythe de Dracula avec « #DRCL midnight children », grosse nouveauté à venir aux éditions Ki-oon dès ce mois de janvier (le 25 très exactement). L’éditeur nous promet une œuvre sombre, brillante et envoûtante, dans cette réinterprétation de Dracula qui se déroule, après un prologue pour le moins marquant, au cœur de la jeune élite anglaise. Nous avons eu la chance de recevoir le premier tome de la part de l’éditeur, ainsi que son superbe press kit, et il est temps de vous les présenter.
– Mise à jour de l’article avec notre avis sur le tome 2, disponible le 2 mai 2024 –
– Mise à jour de l’article avec notre avis sur le tome 3, disponible le 3 octobre 2024 –
Synopsis : À la fin du xixe siècle, un vaisseau russe embarque d’étranges caisses remplies d’une terre à l’odeur pestilentielle. La traversée des océans est un calvaire pour l’équipage : disparitions et morts suspectes s’enchaînent. Certains parlent d’un fantôme… Quand le bateau parvient enfin à destination en Angleterre, il a tout d’une épave flottante. Alors que la police portuaire se lance à la recherche de survivants, elle tombe sur une énorme créature mi-homme mi-loup, qui disparaît comme par magie…
Quelques instants plus tard, dans le cimetière de la ville, quatre élèves du prestigieux établissement Whitby assistent à une scène terrifiante : un de leurs camarades est capturé par une bête ténébreuse ! Seule Mina Murray, l’unique fille de l’établissement, a le courage de voler à son secours, mais il est déjà trop tard…
« Ce qu’un homme est en mesure de faire, une femme le peut aussi. Ce démon invisible, moi, je vais le vaincre »
Le mythe de Dracula a été repris à toutes les sauces, au cinéma, à la télévision, en jeu vidéo, en bande-dessinée. Mais c’est d’un manga dont nous allons parler aujourd’hui, et nous devons vous avouer que nous étions très curieux et impatients de découvrir ce premier tome de « #DRCL midnight children » de Shin’ichi Sakamoto. Dès son prologue, « #DRCL midnight children » laisse son empreinte et pose ses enjeux, optant pour un côté horrifique très efficace. Le tout est sublimé par un coup de crayon hyper précis, principalement en ce qui concerne les visages et les décors. Le travail sur les contrastes et la lumière est très immersif, et certains plans font déjà froid dans le dos. Après cette entrée en matière pour le moins efficace, et qui laisse planer de nombreux mystères (notamment concernant la menace qui attend nos héros), on se retrouve en Angleterre aux côtés d’élèves du prestigieux établissement Whitby. On y découvre notamment Mina, une jeune fille fortement malmenée par ses camarades, mais qui prouve par ses capacités intellectuelles et physiques qu’une femme est tout à fait capable d’être l’égal d’un homme. Un thème qui revient souvent dans ce premier tome, et qui est abordé avec une certaine justesse.
Chaque personnage s’avère important à sa manière, et en particulier Luke/Lucy, personnage à double facette (et assez fascinant, notamment dans sa relation avec ses camarades) qui aura une importance capitale dans le récit. Lorsque la menace va frapper tous ces élèves, certains feront preuve de courage, d’autres moins, et ce ne sera pas celles et ceux qu’on croit. Dracula arrive sous de multiples formes, ce qui pose pas mal de questions lors de la lecture et brouille même les pistes. On s’y perd un peu parfois, mais on est sans cesse happé par les visuels et par les excellentes idées de mise en scène de l’auteur (la scène en double page avec le miroir, certaines illustrations qui font froid dans le dos, les dialogues à l’envers lorsque Mina met un adversaire au sol). Difficile de décrocher, tant l’ambiance est aussi belle que flippante, rappelant parfois l’univers de Guillermo de Toro. Ce premier tome lance donc de très belle manière son récit, et nous avons hâte d’avoir la réponse à certaines de nos questions.
#DRCL midnight children – Tome 2 : Depuis l’arrivée du Demeter dans le port de Whitby, d’étranges événements se produisent dans les environs… À la faveur de la nuit, un énorme chien noir apparaît, avant de fondre sur Lucy pour la dévorer ! Déterminée à sauver celle qu’elle aime, Wilhelmina Murray n’hésite pas une seconde et met en fuite l’animal, qui se transforme en une gigantesque chauve-souris… Peu de temps après, la jeune fille rencontre le professeur Van Helsing, un homme venu traquer la terrible créature répondant au nom de Dracula. Cette dernière serait tapie au sein du prestigieux établissement scolaire…
« Maintenant que Dracula s’est manifesté et nous a identifiés, il ne nous est plus possible de fuir ce cauchemar »
La traque de Dracula ne fait que commencer, et un nouveau personnage va occuper une place importante de ce tome 2 : le professeur Van Helsing. En termes de scénario, disons tout de suite que ce nouveau volume n’avance que très peu, et qu’il s’attarde davantage sur ses personnages, tout en étant extrêmement contemplatif. A l’image du premier tome, cette suite est toujours aussi magnifique au niveau de ses visuels, avec des visages sublimes, des décors fins et détaillés, des contrastes parfaitement maîtrisés et de très bonnes idées de mise en scène. On en prend plein les mirettes, à de nombreuses reprises, et on scrute de nombreuses pages avec attention pour en dénicher tous les détails. C’est beau, immersif, très marqué en termes d’ambiance, et on ressort de la lecture totalement convaincu par cet aspect, à l’image du premier tome. Que les illustrations soient plongées dans l’obscurité ou au contraire baignées de clarté, c’est souvent impressionnant.
Les personnages ne sont pas en reste, à commencer par Van Helsing et Wilhelmina Murray. Les relations de chacun se développent, et certains protagonistes sont mis en avant. On pense notamment à Quincey et à sa relation avec Luke, bien mal en point. On retrouve certains thèmes du tome précédent, de la place de la femme à la violence des hommes, en passant par le racisme. C’est souvent subtil et bien écrit, tout comme le développement de certains secrets ou autres fantasmes. Néanmoins, on retrouve le défaut du tome précédent, concernant sa narration qui nous perd un peu. C’est sans doute volontaire de la part de Shin’ichi Sakamoto, mais c’est parfois frustrant, et cela risque de perdre certaines ou certains d’entre vous, qui se consoleront fort heureusement avec la beauté des dessins. De notre côté, nous avons adhéré à cette suite, mais en espérant toutefois que le prochain tome monte d’un cran au niveau de son scénario et des différents enjeux. Nous sommes curieux de le découvrir.
#DRCL midnight children – Tome 3 : Luke a bien été mordu par le comte Dracula ! Afin de lever la malédiction qui pèse désormais sur le jeune homme, les élèves de la Whitby School se réunissent autour du professeur Van Helsing. Ce dernier est certain de pouvoir lui sauver la vie grâce à une transfusion… Tandis que les autres se disputent pour déterminer qui sera le premier à donner son sang, Mina décide de prendre les choses en main… car le prince immortel se rapproche dangereusement de sa cible ! Seulement, quelle stratégie adopter face à une si puissante menace ?
« En prétextant défendre les faibles, la seule chose que vous tentez de sauvegarder, c’est votre fierté »
Le professeur Van Helsing et les élèves vont tout tenter, dès le début de ce tome 3, pour sauver Luke de la malédiction. Ce dernier a en effet été mordu par le prince immortel, et a besoin d’une transfusion sanguine pour être sauvé. Pleine de courage, Wilhelmina se dévoue, malgré les remarques de ses camarades. Ces derniers ne comprennent pas qu’une femme puisse être leur égal, et sous prétexte de galanterie ne cessent de la rabaisser. Mais Wilhelmina ne se laisse pas faire, et Van Helsing le dit lui-même : « nul doute que l’audace qui coule dans tes veines aura de grands bienfaits sur l’organisme de Luke ». Les événements s’enchaînent rapidement (ce tome 3 est particulièrement bien rythmé et bien meilleur en termes de narration), et la transfusion est stoppée par l’arrivée du comte Dracula ! Une arrivée particulièrement impressionnante visuellement, qui éblouit par ses nombreux détails et sa noirceur. Un style visuel qu’on adore (le début du tome avec les loups est très réussi également), et qui fait une nouvelle fois la particularité de ce tome, très souvent contemplatif.
Van Helsing et les élèves sont acculés, et Dracula semble avoir « évolué » (on comprend rapidement pourquoi on nous parle de la théorie de l’évolution de Darwin). Dracula semble s’être adapté à son environnement, et mange littéralement les fleurs d’ail parsemées autour de l’autel, ne craignant également pas l’eau bénite. Nos héros vont néanmoins trouver un moyen d’affaiblir le comte, mais vont tomber dans un piège. Van Helsin est pulvérisé, et Luke est porté disparu. Scellant un pacte, les élèves vont partir à sa recherche. Il se passe beaucoup de choses dans ce tome 3, qui est notre préféré à ce jour. Chaque personnage a son importance, les thèmes du sexisme, du racisme, de l’identité ou encore de la place des enfants face aux adultes sont bien amenés, et c’est toujours aussi sublime à découvrir. L’ambiance sombre fonctionne bien, et les rares moments de violence sont réussis et impactants. On apprend même d’où vient le titre du manga, lorsque Wilhelmina fait des recherches sur le comte. Shin’ichi Sakamoto poursuit donc sa revisite du mythe de Dracula, et ce tome 3 est clairement porté par les « enfants de minuit », qui vont devoir oublier leurs conflits pour s’allier et devenir plus forts. Le tome 4 s’annonce tout aussi grandiose.
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