Avis Urban Comics : Joker : Killer Smile
Disponible depuis le 18 septembre dernier chez Urban Comics, le récit complet inédit Joker : Killer Smile est arrivé chez nous, et nous nous sommes empressé de le découvrir. L’ouvrage ne manquera pas de vous attirer l’œil en librairie, notamment grâce à une couverture complètement hypnotique. Mais le tandem Jeff Lemire et Andrea Sorrentino est-il parvenu à capter notre intérêt une fois les premières pages tournées ?
Synopsis : Quand un psychiatre affilié au Joker tente de guérir le plus grand criminel de Gotham, c’est le début d’une descente aux Enfers pour celui qui était jusqu’ici un père de famille aimant et paisible. Mais cette spirale de dépression et d’hallucinations violentes ne cache-t-elle pas aussi un réel gouffre au sein même de sa psyché ? L’ouvrage est à découvrir sur le site d’Urban Comics à cette adresse.
Joker : Killer Smile est un récit complet orchestré par le tandem Jeff Lemire et Andrea Sorrentino, aux commandes de Green Arrow et de Gideon Falls. On nous parle, pour cet ouvrage, d’une forte inspiration du cinéma de David Lynch, ce qui n’a pas manqué de nous interpeler. Ce qui frappe d’emblée lors de la lecture, c’est l’aspect réaliste des dessins, un choix voulu par les auteurs désireux par exemple de ne pas représenter l’asile d’Arkham avec son esthétique gothique habituelle mais de manière beaucoup plus froide. Et le rendu est très réussi, avec des décors parfois glaçants ou sombres, et un personnage du Joker qui semble capable de rentrer dans l’esprit de ses victimes à tout moment. Loin d’être excentrique comme à son habitude, le Joker est ici beaucoup plus calme et sérieux. Ses premiers entretiens avec le Docteur Arnell donnent le ton et ce dernier semble affecté par le psychopathe, à tel point que sa vie privée se voit chamboulée, des visions morbides lui gâchant la vie lorsqu’il rentre chez lui auprès ce ceux qu’il aime. La narration s’avère classique mais réserve tout de même quelques surprises, et le Joker tire comme toujours les ficelles. Est-il réellement possible de le guérir ? Il semblerait que même avec toute la bonne volonté du monde, cela soit impossible. Le récit alterne donc entre les séquences à l’asile et celles au domicile du psychiatre, le tout entrecoupé du récit de « Monsieur Sourire », une sorte de conte bien flippant qui revient sur notre rapport à l’enfance et nous présente Batman comme étant M.Grincheux, l’homme qui vient tout gâcher. Parmi les thèmes forts abordés, on citera également l’importance de la famille, et bien entendu la folie sous toutes ses formes.
Le malaise est bien présent lors de la lecture, et l’immersion est renforcée par les dessins, certains étant assez marquants. Le psychiatre voit sa santé mentale se détériorer, et ses visions montent d’un cran dans l’horreur. Certaines scènes sont assez glauques, et le choix des couleurs y est pour beaucoup. Le travail sur les visages est également réussi, et le côté réaliste dont nous parlions en début d’article fait mouche. Le Joker, ici avec les cheveux noirs (excepté lors des flashbacks dans lesquels on retrouve la couleur verte), affiche un visage sérieux et souvent grave, mis en scène par un enchaînements des cases bien étudié. Les textes sont en revanche peu nombreux, et la narration va à l’essentiel, jouant davantage sur les visuels que sur les explications. C’est réussi, et la lecture n’en est que plus agréable jusqu’à l’épilogue, lui aussi captivant.
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Joker : Killer Smile est à l’image de sa couverture : hypnotique. Avec son style réaliste, qui tranche lors de certains chapitres avec l’histoire métaphorique de « Monsieur Sourire », ce volume propose une ambiance froide voire glaçante, dans un monde dans lequel il est facile de perdre ses repères. Les illustrations sont souvent superbes et le découpage parfois surprenant, rendant la lecture captivante. Peu bavard, l’ouvrage de Jeff Lemire et Andrea Sorrentino parvient malgré tout à immerger le lecteur, même si les auteurs auraient pu aller encore plus loin dans la folie. Joker : Killer Smile reste quoi qu’il en soit une valeur sûre pour cette rentrée, à découvrir chez Urban Comics pour une quinzaine d’euros.
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