TEST : Forspoken, la première cartouche 2023 de la PS5 tient-elle ses promesses ?
Ces derniers jours, Forspoken a beaucoup fait parler de lui. Le jeu de Luminous Productions édité par Square Enix était en effet très attendu, étant la première grosse cartouche de la PS5 de ce début d’année. Reporté à plusieurs reprises, le titre nous intriguait beaucoup depuis son annonce. Présenté sous le nom de Project Athia, Forspoken est-il au final une simple démo technique ou les développeurs ont-ils réussi à mettre en place un monde cohérent proposant un véritable récit ? C’est ce que nous allons voir, l’éditeur Square Enix nous ayant fourni un code de la version PS5 du jeu. C’est parti !
Les amateurs de manga ont forcément déjà eu entre les mains un isekai. Ce sous-genre de la fantasy japonaise met en scène un personnage de notre monde qui se retrouve transporté dans un nouvel univers, généralement de fantasy. Un lycéen sans ami qui devient soudainement un grand guerrier dans un nouveau monde : cela doit vous parler si vous aimez le genre. Dans Forspoken, Frey habite à New-York et a des problèmes avec la justice et les membres d’un gang qui vont mettre le feu à son appartement. A la rue avec son chat, Frey va trouver un mystérieux bracelet, qui va la téléporter via un portail dans le monde d’Athia, envahi par la brume et tout un tas de monstres menaçants. Avec l’aide de Krav, son bracelet qui parle et lui confère des pouvoirs magiques, Frey va tenter de ramener la paix et bien entendu de rentrer chez elle.
Sur certains points, et notamment l’agencement de son monde ouvert, Forspoken nous a fait penser à Sonic Frontiers. Vous nous pardonnerez cette comparaison, les 2 jeux étant très différents, mais la structure du jeu de Luminous Productions a beaucoup de points communs avec le dernier opus mettant en scène le hérisson bleu. On se retrouve, dans les 2 cas, face à un monde vaste mais assez vide, qui pose çà et là quelques bâtiments, forêts ou architectures. Il y a des choses à faire certes, mais le tout manque de cohérence et semble même trop grand, créant souvent une sensation de vide (Cipal, la ville/hub, est la seule du jeu). La vitesse est bien là avec le parkour et les mouvements fluides de Frey, mais le titre aurait mérité d’être plus condensé pour le rendre plus riche et plus vivant. Mais à l’instar du titre de SEGA, Forspoken est accrocheur. Le monde ouvert qu’il propose est imparfait mais une fois que l’on s’y plonge, il est difficile d’en sortir et on se prend au jeu des différentes missions. Pour notre première session, nous avons joué 6h, sans voir le temps passer. Nous avons enchaîné les défis, missions secondaires, lieux photogéniques, monuments à découvrir ou encore labyrinthes remplis de monstres encore plus puissants, le but étant de gagner des récompenses (magie, endurance) et d’améliorer son équipement.
Lorsqu’on accomplit des objectifs, des missions, ou qu’on tue des monstres, Frey gagne de l’expérience. Cette dernière sert à augmenter son niveau, débloquant des points de mana. C’est grâce à ces points que l’on débloque de nouveaux pouvoirs pour notre héroïne, sachant que différents arbres de compétences vont se déverrouiller, permettant de varier les attaques magiques (attaques à distance, cors-à-corps, attaques d’eau, électrique ou encore de flamme). On débute avec une seule gamme de pouvoirs, à améliorer, puis on en découvre d’autres après quelques heures de jeu. Il est possible de passer d’un style à un autre en maintenant les touches L1 et R1 ou en utilisant la croix directionnelle. Chaque style regroupe une série d’attaques, accessibles via les gâchettes. La démo nous avait balancés en pleine action avec toutes ces possibilités, et nous avions eu du mal à nous y faire, mais dans le jeu final, c’est mieux fichu, l’ensemble étant expliqué au fur et à mesure. Une fois que l’on maîtrise les différents menus, on s’éclate durant les combats, chaque ennemi ayant ses faiblesses. Ajoutez à ça des déplacements dynamiques, des esquives et des sauts assez stylés, et vous obtenez des combats souvent jouissifs, malgré un système de lock pas toujours bien efficace. On enchaîne les salves explosives, les traques lumineuses, les taillades ou encore les fournaises avec un certain plaisir.
Les points de mana sont donc très importants pour booster ses pouvoirs, et l’équipement de Frey pourra lui aussi être amélioré. Il faudra récolter les bons éléments dans le monde ouvert pour augmenter les différentes magies (violette, rouge, bleue ou verte), les capes ou les colliers de Frey, permettant de booster sa santé ou encore sa défense. Les objectifs secondaires ne seront donc pas à négliger si on souhaite augmenter les stats de Frey, sachant que l’on pourra également augmenter le nombre de potions de soin que l’on peut embarquer, ainsi que la taille de notre sacoche pour stocker les objets et ressources. Enfin, il sera possible de trouver différents vernis à appliquer sur les mains de Frey, afin d’ajouter des bonus liés à la vie, les dégâts ou encore la magie. Il faut un léger temps d’adaptation pour gérer les menus, mais on s’y fait assez vite ! Frey bénéficie au final d’une chouette montée en puissance durant l’aventure, histoire de ne pas trop en baver face à certains boss imposants. On notera tout de même que la durée de vie est assez courte en ligne droite pour un open world : nous avons mis 15 heures et 6 minutes très exactement pour terminer l’histoire principale en terminant environ 30% des objectifs secondaires.
Forspoken a des qualités à faire valoir, mais souffre également de défauts qui vont clairement le handicaper. Nous parlions précédemment du sentiment de vide qu’il procure et du manque de cohérence de son monde ouvert, et il faut avouer que l’écriture maladroite des personnages ne permet pas au jeu de gagner en consistance. Frey est malheureusement assez antipathique, et elle envoie valser la plupart des personnages qu’elle rencontre, faisant souvent preuve d’égoïsme. Certes, elle remettra en question son comportement par la suite et durant les dernières heures du jeu, mais le mal est fait, et la vulgarité de ses répliques ne favorise pas non plus l’attachement. Les dialogues sont en effet souvent moyens, et le décalage entre les expressions « modernes » de Frey et celles des personnages du monde qu’elle découvre fonctionne mal. Le récit reste quant à lui très convenable mais manque de surprises et d’ampleur, avec une mise en scène pas toujours inspirée, la faute à des petites cut-scenes trop fréquentes qui cassent le rythme. Heureusement, les musiques rattrapent un peu le coup, avec un côté épique qui manque globalement à l’ensemble du jeu.
Et puis il y a la question des graphismes. Nous avons parcouru le jeu en mode performance en 60 images par seconde (il y a également un mode qualité et un mode ray tracing), une option à privilégier si vous voulez notre avis. Le gain de fluidité (malgré quelques ralentissements) fait du bien aux combats qui gagnent énormément en dynamisme, et on profite encore plus des différents effets visuels. Ces derniers sont variés et très réussis, voire impressionnants pour les attaques les plus puissantes. Quant aux décors, disons qu’ils soufflent le chaud et le froid. Certains sont très jolis, fournis en termes de végétation, avec de beaux effets de lumière (nous avons désactivé le flou de mouvement). D’autres sont vides et manquent d’identité, donnant l’impression que les développeurs ont simplement ajouté un filtre de couleur, violet ou rouge. Le parkour, très sympa à prendre en main, donne également lieu à quelques chouettes effets visuels. Malgré tout, on ne peut s’empêcher de penser au tout premier trailer du jeu… Et le résultat final est loin du compte. Encore une fois, c’est souvent la sensation de vide qui prédomine, et c’est bien dommage. Ce n’est pas le jeu qui mettra en valeur la puissance de la PS5, et on reste un énorme cran en dessous d’un Horizon : Forbidden West pour ne citer que lui. Concernant les visages, ils sont corrects, mais parfois un peu flous (comme certaines cinématiques). Les animations sont fluides et stylées, surtout durant les combats, et Frey a bénéficié d’un soin tout particulier.
Il est difficile de s’enthousiasmer à 100% en jouant à Forspoken à cause de ses défauts (et, il faut le signaler également, de son prix de vente trop élevé à nos yeux…), mais il y a quelques petites choses à savoir qui pourront peut-être rendre votre aventure plus agréable. Le jeu propose en effet des paramètres d’accessibilité franchement bienvenus. Nous vous conseillons par exemple d’activer la possibilité de ramasser automatiquement les objets au sol, c’est très pratique et ça évite de spammer à tout va le bouton triangle. Nous avons également activé la pause totale lors du changement de sorts, qui permet de prendre son temps pour passer d’une magie à une autre sans s’emmêler les pinceaux dans les menus. Pour votre bien-être, nous vous conseillons également de baisser la fréquence des dialogues entre Frey et Krav, son bracelet. Si la VF est correcte, les dialogues incessants auront vite fait de vous gonfler et de vous sortir du récit. Cette mode des jeux trop bavards (Aloy qui commente sans arrêt ce qu’elle fait dans Horizon Forbidden West, les personnages de God of War : Ragnarök qui spoilent sans cesse les résolutions d’énigmes) a clairement tendance à nous saouler. Enfin, nous vous conseillons de désactiver l’usage des gâchettes adaptatives, histoire de ne pas vous choper une tendinite ! Avec tout ça, croyez-nous, l’expérience n’en sera que meilleure.
Forspoken va décevoir une partie des joueurs, c’est certain. Même s’il est plutôt propre visuellement, le jeu est très loin du rendu des premiers trailers. Mais au delà de sa technique, c’est son monde ouvert qui pose problème. Il se dégage une sensation de vide, avec de grands environnements qui rappellent ceux de Sonic Frontiers. La verticalité de certains lieux permet de s’éclater en mode parkour, mais le tout est globalement assez triste, avec quelques bâtiments posés çà et là. Heureusement, les combats compensent cette morosité, et s’avèrent super jouissifs. Les sorts s’apprennent progressivement (contrairement à la démo qui du coup perdait et décourageait les joueurs), ont une certaine classe, et on enchaîne les attaques et les mouvements avec plaisir ! C’est clairement le point fort du jeu, et nous avons également beaucoup apprécié les musiques. Frey est quant à elle assez antipathique malheureusement, mais évolue sur la fin. Assez court en ligne droite, le jeu propose néanmoins pas mal de contenu annexe, et son univers, bien que vide, est parvenu à nous happer. Forspoken est un jeu aux défauts certains, mais qui sait proposer des choses intéressantes. Un prix de vente plus abordable aurait clairement joué en sa faveur.
Les +
- des combats explosifs, jouissifs
- les différents magies apportent une belle diversité
- mouvements de Frey fluides et bien animés
- le parkour, qui fonctionne bien
- les combats de boss
- les nombreuses améliorations des pouvoirs liés aux défis
- quelques très beaux effets visuels
- les options d’accessibilité, à ne pas négliger
- temps de chargement inexistants
- pas mal de contenu annexe, on ne voit parfois pas le temps passer
Les –
- mais assez court en ligne droite (moins de 15h)
- monde ouvert trop vide, et qui manque d’identité
- quelques longueurs (chapitre 11 notamment)
- une héroïne qu’on a du mal à apprécier
- visuellement loin des premiers trailers
- les contrôles, parfois confus
- un scénario très classique
- vendu plein tarif…
Lageekroom