Avis BD Glénat : La Tour – Tomes 1 et 2
Disponible dès le 9 juin prochain, la bande-dessinée « La Tour« , qui comprendra 3 tomes, a tout de suite réussi à nous attirer. De par sa magnifique couverture tout d’abord, mais également grâce à un synopsis ultra accrocheur nous rappelant quelques œuvres cultes post-apocalyptiques parues au cinéma. Nous avons eu la chance de recevoir ce premier tome avec un peu d’avance, et il est temps de vous en parler.
– Mise à jour de l’article avec notre avis sur le tome 2, disponible le 14 septembre 2022 –
Synopsis : Bruxelles, 2042. Il y a trente ans, le monde que nous connaissons a disparu. Une bactérie a décimé la quasi-intégralité de notre civilisation et la planète ne compte dorénavant plus que 2746 habitants. Ils vivent à la verticale, entassés dans une immense tour, séparés de la mort par un simple double-vitrage et principalement gérés par une curieuse IA nommée Newton. Ensemble, ils forment la Fédération des États-Unis d’Europe qui, elle-même se divise en deux groupes distincts : les « anciens » et les « intras ». Les premiers ont connu le monde d’avant, ils ont le souvenir d’un temps où l’air était respirable. Les seconds sont nés dans la tour, vivent selon les règles et le mode de pensée de leurs ainés et dernièrement, élèvent dangereusement leurs voix pour s’en libérer… Au sein de cette humanité chancelante, seul un groupe d’élite est autorisé à s’extirper de la tour : les chasseurs. Pendant deux heures, chaque semaine, ils traquent le gibier dans les rues désertiques d’une Bruxelles où la nature a repris ses droits. 47e membre de ce corps armé et dernière recrue en date, Aatami est un chasseur intra. De nature calme et courageuse, il ne laisse rien paraître de ses véritables intentions et pourtant, il n’a qu’une pensée : deux heures à l’extérieur, ça ne lui suffira pas. L’ouvrage est à découvrir sur le site de l’éditeur, à cette adresse.
Les débuts de l’ouvrage sont très contemplatifs. On y découvre un monde post-apocalyptique dans lequel la nature a repris ses droits, rappelant « Je suis une Légende » ou encore « The Last of Us ». Et à l’image de « Land of the Dead » de Georges Romero, les humains vivent entassés dans une immense tour à l’architecture aussi impressionnante qu’atypique. Une vilaine bactérie ayant eu raison de la quasi-intégralité de la civilisation, les déplacement en dehors de la tour sont interdits, et seuls les chasseurs sont autorisés à partir en expédition pour ramener un peu de gibier. Aatami est l’un d’eux, mais se sert du prétexte de la chasse pour découvrir l’extérieur. La tour est quant à elle gérée par une intelligence artificielle (peut-on d’ailleurs réellement faire confiance à une IA après avoir vu « 2001 L’odyssée de l’espace » ?), qui intervient en cas d’urgence (comme cet oiseau qui se cogne contre une vitre et la fissure, laissant l’air et la bactérie entrer) ou dans le quotidien des habitants. Des habitants divisés et répartis dans les différents étages, faisant naître, comme dans toute communauté, des inégalités.
Certains vivent sans eau, chauffage ni électricité, d’autres ont accès à l’eau mais en quantité limitée, sans oublier les avantagés qui disposent d’un certain luxe. Qui dit inégalité dit conflits, et on note 2 groupes bien distincts. D’un côté, on trouve les « anciens », qui ont connu le monde d’avant, la liberté en quelque sorte. De l’autre se trouvent les « intras », nés dans la tour, et qui considèrent leurs « parents » comme égoïste. A quoi bon faire des enfants si ces derniers ne connaîtront jamais la liberté ? C’est une question que l’on peut se poser, créant un véritable problème générationnel. Ce premier tome pose déjà des bases solides, et le scénario de Omar Ladgham et de Jan Kounen se façonne, mettant en avant des personnages intéressants. Chacun a ses objectifs, ses envies, et l’aspect humain est bien présent. On sent malgré tout que la situation menace à chaque seconde d’exploser, et que ce changement radical de façon de vivre atteindra forcément sa limite…
L’aspect cinématographique est bien présent, avec une mise en scène et des cadrages très travaillés. L’ensemble est magnifié par le coup de crayon de Mr Fab, qui nous propose de sublimes grandes illustrations des extérieurs, et des intérieurs davantage étouffants. La sensation d’enfermement est bien présente, et bien que la menace ne soit pas visible (on parle, on le rappelle d’une bactérie), elle est bien présente et on la ressent parfaitement, surtout lorsqu’une habitante se retrouve contaminée et se met à vomir du sang comme les infectés de « 28 jours plus tard ». Une nouvelle référence au cinéma donc, pour un ouvrage qui parvient à apposer sa patte, et à parfaitement doser le tension des événements. La fin, surprenante, donne clairement envie de découvrir la suite de cette bande-dessinée totalement d’actualité. Au final, ce premier tome de « La Tour » ne déçoit pas, avec son scénario qui prend déjà forme et ses personnages bien écrits. Même si le côté réaliste de certains visages pourra diviser, il est difficile de ne pas apprécier la grandeurs de certains environnements et le travail sur les extérieurs et la tour elle-même. Mettant en avant les dérives et les inégalités de notre société, avec une communauté enfermée dans un immense bâtiment sans échappatoire, « La Tour » est une bande-dessinée intelligente qui devrait à n’en point douter réserver encore de nombreuses surprises.
A lire également :
La Tour – Tome 2 : voilà déjà plus d’un an que nous avons eu la chance de découvrir le premier tome de « La Tour » ! Et c’est en ce mois de septembre que la bande-dessinée de Omar Ladgham, Jan Kounen et Mr Fab fait son retour aux éditions Glénat, avec un deuxième tome très attendu. Le premier volume avait su poser des bases intéressantes, pas mal de mystères également, malgré des personnages plus ou moins intéressants à suivre. Mais l’ambiance proposée par les auteurs était parvenue à nous immerger, et il nous tardait d’en apprendre davantage sur ce monde post-apocalyptique qu’Aatami va découvrir à travers son « grand voyage ».
On retrouve d’ailleurs notre héros en véhicule, à le recherche de survivants en direction d’une autre tour. Il est accompagné de Newton, l’intelligence artificielle, qui va tenter de lui fournir un maximum d’informations sur l’extérieur, mais les choses ont semble-t-il bien changé. Pendant ce temps là, dans la tour, les débats font rage suite à l’explosion de la serre. Les victimes sont nombreuses, et il va s’agir de trouver un nouvel endroit lumineux pour le transformer en une nouvelle serre. La production est en effet fortement impactée par ce drame, et il va falloir rapidement semer à nouveau. Le temple semble être tout désigné, mais ce n’est clairement pas au goût des religieux. Les habitants vont une nouvelle fois s’opposer, et trouver une solution ne sera pas simple. Le récit alterne entre passé et présent, et on découvre les derniers jours avant le départ d’Aatami. Nous devons avouer avoir un peu peiné à nous y retrouver, et on ignore encore le rôle de nombreux personnages.
Qui est la vieille femme, qui en sait beaucoup sur Newton, au point de protéger à tout prix l’intelligence artificielle ? Elle l’empêche même d’intervenir lors d’une altercation entre les religieux et les « intras ». Ces derniers passent à la vitesse supérieure et veulent se faire entendre, prétextant que les anciens ne les consultent jamais, n’hésitant pas à utiliser la violence. Nous devons avouer avoir une préférence pour les événements se déroulant en extérieur. La découverte du monde par Aatami est intéressante, et notre héros va même vivre une expérience pour le moins incroyable. Les différents personnages au sein de la tour sont moins accrocheurs, mais on retrouve les thèmes du premier tome, toujours intéressants, notamment lorsque cela touche l’IA Newton et sa faculté à mentir pour se rendre plus humaine. Certains personnages semblent également être immunisés au virus…
Visuellement, c’est toujours aussi beau, que l’on parle du choix des couleurs ou des différents paysages. Souvent contemplatif, ce tome 2 parvient à proposer des décors variés, avec des tons qui changent radicalement d’une scène à une autre. Seuls certains visages nous ont semblé moins travaillés que dans le tome précédent. Nous avons d’ailleurs une petite préférence pour ce dernier, mais nous attendrons malgré tout de pied ferme le troisième tome, histoire de lever le voile sur certains mystères !
Lageekroom
Belles illustrations, poétiques et dynamiques. J’ai cependant eu du mal à discerner les hommes des femmes, aux visages très androgynes.
La thématique est intéressante. Le résumé promet une histoire post apocalyptique trépidante et pleine de tensions. Néanmoins, je suis assez déçue. Le fil narratif va trop vite, laissant peu de temps pour réellement découvrir et apprécier les personnages et leurs intentions. On découvre une succession de scènes qui ne prennent pas le temps d’être approfondies. On ne s’attache pas aux personnages, on ne les comprends pas. On ne perçois pas les subtilités contextuelles, que ce soit les inégalités sociales ou les privilèges (par qui la population est gérée ? Y a t-il un maire? Est ce Newton qui fait la loi où est il simplement le boy 2.0 de service? pourquoi il n’y a pas d’eau au 41è? Pourquoi la mère vole dans la réserve de sa fille? A quoi sert la mère du jeune chasseur ? Est elle leader de quartier? Référente d’étage ? Pourquoi son mec fait la gueule? Pourquoi un zoom sur lui avec son diable? Que cherchait à faire ce gosse près de la fenêtre? Pourquoi cette explosion?). Bref, beaucoup de questions non résolues.
De plus, ce rythme narratif ne m’as pas permis de m’attacher aux personnages que je trouves froids. Leur caractère est plat, ce qui rend le conflit final sans intérêt, leurs aspirations sont mal définies, on se saisi mal de la tension entre les intrats et les anciens (la dernière scène nous surprend et fait penser à une crise d’ados en manque de Yop). Puis pourquoi cette grosse baston de western à la fin? Enfin ce ne sont que 15 gosses, y a pas des flics pour les gérer ? Et pourquoi Newton fait un kameamea? Pourquoi la vieille semble lui donne des ordres? Puis elle est qui au juste?
Encore une fois c’est très dommage car l’idée d’un conflit générationnel dans un contexte post apocalyptique ça claque. On sent que le premier tome veut poser le décor, malheureusement on n’a pas le temps d’en profiter. J’ai eu l’impression d’être comme Newton, de tout survoler.
Il aurait fallu deux fois plus de pages (dont une bonne dizaine sur le background histoire de savoir où on met les pieds), de personnages plus travaillés et des sujets de dialogues mieux sélectionnés, qui ont un réel enjeu, qui amènent le lecteur quelques part.
Bon la critique est un peu sèche, mais tenez bon les gars, c’est pas mauvais. Juste terriblement sous exploité. Le second tome sera forcément mieux. Je le lirai.
Puis j’ai 30 ans. Ça plaira tout de même à des ados.
La critique peut sembler sèche mais elle est argumentée et détaillée, merci pour ça !
Je comprends d’ailleurs les reproches faits à ce premier, et le nombre important de questions laissées sans réponse. On est un peu dans le flou… hâte de découvrir la suite pour voir comment le récit va évoluer 🙂