Avis Manga Glénat : Fool Night – Tomes 1 et 2
En cette année 2022, les éditions Glénat nous proposent de belles découvertes dans des genres bien différents, et après « L’Oiseau d’or de Kainis« , « Le Livre des sorcières » ou encore « Sakamoto Days« , nous avons eu la chance de recevoir le premier tome de « Fool Night », première série du mangaka Kasumi Yasuda. L’auteur compte bien nous embarquer dans un récit d’anticipation dystopique, dans lequel humains et végétaux se confondent. Dit comme ça, cela pourra paraître étrange, mais vous allez rapidement comprendre que l’univers mis en place est véritablement accrocheur. C’est parti pour notre avis !
– Mise à jour de l’article avec notre avis sur le tome 2, disponible le 21 septembre 2022 –
Synopsis : Depuis cent ans, un épais nuage empêche le soleil d’éclairer la Terre. La nuit et l’hiver se prolongèrent à jamais et la plupart des végétaux périrent. L’humanité plaça ses espoirs dans la technique de “transfloraison”, consistant à transformer un humain en plante. Bien évidemment, ces opérations sont limitées aux personnes en fin de vie, pour une raison éthique… mais lorsqu’une prime de dix millions de yens est accordée aux volontaires, certains n’hésitent pas à contourner les règles pour s’inscrire sur les listes. Toshiro est l’un d’entre eux : sans aucun avenir et fatigué de la vie, il va choisir de se transformer en plante. Mais cette opération va lui accorder des talents qu’il ne soupçonnait pas ! L’ouvrage est à découvrir sur le site de l’éditeur, à cette adresse.
Les premières pages de « Fool Night » sont surprenantes. On y découvre 2 enfants, qui papotent sur le chemin de l’école. Il se baladent et discutent comme le feraient tous les jeunes de leur âge, mais on découvre rapidement que l’environnement qui les entourne n’a rien de normal. On peut y voir des sortes de cadavres humains attachés sur des grilles, et dans lesquels la végétation semble avoir repris ses droits. En vérité, ces corps ont été « transformés »… On nous explique que le soleil n’éclaire plus la Terre, que la végétation a quasi disparu (incapable de pousser), et qu’une technique a été mise au point afin de sauver l’humanité : la « transfloraison ». Pour faire simple, on transforme un humain mourant en plante, en semant une graine à l’intérieur de son corps. C’est son âme qui sert d’engrais pour que la plante se développe, en environ 2 ans. Après ces 2 années, l’être humain devient une plante à part entière. Une idée aussi glauque qu’originale, qui permet aux femmes et aux hommes de survivre dans un monde quasi plongé dans les ténèbres.
A l’issue de la transfloraison, les humains sont appelés « sanctiflores » et peuvent devenir des arbres, des plantes ou encore des fleurs. Bien sûr, cela est fait via leur consentement, et une prime de 10 millions de yens est versée aux volontaires. Le héros de notre récit, Toshiro, n’est pas mourant. Et pourtant, c’est tout comme : il est exploité professionnellement, sa mère est malade et souffre de crises de violence, et il peine à remplir le frigo une fois les nombreuses factures payées (dont des taxes pour l’oxygène). Au bout du rouleau, il tente le tout pour le tout et se fait passer pour mourant pour bénéficier de la transfloraison et récupérer de l’argent pour soigner sa mère. Toshiro est le jeune garçon que nous avons découvert, quand il était enfant, au début du tome. Il ne va pas tarder à retrouver la jeune fille qui l’accompagnait, Yomiko, qui est désormais spécialiste de la chirurgie consistant à semer les graines dans les corps humains.
Se rendant compte que Toshiro n’est pas réellement mourant, elle va refuser de l’opérer. Mais Toshiro va malgré tout aller au bout de son projet, et deviendra lui aussi un végétal d’ici 2 ans. Dans toute sa misère, Toshiro va se faire voler son argent, mais va se rendre compte d’une chose : il entend ce que disent les sanctiflores, ces humains déjà transformés. On avait en effet remarqué que ces derniers tentaient de parler en disant quelques mots incompréhensibles… que Toshiro parvient à comprendre. Yomiko va lui demander de l’aider à résoudre certaines missions, son pouvoir étant autant une malédiction qu’un atout ! Mais alors qu’un fil rouge se dessine (la fille partie au pôle Sud), notre nouveau duo va se lancer dans une toute autre mission concernant une jeune pianiste et son père, un sanctiflore disparu. Ce premier tome est surprenant, et parvient à nous faire comprendre rapidement les règles de son univers. C’est bien écrit et déjà bien développé, que l’on parle du contexte ou des personnages. On sait que Toshiro mourra dans approximativement 2 ans une fois sa transformation terminée, et son corps commence déjà à changer. A l’image de l’excellent film de David Cronenberg, La Mouche, le corps de Toshiro va se transformer, et c’est sans aucun doute inéluctable.
Ce premier tome nous parle de mort, de résignation mais également d’espoir, tout en proposant un aspect horrifique qui fonctionne bien. Certains sanctiflores sont clairement flippants (et font penser aux différentes monstruosité de The Thing de Carpenter), sans parler du visage terrifiant de la mère de Toshiro lorsqu’elle est en crise. Un sentiment de fatalité est présent tout au long du tome, amplifié par cette ambiance sombre née du contexte climatique. Le monde est devenu gris, et l’ambiance l’est tout autant. Visuellement, c’est superbe, et Kasumi Yasuda fait preuve d’ingéniosité dans sa mise en scène, avec de magnifiques cadrages. Au final, ce premier tome de « Fool Night » est une sacrée surprise. L’univers mis en scène par Kasumi Yasuda est déjà riche et propose une sacrée ambiance. Les personnages sont intéressants, et on comprend rapidement les enjeux et ce qui attend Toshiro. C’est superbement sombre et glauque, mais quelques touches d’espoir parviennent néanmoins à percer dans un récit qui n’épargne pas ses personnages. Nous avons hâte de découvrir la suite, prévue pour le mois d’août prochain.
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Fool Night – Tome 2 : Dans ce monde sans espoir ni lumière naturelle, la société place toutes ses attentes dans la “transfloraison”, un procédé qui permet de métamorphoser les êtres humains en végétaux. Après leur opération, les individus ont deux ans avant de devenir une sanctiflore, une plante à part entière. Toshiro, le héros, vit dans une grande pauvreté. Il opte pour cette transformation irréversible. Comment passera-t-il ses dernières années de vie en tant qu’homme?
Le premier tome de « Fool Night », disponible depuis le 4 mai dernier, fait partie de nos plus belles découvertes de cette année 2022. Une surprise d’autant plus impactante qu’il s’agit de la première série de son mangaka Kasumi Yasuda ! Nous avions donc extrêmement hâte de découvrir la suite du récit, et nous avons eu la chance de recevoir ce tome 2 avec un peu d’avance afin de vous en parler. Ce qui frappe dans « Fool Night », c’est son ambiance, souvent sombre et horrifique. Le monde est devenu gris, et la nuit et l’hiver semblent ne jamais se terminer. Les végétaux meurent, et seule la transfloraison”, ce procédé qui permet de métamorphoser les êtres humains en végétaux, semble apporter un peu d’espoir. Notre héros Toshiro a choisi de franchir le pas. Faisant croire qu’il était mourant, il a empoché la prime de 10 millions de yens (argent rapidement perdu) et opté pour cette transformation irréversible. Il ne lui reste désormais plus que 2 ans à vivre, et son corps commence déjà à se transformer…
Mais ce changement ne s’arrête pas là, et Toshiro semble « entendre » les plaintes des sanctiflores, d’autres humains déjà transformés. Ils semblent dégager une certaine souffrance, comme perdus dans des limbes. Ce tome 2 s’avère tout aussi riche que le premier. Toshiro se rend compte que la vie est courte, encore plus dans son cas, et va prendre conscience du temps qui passe. Il va l’utiliser à titre personnel, pour apprendre le piano par exemple (avec la jeune femme rencontrée dans le premier tome), ou encore pour tenter d’aider sa mère, mais cela semble peine perdue. Mais la réalité refait rapidement surface, avec la présence d’un tueur en série. On compte déjà 25 victimes, dont des familles, mais aucune trace de pas n’est découverte sur les lieux des crimes. Qui est donc ce mystérieux individu ? Le récit va prendre une tournure policière, rappelant certains thriller sombres comme Seven. On nous parle d’avenir, mais également de présent, notamment dans un flashback mettant en scène la rencontre entre Toshiro et Yomiko.
On retrouve également le coup de crayon atypique de Kasumi Yasuda, notamment au niveau des visages des personnages. L’ensemble dégage toujours autant de noirceur, avec des contrastes parfaitement maîtrisés et des décors très détaillés. Il y a bien quelques petites maladresses de mise en scène, mais elles sont largement compensées par de très beaux cadrages et un découpage qui sait être dynamique lorsque le rythme monte d’un cran. Au final, nous ne sommes pas déçus par ce deuxième tome, qui intègre de nouveaux personnages et un antagoniste aussi mystérieux que flippant. Nous avons hâte de découvrir la suite.
Lageekroom