Avis manga Ki-oon : Le Palais des Assassins – Tomes 1 à 3
Série en cours au Japon depuis 2021 dans les pages du magazine Gekkan! Spirits des éditions Shogakukan, « Le Palais des Assassins » est arrivé chez nous début février aux éditions Ki-oon. Si le manga signé Tabasa Iori vous rappelle l’excellente série « Les carnet de l’apothicaire« , c’est tout à fait normal, son récit se déroulant dans le même contexte, à savoir l’Histoire des cours impériales. Nous avons eu la chance de recevoir le premier tome, et il est temps de voir s’il est parvenu à nous happer. C’est parti !
– Mise à jour de l’article avec notre avis sur le tome 2, disponible le 2 mai 2024 –
– Mise à jour de l’article avec notre avis sur le tome 3, disponible le 4 juillet 2024 –
Synopsis : Karin vient d’entrer comme apprentie servante au quartier des femmes du palais impérial. Dans ce lieu à part, elle espère réaliser son vœu de toujours : se faire des amies ! Fille du haut fonctionnaire le plus craint de l’empire et considérée comme le bras armé de son conspirateur de père, elle a toute sa vie vécu isolée. Même si elle est experte dans l’art de l’assassinat, elle n’aspire qu’à une vie normale ! Pourtant, les efforts qu’elle fournit pour se rapprocher de ses camarades sont vains, car la peur qu’elle inspire fait d’elle une paria… Un soir de tempête, alors qu’elle est au bord du désespoir, un garçon s’approche pour lui offrir son parapluie avant de disparaître… Ce n’est autre que l’empereur lui-même ! Ce geste d’amitié inattendu redonne courage à la jeune fille, qui jure de prouver sa reconnaissance. L’occasion ne tarde pas : elle débusque un assassin infiltré qui cherche à atteindre le petit monarque et l’élimine grâce à ses talents cachés ! Tant de gens veulent la perte du souverain… mais Karin se promet de le protéger dans l’ombre !
À de nombreux moments, « Le Palais des Assassins » nous a fait penser aux Carnets de l’apothicaire, mais il serait dommage de le réduire à cette comparaison, le récit nous faisant découvrir des personnages déjà intéressants, à commencer par notre jeune héroïne Karin. Cette dernière, qui vient d’entrer comme apprentie servante au quartier des femmes du palais impérial, ne pense qu’à une chose : se faire des amies. Seulement voilà, tout le monde la craint, et pour cause : elle est la fille du haut fonctionnaire le plus craint de l’Empire, et toutes ses camarades craignent qu’elle leur fasse du mal. Difficile de s’intégrer dans un contexte pareil, et Karin se retrouve isolée. Un soir, alors qu’elle est totalement résignée sous la pluie, un jeune garçon s’approche d’elle et lui tend son parapluie. Elle découvre qu’il s’agit de l’Empereur, seule personne ayant eu jusqu’à maintenant un geste envers elle. Elle décide de ne pas baisser les bras, mais va tomber sur une mystérieuse tueuse, venue s’en prendre à l’Empereur. Les capacités uniques de Karin vont lui permettre de se débarrasser de la menace, et elle va décider de protéger l’Empereur.
Différentes intrigues se mettent en place dans ce premier tome, dans lequel il est question de lutte pour le trône (le jeune Empereur Gyosei, a été intronisé à l’âge de dix ans, après les assassinats de ses deux demi-frères) ou encore d’ascension dans la hiérarchie qui régit la cour intérieure, des servantes aux intendantes en passant par les cheffes ou les simples dames de compagnie. Tout ceci est bien expliqué, et on se laisse embarquer dans cet univers toujours aussi intéressant. Encore une fois, le manga va être comparé aux Carnets de l’apothicaire, et c’est tout à fait normal, mais les 2 œuvres ont leur place à nos yeux, et même si « Le Palais des Assassins » démarre de façon un peu plus timide, le résultat est de bonne facture. Certaines touches d’humour marchent bien, notamment en lien avec Karin et sa bouille pas possible (avec ses grands yeux noirs et ses dents pointues), et ce paradoxe entre sa volonté d’être comme les autres (et se faire des amies) et ses aptitudes au combat. Visuellement, c’est détaillé et immersif, avec un très beau travail sur les costumes, mais cela manque un peu d’environnements à nos yeux. Les personnages sont quoi qu’il en soit nombreux, et certains tirent déjà les ficelles. Les bases de ce premier tome sont donc solides, et il reste à voir comment le récit va développer ses différents arcs narratifs. Nous sommes curieux de le découvrir.
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Le Palais des Assassins – Tome 2 : Grâce à ses efforts, et après plusieurs tentatives de meurtre déjouées dans l’ombre, Karin est enfin devenue servante à la cour intérieure ! Elle partage à présent sa chambre avec des collègues qui, elle l’espère de tout cœur, accepteront d’être ses amies… De leur côté, les demoiselles tremblent à l’idée de froisser la fille du terrible O Ko… jusqu’à ce que Reiko décide de dépasser ses préjugés. Hélas, quelques jours plus tard, cette nouvelle camarade est suspectée d’espionnage ! Est-elle réellement coupable ou victime d’une machination ? L’experte en assassinat est déterminée à mener l’enquête…
Même si nous avons passé un bon moment avec le premier tome de « Le Palais des Assassins », nous avons trouvé les débuts du manga de Tabasa Iori un peu timides, avec l’espoir de voir le récit s’emballer un peu avec la suite. Et malgré des bases assez solides, ce tome 2 reste encore à nos yeux en deçà de ce qu’on en attendait, la faute à un récit qui peine à se développer. L’intrigue est pour le moment reléguée au second plan, et malgré la présence de personnages intéressants et l’arrivée du frère de notre héroïne, l’ensemble manque encore d’ambition. Pourtant, on passe un bon moment avec ce tome 2, grâce notamment à la fraîcheur de Karin, à sa relation naissante avec Reiko, et à l’arrivée de son frère qui l’embarque dans une enquête hors des murs de la cour intérieure. En effet, un corps a été dérobé dans le mausolée impérial, et un bout de tissu a été retrouvé à proximité. Ce sera à Karin d’enquêter pour trouver à qui il appartient.
Pas d’assassinat à déjouer cette fois-ci pour notre héroïne, qui va à nouveau croiser la route de l’Empereur. Une nouvelle fois, les personnages font la force de ce tome. On en découvre davantage sur la jeunesse de Karin en compagnie de son frère, qui lui fait vivre des misères, et la fin du tome emmène la jeune fille au « Palais du froid », où elle va rencontrer des épouses qui ont perdu les faveurs du précédent Empereur (certaines ignorent même qu’il n’est plus de ce monde). L’ambiance est pesante, semblable à une prison, et Karin va faire la rencontre d’une mystérieuse femme. Globalement, ce tome 2 est satisfaisant, mais à l’image du premier, nous restons sur notre faim. Certains passages dégagent une jolie fraîcheur, mais l’ensemble manque d’un réel fil rouge pour nous embarquer totalement. On parcourt donc ce nouveau volume en attendant d’être surpris voire émerveillé (le contexte s’y prête tout particulièrement), mais ce n’est pas encore le cas. Cela ne nous empêchera pas de découvrir le tome 3, prévu pour l’été prochain. On vous en parle à sa sortie !
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Le Palais des Assassins – Tome 3 : Malgré ses bons et loyaux services, Karin est reléguée à l’entretien du palais du froid, un endroit lugubre où séjournent les épouses qui ont perdu la faveur de l’empereur ou commis quelque faute. La servante a pour ordre de n’adresser la parole à personne, au risque de créer de graves problèmes… mais elle rencontre par hasard une jeune femme étrangère au corps émacié, qu’elle ne peut s’empêcher de prendre en pitié. C’est là que celle qu’on appelait autrefois « concubine Kocho » lui fait part de son souhait le plus cher : revoir l’ancien monarque, sans savoir qu’il est décédé ! Malgré son état, la favorite déchue parvient à s’enfuir et, à présent, l’experte en assassinat doit à tout prix la retrouver… avant que ne survienne une catastrophe !
« L’art de l’assassinat ne consiste pas uniquement à éliminer des cibles en toute discrétion dans des lieux déserts… »
Vous parler du tome 3 de « Le Palais des Assassins » nous réjouit beaucoup, car après 2 tomes un peu timides qui nous avaient laissés sur notre faim, les choses sérieuses commencent. Tabasa Iori nous livre en effet un nouveau volume bien plus accrocheur mais surtout plus riche et rythmé, s’attardant sur les personnages et leurs relations mais également sur l’aspect politique du récit. On démarre avec l’arc consacré à Kocho, qui s’échappe du « Palais du froid » pour retrouver l’Empereur, ignorant qu’il ne fait plus partie de ce monde. Karin, qui n’a pas eu le courage de lui dire, s’en veut énormément et part à sa poursuite. Malheureusement, Kocho va être enlevée et va en apprendre davantage sur son (triste) passé et le sort qui a été réservé aux siens. S’infiltrant comme elle sait si bien le faire, Karin libère Kocho et l’emmène auprès de son père pour la protéger. On découvre donc Karin une nouvelle fois en dehors de la cour intérieure, auprès de ses frères et son père, personnage important au charisme indéniable. On retrouve également Karin en pleine action, profitant de ses incroyables compétences.
« Parfois, nous agissons aussi en public, au grand jour… »
Le récit s’articule ensuite autour de la fête des labours, cérémonie importante à laquelle l’Empereur tient à participer. Ce dernier se dévoile davantage à nous, et va devoir faire face à un assassin… Karin sera-t-elle capable de le protéger ? Comme nous le disions précédemment, ce tome est dense et développe grandement son aspect politique, avec des personnages qui tentent de tirer les ficelles. C’est parfois complexe, mais on retrouve dès les premières pages de ce tome un tableau très instructif qui résume les relations entre les différents personnages. Ce tableau fait clairement du bien, et permet de bien saisir tous les enjeux à venir. La société est sur le point de s’écrouler, entre les guerres intestines qui rongent le pays et l’exode des grandes familles vers l’étranger. Quand la politique est négligée, elle tombe souvent entre de mauvaises mains, et dès qu’un individu tente de changer les choses (ici, l’Empereur), il est tué par ceux qui ne pensent qu’à l’argent et au pouvoir. On tient peut-être là (enfin) ce fil rouge qu’on attendait tant, et qui donne envie de découvrir la suite du récit ! Ce tome 3 est aussi divertissant qu’intelligent (avec quelques pointes d’humour), et propose également quelques magnifiques illustrations et une immersion toujours aussi réussie. C’est pour le moment le meilleur de la série, et de loin.
Lageekroom