Avis BD : Marie et les esprits (éditions Anspach)
Disons-le tout de suite : notre one-shot du jour, disponible aux éditions Anspach (« Plagiat !« , « L’année Zéro« ), nous a passionnés du début à la fin. Forcément, un ouvrage nous parlant de Pierre et Marie Curie ne peut que titiller notre curiosité, mais dans le cas présent, l’approche est quelque peu différente. Si Pierre et Marie Curie sont principalement connus pour leurs recherches scientifiques, ils se sont également intéressés au spiritisme et aux phénomènes inexpliqués. Un axe de recherche bien différent, mais clairement authentique, que l’on découvre dans notre ouvrage du jour, parfaitement documenté, et signé Rodolphe (au scénario), Olivier Roman (au dessin) et Cerise (à la colorisation). C’est parti pour notre avis.
Synopsis : Début du 20e siècle. Pierre et Marie Curie étudient le spiritisme, ces phénomènes inexpliqués qui méritent eux aussi d’être observés avec un esprit scientifique. En compagnie d’autres brillants intellectuels, dont Charles Richet (prix Nobel de physiologie ou médecine, 1913) et Henri Bergson (prix Nobel de littérature, 1927), ils organisent des séances avec la médium italienne Eusapia Palladino dans un hôtel particulier à Paris. Confrontée à la mort tragique de Pierre, les certitudes de Marie vont-elles vaciller lors d’une dernière séance autour des vêtements ensanglantés du défunt ?
« Les scientifiques que nous sommes ont le devoir de mettre leurs connaissances et leurs outils au service de tous les domaines qui les sollicitent »
Pierre et Marie Curie sont des scientifiques de renom et ont marqué l’histoire. Néanmoins, il y a une partie de leurs travaux qui reste obscure pour le grand public, et qui est pourtant bien réelle : leurs recherches sur le spiritisme. Un partie de leur vie clairement occultée, ne collant peut-être pas à l’image que doit avoir un scientifique, qui est donc abordée dans « Marie et les esprits », disponible aux éditions Anspach. Pierre et Marie Curie, accompagnés d’amis savants ou intellectuels, ont assisté à de nombreuses séances de spiritisme de la médium italienne Eusapia Palladino, personnage bien réel pas forcément mis en avant dans l’ouvrage mais dont nous avons trouvé beaucoup d’informations sur le net. Eusapia Palladino a parfois été prise en flagrant délit de tricherie, mais l’a toujours admis, affirmant qu’il s’agissait simplement de pimenter un peu ses séances pour les rendre plus impressionnantes. Ses dons étaient pour elle bien réels, et on peut en avoir un aperçu durant certaines séquences, avec des tables qui bougent et des esprits qui semblent bel et bien présents dans la pièce. Pierre et Marie Curie vont, de manière scientifique, étudier tout ça, utilisant leur matériel et leur savoir de la même façon qu’ils le faisaient dans leur laboratoire. On se demande si tout ceci est bien réel, et c’est clairement passionnant et crédible.
Marie Curie s’intéresse de près au spiritisme, et la mort de son mari, renversé en pleine rue, ne va faire qu’accélérer les choses. On se rend une nouvelle fois compte, avec cet événement tragique, que « Marie et les esprits » est un ouvrage parfaitement documenté, qui a nous donné envie, à plusieurs reprises, d’approfondir son récit en allant chercher d’autres informations sur internet. La fin de l’ouvrage revient d’ailleurs sur les personnages clés du récit et sur les événements marquants (les séances avec Eusapia Palladino, la mort de Pierre Curie, le deuil de Marie), le tout illustré de belle manière. Marie est quoi qu’il en soit dévastée par la mort de Pierre, et leur amour était fort et sincère. Elle va s’intéresser d’encore plus près aux esprits et organiser des séances pour communiquer avec celui de Pierre. La perte d’un être cher est un des pires moments dans une vie, et chamboule bien souvent nos croyances. On s’éloigne désormais de la science pure, mais l’ensemble conserve un certain réalisme et n’en fait jamais trop. On se laisse totalement et facilement happer par le récit, le tout étant illustré de belle manière avec un trait réaliste immersif et de très belles couleurs. Encore un bel ouvrage en provenance des éditions Anspach, que l’on remercie une nouvelle fois pour la découverte !
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