TEST : Skater XL, un certain manque de finition mais de bonnes sensations

Contrairement à ce que beaucoup peuvent penser, se rappeler ou espérer (rayez la mention inutile selon le cas), Skate 3 n’était pas le dernier jeu de skateboard sorti sur nos consoles. Après lui, nous avons eu le droit à un moyen Shaun White Skateboarding chez Ubisoft fin 2010, à un Tony Hawk Shred (avec sa planche en plastique) sorti à la même période pour lequel nous n’avons même pas de qualificatif et à un épouvantable Tony Hawk’s Pro Skater 5 en 2015. Bref, réellement, cela fait 10 ans que nous n’avons pas eu un bon jeu de skate à nous mettre sous la dent, ou 5 ans que nous n’avons pas eu un jeu avec du skate. Sur Xbox One, 2020 s’annonce donc comme une excellente année avec l’arrivée de trois projets, sans parler de l’annonce d’un Skate 4 qui sortira plus tard. Après un Session arrivé en accès anticipé qui se présente pour l’heure comme un diamant brut qu’il faut encore tailler, nous avons pu mettre les mains sur le Skater XL de Easy Day Studios. Après avoir passé un petit temps en accès anticipé sur Steam, le titre débarque en version 1.0 (et même un peu plus puisqu’un patch day one a été déployé) sur nos Xbox One. Alors ça roule ou ça se casse la gueule ?


test skater XL blog jeux video gaming lageekroomPour bien situer le contexte, il est bon de rappeler qu’Easy Day Studios est un petit studio indépendant qui n’a pas les moyens des studios d’Electronic Arts ou de ceux soutenus par Activision. A l’image de creā-ture Studios (les développeurs de Session), Easy Day Studios a mis les mains dans le cambouis et a développé son jeu en se basant sur les retours de la communauté grâce à la version en accès anticipé. Il a eu toutefois la chance d’obtenir le support de Koch Media pour assurer la communication autour du jeu, ce qui a donné une bonne visibilité à son Skater XL ces derniers mois. La contrepartie, c’est que le titre n’est pas vendu plein pot puisqu’il est proposé à 39,99€. Vous comprendrez mieux pourquoi certains aspects peuvent décevoir et que d’autres sont bruts de décoffrage, la volonté du studio ayant été de mettre l’accent sur le gameplay. Après un chargement un poil longuet, le joueur est invité à découvrir les bases du gameplay au travers d’un petit tutorial. N’espérez aucun enrobage, il n’y en a pas. On vous explique ainsi les bases, sur lesquelles nous reviendrons ci-dessous, et on vous lâche sur la map.


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Cela étant dit, on peut ouvrir le menu pour profiter d’une option de personnalisation. On peut ainsi choisir entre incarner l’un des quatre professionnels de la discipline présents (Tiago Lemos, Evan Smith, Tom Asta ou Brandon Westgate) ou incarner un personnage lambda, masculin ou féminin. On peut ensuite personnaliser la teinte de la couleur de peau, la chevelure (point accessoire si on met un couvre-chef derrière), mettre une casquette et choisir sa tenue (haut, bas et chaussures). Les choix sont assez limités mais on note la présence de véritables marques, dont Sk8Mafia, DC, Element ou encore Etnies. Bien entendu, on peut également personnaliser sa planche, que ce soit le sticker du dessous, le grip, les trucks ou encore les roues. Toutes les créations ne sont pas du meilleur goût mais cela permet d’avoir le choix et d’avoir une planche que peu d’autres joueurs ont. Cela pourrait en décevoir certains mais Skater XL est un jeu 100% solo. Il n’y a pas de système de scoring, donc pas de leaderbords pour se comparer avec ses amis. Le seul outil présent, c’est une fonction replay qui permet de revenir sur les dernières dizaines de secondes de sa session pour ensuite en faire un clip. L’outil est vraiment bien foutu, fonctionnel et on peut bien entendu ajuster la caméra, changer le mode de suivi (orbite, trépied, libre), modifier la durée du clip, saisir un moment clé, etc. Une fois que l’on est content de son montage, il suffit simplement de le sauvegarder avant de le… Ah non, il n’y a pas de fonction de partage. On peut alors inviter des potes chez soi pour leur montrer nos plus belles actions ou utiliser en surcouche la fonction « enregistrer ce qu’il s’est passé » de la Xbox One pour ensuite l’uploader via Upload Studio pour le partager ensuite sur les réseaux sociaux et compagnie.

De même, si vous cherchez des modes de jeu fun ou offrant des défis à base de scoring ou de lettres à récupérer par exemple, passez votre chemin, il n’y a rien de cela ici. Dans Skater XL, il y a bien un petit menu Challenges associé à chaque map du jeu mais celui-ci demande simplement de reproduire des tricks ou des enchaînements de tricks (les lines) à des endroits spécifiques de la map. On a même une grosse manette affichée à l’écran pour montrer les commandes à exécuter pour réussir le défi et un fantôme qui nous précède pour bien nous montrer ce qu’il faut faire. Ce n’est pas fun, vraiment, mais ça permet de bien appréhender le gameplay et d’assimiler les commandes et leur logique. La véritable star de Skater XL, c’est clairement son gameplay. A l’image de ce que propose Session, tous deux s’étant inspirés du système Nail the Trick de Tony Hawk’s Project 8, le joueur contrôle les deux pieds de son skater, indépendamment l’un de l’autre, grâce aux joysticks. Ainsi, le stick gauche permet de gérer le pied gauche et le stick droit de commander le pied droit. Les gâchettes basses permettent de contrôler le poids du skateur et donc la direction qu’il prend sur sa planche. Pour ne pas trop perdre les petits nouveaux, les joueurs peuvent également utiliser le stick gauche pour diriger leur skater, histoire de ne pas être totalement dépaysés par rapport à la licence Skate notamment. A cela, il faut rajouter une gâchette haute pour assurer les grabs (pour saisir la planche avec la main), les touches A/X pour donner l’impulsion avec la jambe et la touche B pour freiner avec la semelle de sa chaussure. En revanche, on ne peut pas descendre de sa planche, la prendre sous le bras et parcourir la map pour monter des escaliers ou simplement courir vers un autre spot.


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Le système mis en place s’apparente plus à un pointeur de géolocalisation qui fixe le point de respawn en cas de chute. On peut toutefois le placer où l’on souhaite sur la map, tant que l’endroit est accessible. Si le gameplay est aussi intéressant, c’est parce qu’il n’est en rien scripté. Comprenez par là que chaque trick repose sur des facteurs logiques : la distance par rapport à l’obstacle, l’angle d’attaque, la vitesse du skater, la hauteur, la position de la planche… Bref, pour bien réaliser un grind par exemple, il faut donner l’impulsion (ollie ou nollie pour faire simple) au bon moment pour que la planche se place naturellement au niveau de l’élément à grinder (la position par rapport à celui-ci permettra de grinder avec le milieu de sa planche ou l’un des côté par exemple) et diriger les pieds pour répartir le poids du skater en fonction du trick que l’on veut réaliser. Pour qui n’a jamais fait de skate, la logique paraîtra peut-être étrange et le fun ne sera pas immédiat… Mais pour quelqu’un qui a déjà fait du skate, sans forcément être un fou de tricks, tout paraît tellement évident que l’on arrive à sortir les tricks souhaités facilement dès que l’on a bien pigé la logique. Après tout, le fait de contrôler les deux pieds et donc le poids du skater permet de faire exactement les mêmes tricks qu’en vrai. En plus, tout est lié à l’input donné au niveau de la commande. Donnez une impulsion avec les deux sticks et vous sauterez plus haut, prenez suffisamment de vitesse et vous éviterez la chute en haut de la rampe, continuez à faire tourner la planche avec un pied et elle continuera à tomber quitte à risquer une chute.

Pour vous aider, la manette affichée à l’écran pour montrer les commandes que vous exécutez reste dans le coin gauche pour bien vous montrer ce que vous faites, tandis que le nom des figures s’affiche en haut à gauche. Mais si vous le souhaitez, pour plus d’immersion, vous pouvez tout simplement les retirer. En somme, le gameplay de skate se résume à reproduire l’essence même du skate. On se retrouve donc à passer plusieurs minutes, avec quelques chutes, avant de réussir la ligne parfaite que l’on voulait faire, avant de l’immortaliser avec le replay. On tente, on chute, on réessaie, c’est ça le plaisir du skate. Comme en plus les sensations avec la manette dans les mains sont bonnes, on se retrouve souvent à y retourner, d’autant que contrairement à Session notamment, le titre se veut plus accessible. Comprenez que vous ne chuterez pas au moindre contact avec un mur ou une marche, ou encore que les réceptions sont assez permissives. On perd ainsi un peu en côté simulation ce que l’on évite de prendre en frustration. Néanmoins, tout n’est pas rose puisque le moteur physique semble daté ou du moins pas assez perfectionné. Outre les chutes ridicules avec notre skater qui ressemble à un mixe entre une poupée de chiffons et un mannequin de crash test selon la chute, nous relevons surtout une physique un peu lunaire. La planche ne claque pas le sol comme il faudrait, les sauts montrent un skater moins soumis aux lois de l’attraction que les humains et les grabs trahissent des défauts dans l’animation que l’on retrouve à d’autres endroits. De même, visuellement, le titre a quelques années de retard, que ce soit au niveau des modélisations ou des textures. Mettez-le à côté de Skate 3 et vous ne verrez pas qu’il y a dix ans et une génération de console de différence.


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Côté musique, c’est en revanche bien plus positif, la bande-son très typée rock indé étant de qualité. Dommage qu’elle finisse rapidement par tourner en boucle et qu’on ne puisse pas faire sa propre playlist ou du moins établir l’ordre de passage, voire mettre un mix à l’ordre aléatoire. Niveau contenu, nous l’avons vu, à part les quelques défis qui sont un prolongement du didacticiel, il n’y a rien d’autre. Du coup, tout est dans le plaisir d’errer sur la map et de skater. Pour apporter un peu de diversité, Easy Day Studios a intégré cinq cartes officielles. La première, c’est clairement la plus grande et la plus travaillée, c’est Easy Day High School. Plusieurs spots (avec des modules variés, dont un volcano central arboré, des escaliers, des rails un peu partout, etc.) sont de la partie sur cette map qui représente l’idée que l’on a d’un établissement scolaire de la Californie. La deuxième map, The Big Ramp, est clairement intéressante car elle représente un enchaînement de plusieurs rampes, dont une immense en bout de course, avec des tremplins, un ledge ou encore quelques copings pour assurer des grinds. Avec la physique lunaire, c’est la map qui permet de faire les figures les plus spectaculaires et d’aller au-delà des 1080° pour les tricks que l’on souhaite faire.

Les trois autres maps (Downtown LA, California Skatepark et West LA Courthouse) ont hélas quelques points en communs. Elles sont petites, très petites, et les spots se font moins nombreux. Downtown LA notamment offre des boulevards immenses sur lesquels on se contente finalement de faire de la villégiature. Heureusement, quelques spots permettent tout de même de gagner en verticalité, comme la possibilité de faire un saut au-dessus d’une petite rambarde en verre pour atterrir plusieurs mètres plus bas sans aucune chute, fracture ou autre. Il y a de quoi s’amuser un peu mais les manuals seront un peu plus longs pour rallonger votre ligne. Ce qui est dommage en revanche, c’est d’être resté dans des environnements californiens alors que nous avons également des spots intéressants en Europe notamment. Du coup, pour rallonger un peu le plaisir et apporter encore de la variété, les développeurs ont intégré trois cartes communautaires réalisées par les joueurs PCistes. Celles-ci sont plutôt agréables et offrent là encore quelques spots bien placés pour se faire des enchaînements pas forcément spectaculaires mais qui demandent un peu de maîtrise. Le souci, c’est que nous ne savons pas encore si d’autres cartes communautaires seront ajoutées… Si oui, combien ? Le gros souci étant le fait qu’il n’y a pas d’éditeur de maps dans le jeu, même pas un éditeur pour pouvoir placer des modules dans les maps existantes. Dommage !


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Un gros plaisir très imparfait…


Cette année, il y a trois jeux de skate qui sortent et chacun a sa propre philosophie. Même si la compilation des remasters de Tony Hawk’s Pro Skater 1 et 2 n’est pas encore sortie, je connais suffisamment bien la licence pour dire que ces deux opus misent sur l’arcade, le plaisir, le fun immédiat, avec des objectifs, de la variété. La licence Skate, qui sera de retour avec le 4, garde la philosophie de l’amusement en tête, tout en donnant un aspect moins arcade pour tirer vers la simulation. Session, que j’ai récemment pu essayer dans sa version Game Preview, va à contre-courant en misant tout sur la simulation, la vraie. Le jeu est d’ailleurs très punitif mais il est également extrêmement gratifiant dès qu’on arrive à caler un enchaînement, voire même parfois un simple trick placé dans le bon timing. Il est toujours en cours de développement mais le rendu est grisant et s’annonce déjà comme un excellent jeu orienté simulation pure et dure s’il n’y a pas d’accident entre temps.

J’en viens ainsi à ce Skater XL que je viens de tester. Skater XL, c’est l’idée de la philosophie de Session, tout en empruntant un peu à la licence Skate. Concrètement, ça veut dire que les développeurs ont développé un gameplay orienté simulation, avec le contrôle indépendant de chaque pied avec les sticks, qui s’approche de ce que propose Session, tout en laissant une marge permissive pour enlever les frustrations. Du coup, le titre est à mi-chemin entre tout ce qui se fait déjà, offrant dans le fond un bon compromis entre « accessibilité » et « difficulté à maîtriser ». Et sincèrement, j’aime ça, surtout que je m’amuse bien sur Easy Day High School, sur The Big Ramp et sur les cartes communautaires. Le souci, c’est qu’en l’état, même à 39,99€, Skater XL manque cruellement de contenu, à tous les niveaux, et souffre en prime d’une physique qui doit être peaufinée et de visuels franchement datés. C’est dommage. Il aurait pu/dû rester en accès anticipé pour améliorer encore la physique, pour ajouter du contenu avant son arrivée en version 1.0. Cela entachera le tableau pour beaucoup. Hélas, je pense que sa sortie a dû être précipitée pour éviter tout affrontement en version finale avec Session, son concurrent direct qui, s’il est bien plus frustrant et souffre également de défauts (les grabs par exemple ne sont encore en cours de développement, les chutes sont absolument mal gérées…), est celui qui à l’heure actuelle retranscrit le plus fidèlement l’esprit du skate. Cela n’enlève pas le plaisir que je prends à jouer à Skater XL mais au lieu d’y passer des heures d’affilée, je me retrouve plus à le lancer pour de courtes sessions entre deux autres sessions de jeu…



Skater XL a la chance d’avoir un gameplay travaillé avec un système de contrôle de la planche qui permet de jouer avec le moteur physique pour faire ce que l’on veut au niveau des tricks. En plus, le système est assez complet puisqu’on peut tout faire avec la planche, même des grabs. Le titre de Easy Day Studios veut représenter l’essence même du skate, dans tout ce qu’elle de plus brute. Les environnements sont vides, il n’y a pas âme qui vive, pour que les joueurs puissent se concentrer pleinement sur leurs tricks, sur leurs lignes. Grinder une table, sortir en manual jusqu’au volcano pour enchaîner avec un trick aérien… Sauter des marches avant d’aller vers un tremplin… A soi de définir ce que l’on veut faire, les véritables défis étant finalement les Succès à débloquer. Du coup, sans scénarisation, sans défis autres que ceux qui ne font que prolonger le didacticiel, sans multijoueur, sans éditeur de maps, sans possibilité de gérer la playlist, sans possibilité de partager ses replays, avec seulement quatre pros présents et un système de personnalisation du personnage très sommaire, on peut le dire, Skater XL manque de contenu, d’autant que les maps sont petites, Easy Day High School et The Big Ramp étant les plus travaillées dans les officielles. Beaucoup passeront également à côté du titre à cause de ses visuels datés, de sa physique à travailler (elle est trop lunaire pour l’heure et la gestion des chutes est à revoir complètement), des bugs de collisions qui sont légion… Pourtant, Skater XL offre de bonnes sensations. C’est un jeu de skate qui a été pensé pour les amateurs de skate et pas forcément pour les joueurs qui se régalent sur de l’arcade. Il a beau être accessible et permissif, largement plus que son concurrent direct Session, il n’en reste pas moins un titre qui demande de réfléchir à ses lignes, à ce qui rendra bien dans un replay. On tente des tricks, des enchaînements, on cherche le meilleur spot, le meilleur angle, on chute et on recommence jusqu’à ce que tout soit parfait. C’est ça que Skater XL arrive à retranscrire de belle manière et c’est pour ça qu’on arrive à passer de bons moments malgré tout le reste.


Les +

  • Accessible et plutôt permissif…
  • Mais pas évident à maîtriser
  • L’essence du skate
  • Gameplay bien pensé
  • High School et The Big Ramp
  • 3 cartes communautaires en plus
  • Maîtriser une ligne, c’est gratifiant
  • Outil de replay bien foutu

Les –

  • Physique trop lunaire
  • Visuellement daté
  • Manque de contenu (pas d’objectifs, multi, éditeur de maps, classements et manque de spots, cartes…)
  • Personnalisation du perso sommaire
  • Uniquement des spots californiens
  • Pas de partage des replays

Test rédigé par Vincent (lien vers l’article original) – Lageekroom

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