TEST : Yurukill : The Calumniation Games, un mélange des genres surprenant
L’éditeur NIS America est le spécialiste, depuis pas mal d’années maintenant, des jeux atypiques. Des titres qui mélangent les genres, proposent des univers originaux ou un gameplay qui change de l’ordinaire. On pourra par exemple citer, parmi les titres les plus récents, Monark et The Cruel King and the Great Hero, ou encore le très rythmé Mad Rat Dead ! Aujourd’hui, l’éditeur et les développeurs de IzanagiGames (à qui l’on doit World’s End Club) nous proposent de découvrir Yurukill: The Calumniation Games, un titre qui mélange visual novel, escape game… et shoot ’em up ! C’est parti pour notre avis !
Oui, notre cocktail du jour a de quoi surprendre. Et pourtant, vous allez voir que la sauce prend, et que ce mélange presque improbable des genres apporte une sacrée fraîcheur par ces temps caniculaires. Dans Yurukill: The Calumniation Games, le joueur incarne (dans un premier temps) Sengoku Shunju, un jeune homme accusé d’avoir provoqué un incendie criminel ayant causé la mort de 21 personnes. Il n’a cessé de clamer son innocence, mais n’a pas d’autre choix que d’accepter son sort, ayant déjà passé plus de 10 ans en prison. Et pourtant, il va se réveiller dans une cellule mystérieuse, et avoir une chance, en participant à un jeu, de prouver son innocence. Mais vous ne serez pas seul, car chaque prisonnier est accompagné d’un exécuteur, qui veut venger la perte de ses proches morts à cause de vous. Ce sont en tout 5 équipes qui vont participer aux différentes attractions du parc dans lequel vous allez évoluer ! En cas de victoire, votre personnage sera innocenté, et il faudra tout faire pour prouver votre innocence !
« Nous sommes tous les victimes des prisonniers avec lesquels nous formons notre équipe »
On retrouve Homura Kawamoto (auteur de Gambling School) derrière l’histoire du jeu, ce qui promet pas mal de rebondissements ! Le jeu se présente tout d’abord sous la forme d’un visual novel. On enchaîne les dialogues (parfois un peu longs), et on découvre les différentes personnages et les enjeux. Les mystères sont nombreux, certains protagonistes sont clairement énigmatiques, mais il faudra bien tendre l’oreille, car ces échanges verbaux, aussi longs soient-ils, ont une grande importance. Il permettent en effet de grapiller pas mal d’informations qui vous serviront plus tard ! Il y a des choix à faire, et certains pourront mener à votre perte. Votre personnage a en effet un collier attaché à son coup, relié à une tablette mise entre les mains de votre exécuteur (un principe qui rappelle forcément l’excellent film Battle Royale). D’une simple pression, ce dernier pourra déclencher votre mort, via une aiguille empoisonnée qui vient se planter violemment dans votre coup. On récolte donc un maximum de témoignages mais également des preuves, jusqu’à ce qu’à découvrir les premières énigmes.
Le jeu a en effet un grosse partie dédiée aux énigmes. Une sorte d’escape game, qui vous demandera de dénicher les différentes interactions dans les décors pour progresser. On a généralement 3 pièces à découvrir en même temps (une centrale et 2 sur les côtés), et il faudra déplacer son curseur pour découvrir des objets et trouver la solution pour changer d’endroit. Mais il ne s’agira pas que de trouver le bon objet à remettre au robot de la pièce principale, car des énigmes sont de la partie. Une sorte d’orientation à la Professeur Layton, en moins complexe, mais qui réserve parfois un petit peu de challenge. Si vous bloquez, pas de panique, car 3 indices sont accessibles à chaque fois ! Ce qui est bien fichu, c’est qu’il est possible d’accéder rapidement aux éléments découverts précédemment, comme certains documents. Cela évite d’avoir à fouiner péniblement dans les menus.
Votre exécuteur vous pense coupable, et il sera difficile de prouver votre innocence. Parfois, il va passer en mode « soif de sang » ! Comprenez par là qu’il est à cran et que ça le démange d’appuyer sur le bouton et de vous planter l’aiguille dans le coup ! Durant ces phases sous haute tension, vous allez subir un interrogatoire et il faudra répondre à 4 questions (représentées par 4 portails), en lien avec ce qui a été dit et ce que vous avez découvert auparavant. Quand on vous disait que les dialogues avaient leur importance ! En cas de mauvaise réponse, ce sera le Game Over ! Une fois cette séquence terminée, vous allez pouvoir embarquer dans votre vaisseau ! Vous l’avez peut-être oublié, mais le jeu de IzanagiGames propose aussi des phases de shoot ’em up.
Direction la réalité virtuelle, ou plutôt la réalité cérébrale, pour vous la donner et tirer dans tous les sens. Mais avant cela, le mystérieux (et souvent agaçant) personnage masqué qui vous sert de guide, va vous poser une série de questions en lien avec l’histoire (oui, encore). Assurez-vous d’avoir bien tout compris, car plus vous donnez de bonnes réponses, et plus vous récupérez de vies. Des vies qui servent pendant l’action, mais également après, durant la synapse des préjugés. Mais nous y reviendrons ! Ces parties shmup sont en scrolling vertical, en mode 4/3, et proposent un gameplay tout à fait classique. On tire, on esquive les dizaines de petites boulettes qui parfois blindent l’écran, et chaque ennemi détruit permet de récupérer des bonus (pour booster les tirs et leur rayon d’action) mais surtout des ressources. Ces dernières remplissent une jauge qui permet, lorsqu’elle est à 20% minimum, d’utiliser un tir secondaire (permettant de locker plusieurs ennemis) ou une bombe, qui déclenche une explosion autour du vaisseau vous rendant invincible temporairement. En mode normal ou facile, si vous vous faites toucher et que vous êtes au dessus de ces 20%, vous ne mourez pas instantanément (c’est une sorte de bouclier qui vous laisse un peu de sursis).
L’action est plutôt réussie, même si l’ensemble manque parfois de lisibilité. Une fois votre adversaire acculé, le jeu passe en mode synapse des préjugés ! Il s’agit d’un espace représentant l’état mental des exécuteurs. Comme ces derniers sont convaincus que vous êtes coupable, vous allez pénétrer leur cerveau et détruire la partie renfermant leurs préjugés, grâce à vos preuves. En cas de mauvaise réponse, ce sont 3 vies qui fichent le camp ! Enfin, vous allez devoir parcourir le labyrinthe de la conscience et répondre à une dernière sélection de questions, pour pouvoir enfin prendre le dessus sur votre exécuteur. L’enchaînement de ces différentes phases est vraiment bien foutu, avec un certain dynamisme et une mise en scène qui claque. L’immersion est clairement au rendez-vous !
On retrouve pas mal d’humour dans les dialogues, bien écrits et bien doublés (en japonais), mais certains thèmes forts sont abordés, comme la culpabilité, et bien évidemment le deuil. Les musiques sont très réussies elles aussi, et savent mettre la pression quand il le faut, notamment durant les interrogatoires. Visuellement, le jeu est très coloré ! Le chara design est plutôt bon, et même si certains décors sont assez basiques, la direction artistique fait le boulot ! Le phases de shoot sont quant à elle très convenables, un peu brouillonnes parfois comme nous le disions précédemment, mais rien de bien méchant. Enfin, ceux qui souhaitent encore plus de challenge pourront se lancer dans le mode score attack et pousser la difficulté des phases de shmup en choisissant leur personnage ! Côté durée de vie, nous avons mis environ 13h pour terminer le jeu en mode normal. Dernière précision, et elle a son importance : le jeu est traduit et propose des sous-titres en français. Un vrai plus, car l’absence de traduction empêche de nombreux joueurs de se lancer dans le visual novel.
Yurukill : The Calumniation Games est un jeu surprenant, qui parvient sans mal à nous embarquer dans un récit bourré de rebondissements et de personnages intéressants. C’est bien écrit, très propre visuellement, et le mélange des genres fonctionne vraiment bien. Si les phases de shoot manquent parfois de lisibilité et que les séquences de visual novel souffrent de quelques longueurs, nous ressortons de cette expérience avec de nombreux points positifs, et avec la sensation d’avoir vécu quelque chose de différent. Si le mélange des genres ne vous fait pas peur (et que vous aimez les genres en question), vous ne serez pas déçu !
Les +
- un mélange des genres surprenant
- et qui fonctionne très bien
- les dialogues, bien écrits
- doublages japonais réussis
- les musiques
- un récit mystérieux, avec pas mal de rebondissements
- sous-titres français
- les phases de shoot, dynamiques…
Les –
- … mais qui manquent parfois de lisibilité
- quelques longueurs
- forcément, il faut aimer les genres proposés
Lageekroom