Avis BD Glénat : Monte-Cristo – Tomes 1 à 3 (récit terminé)
Disponible depuis le 11 mai dernier, le premier volume de « Monte-Cristo« , intitulé « Le Prisonnier« , est une nouvelle adaptation du roman d’Alexandre Dumas. Histoire semblable, mais contexte différent : l’intrigue prend place quelques années après les attentats du 11 septembre. Notre jeune protagoniste Sam Castillo est accusé de terrorisme et va voir sa vie basculer, mais le destin va venir s’en mêler. Ce premier tome s’est-il avéré convaincant ? C’est ce que nous allons voir.
– Mise à jour de l’article avec notre avis sur le tome 2, disponible le 22 mars 2023 –
– Mise à jour de l’article avec notre avis sur le tome 3, disponible le 15 mai 2024 –
Synopsis : Nous connaissons tous l’histoire du Comte de Monte-Cristo, écrite de main de maître par Alexandre Dumas : celle d’un innocent, trahi par ses propres amis et injustement enfermé. Et si l’histoire se répétait pour Sam Castillo ? Nous sommes à New York en 2005. Tout juste fiancé à Abigail, ce jeune américain se voit accusé de terrorisme dans le cadre d’une enquête impliquant la sécurité nationale. Direction : un sinistre pénitencier au large des côtes africaines. Là encore le destin s’en mêle ! L’ouvrage est à découvrir sur le site de l’éditeur, à cette adresse.
On retrouve, derrière ce premier tome de « Monte-Cristo », le dessinateur Mario Alberti et le scénariste Jordan Mechner. Vous connaissez sans aucun doute ce dernier, qui n’est autre que le créateur du mythique Prince of Persia. Nous avons d’ailleurs parlé de son travail dans notre avis sur l’excellent ouvrage « La création de Prince of Persia. Carnets de bord de Jordan Mechner 1985-1993 » disponible chez Third Editions. Mais revenons-en à notre ouvrage du jour ! Notre personnage principal, Sam, a survécu à la guerre en Irak, et souhaite reprendre une vie normale auprès de sa bien-aimée, mais il va se faire trahir… une trahison que nous vous laissons découvrir, et qui va quasiment condamner notre héros. Accusé de terrorisme, Sam va être envoyé dans un pénitencier au large des côtes africaines, et va vivre l’enfer. De longues années durant lesquelles il va prévoir son évasion, en compagnie d’un détenu qui va changer son destin. Ce dernier creuse en effet un tunnel depuis des années et va embarquer Sam avec lui. La relation entre les 2 hommes va devenir de plus en plus forte, et Sam va se voir confier la fortune de celui qu’il considère à la fois comme un professeur, un ami, et un père. Sam aura-t-il l’occasion de se venger ? Et pourra-t-il retrouver Abigail sa bien-aimée ? C’est dans le prochain tome que ces questions trouveront leurs réponses, ces débuts revenant sur la trahison subie par notre héros et son incarcération.
On comprend rapidement dans quel contexte politique se déroule notre récit, qui s’avère accrocheur malgré un certain classicisme. L’histoire d’Alexandre Dumas a été de nombreuses fois adaptées, mais le scénario de Jordan Mechner est efficace et bien ficelé. On ressent forcément de la compassion pour Sam, qui a tout perdu et qui passe de longues années dans l’enfer carcéral, et dont on attend avec impatience sa revanche. Visuellement, l’ensemble est immersif et l’ambiance est réussie, même si nous avons eu un peu de mal avec les visages des différents personnages, qui manquent de précision. Le coup de crayon reste réaliste, avec des décors réussis et quelques illustrations qui ne manquent pas de détails. Ce premier tome met les choses en place, et nous avons hâte de découvrir la suite et le retour de Sam. Malgré un scénario qui reste classique, on s’immerge facilement dans le récit, grâce à des personnages bien écrits et des visuels réalistes. Dommage que les visages soient un cran en dessous, mais cela n’entache en rien le plaisir de découvrir ce premier tome, qui donne clairement envie de poursuivre avec une suite qui sera sans aucun doute riche en rebondissements.
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Monte-Cristo – Tome 2 : « Après 15 ans dans l’enfer d’une prison secrète militaire, Sam Castillo veut se venger des trois conspirateurs qui l’ont privé de sa jeunesse et de sa fiancée Abigail. Il est devenu l’énigmatique milliardaire Victor Sirin, qui utilisera son énorme fortune pour détruire ces hommes qui ont réussi à s’imposer dans le jeu des réseaux corrompus du gouvernement et sont maintenant des hommes de pouvoir. Victor commence par gagner la confiance du procureur général adjoint Farrell puis s’immisce dans la vie de ses ennemis à Washington, New York et le Connecticut. Son projet d’échec et mat se met en place. Manipulant ses pièces avec précaution, Victor va pourtant éveiller les soupçons d’une jeune agent du FBI, Danica Jorjevic. Elle est persuadée que derrière cette élégante façade se cache un passé criminel. Victor est sensible à sa ténacité, son éthique, et l’apprécie de plus en plus, au risque de se perdre et de la voir anéantir son projet de vengeance. Comment limiter les dommages collatéraux de sa vengeance sur des innocents, ne pas perdre son humanité et finir par ressembler à ces hommes qu’il déteste ? »
« La plupart des choses que l’on peut acheter sont insignifiantes. Ce qui a le plus de valeur à mes yeux, c’est la liberté »
Sam Castillo n’est plus. Après avoir été accusé de terrorisme et enfermé durant 15 ans, notre héros a perdu sa jeunesse mais surtout sa fiancée Abigail, qui a refait sa vie. Maintenant, c’est l’heure de la vengeance, et Sam est devenu Victor Sirin et récupéré les comptes de la société Monte-Cristo. On parle là de milliards de dollars, qui vont lui permette de changer de vie et de préparer tranquillement sa contre-attaque, se rapprochant des gens qui l’ont trahi. Ce tome 2 est assez différent du premier, et va introduire de nombreux personnages, politiciens ou encore entrepreneurs. Des hommes de pouvoir que Victor va approcher en gagnant leur confiance, notamment en « libérant » le fils du procureur général adjoint Farrell. Puis notre homme va voyager, de New York à Washington, organisant des soirées pour se rapprocher de ses futures victimes. Ce tome 2 est clairement bien écrit, un peu complexe parfois (on s’y perd un peu entre tous ces personnages), et propose un rythme plus posé. Le scénario se veut efficace, les personnages sont bien développés, et la présence de l’agent du FBI Danica Jorjevic apporte un petit plus qui colle une certaine pression à Victor. Cette dernière le suspecte en effet et trouve certains événements clairement louches, notamment lors du sauvetage du fils du procureur. Elle décide d’enquêter sur son temps libre, et on se doute qu’elle aura un rôle important à jouer dans le troisième et dernier tome.
Quant à Abigail, elle est désormais mariée au député McClane et semble ne pas reconnaître Victor. Le poids des années sans doute, et Victor a clairement changé de look. Mais il semble se passer quelque chose quand leurs regards se croisent. Des regards expressifs, que l’on parle des personnages principaux comme secondaires. Nous avons d’ailleurs mieux adhéré aux visages des différents protagonistes, alors que cela nous avait gênés dans le premier tome. Soit nous nous sommes habitués, soit le coup de crayon de Mario Alberti s’est affiné dans cette suite. Le graphisme est quoi qu’il en soit réaliste, ce qui colle parfaitement avec le ton global de l’ouvrage. Au final, on pourra reprocher quelques petites longueurs à ce tome 2, mais il fallait que Jordan Mechner place tous les pions de son scénario et de la vengeance qui se prépare. La suite et fin du récit sera à découvrir dans le prochain tome !
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Monte-Cristo – Tome 3 : Après 15 ans dans l’enfer d’une prison secrète militaire, Sam Castillo veut se venger des trois conspirateurs qui l’ont privé de sa jeunesse et de sa fiancée Abigail. Il est devenu l’énigmatique milliardaire Victor Sirin et utilisera son énorme fortune pour retrouver ces hommes qui ont réussi à s’imposer dans le jeu des réseaux corrompus du gouvernement. Pas à pas, il s’immisce dans la vie de ses ennemis à Washington, New York et le Connecticut. Son projet d’échec et mat se met en place. En brillant stratège, Victor avait tout prévu, sauf les actions d’une jeune et honnête agente du FBI, Danica, dont il est tombé amoureux et qu’il ne peut contrôler. Victor va pouvoir bientôt assouvir sa vengeance. Cette apothéose destructrice va causer la ruine de ses ennemis mais aussi provoquer des dégâts collatéraux pour ceux qui lui sont chers…
« Je ne crains pas la prison, ni la mort… Mon seul regret sera de perdre ma vengeance, mon chef-d’œuvre »
On y est ! Le troisième volume de « Monte-Cristo » sera disponible d’ici peu aux éditions Glénat, et viendra conclure un récit riche en rebondissements et en personnages. Une trilogie signée Jordan Mechner et Mario Alberti qui est parvenue à revisiter de belle manière l’œuvre d’Alexandre Dumas, l’intrigue se déroulant désormais à notre époque, plus précisément dans un contexte post attentats du 11 septembre. Les thèmes sont donc nombreux, et le récit ne s’attarde pas que sur la vengeance de son protagoniste principal mais tend également vers le thriller financier. L’ensemble rappelle parfois Largo Winch mais parvient à se démarquer grâce à ses personnages nombreux et bien écrits et un scénario qui réserve quelques surprises. Nous ne vous dévoilerons bien entendu rien sur l’intrigue, riche et complexe, que Jordan Mechner développe avec un talent certain. C’est parfois un poil classique et on pourra s’y perdre, mais l’ensemble est intelligent et tous les éléments se mettent en place jusqu’à un dénouement qu’on attend avec impatience.
Nous avons également beaucoup apprécié les visuels de ce troisième tome, avec ses visages réalistes et un trait très détaillé. De tome en tome, nous aimons de plus en plus le style visuel de Mario Alberti, qui propose un découpage très cinématographique et pas mal de références au septième art (on citera par exemple la présence, le temps d’une case, de William Foster, personnage principal du film Chute Libre). Comme nous le disions dans notre avis sur le tome 2 : « soit nous nous sommes habitués, soit le coup de crayon de Mario Alberti s’est affiné dans cette suite », et nous avons exactement le même ressenti à la fin de notre lecture. Quoi qu’il en soit, la trilogie « Monte-Cristo » est parvenue sans mal à nous convaincre, malgré une ou deux longueurs, et elle parvient à reprendre les thèmes chers à Dumas tout en s’éloignant du matériau d’origine pour proposer sa propre identité. Chapeau aux auteurs.
Lageekroom