TEST : The Wonderful 101, que vaut le portage Nintendo Switch ?

PlatinumGames est un studio de développement japonais qui travaille aussi bien à la commande que sur des projets qui lui sont propres. On le connaît et l’apprécie notamment pour des productions comme MadWorld, Bayonetta, Vanquish, Metal Gear Rising Revengeance… En 2013, le studio sort The Wonderful 101, un projet chapeauté par Hideki Kamiya qui sort en exclusivité sur WiiU. Hélas, la console de Nintendo, qui souffre déjà de gros soucis de communication, n’a pas le succès escompté, loin de là même. Sept ans plus tard, PlatinumGames retente donc sa chance avec Nintendo en profitant cette fois du succès de la Nintendo Switch. Du coup, pour donner une deuxième chance au projet, le studio a proposé une version remasterisée. Etait-ce nécessaire ?


TEST : The Wonderful 101, que vaut le portage Nintendo Switch ?La deuxième chance qu’il faut saisir !

Lorsque des extraterrestres envahissent la terre, 100 héros, les Wonderful Ones, s’unissent et ne font plus qu’un pour botter les fesses des ennemis. Le 101ème héros, c’est bien entendu le joueur. L’histoire n’est pas le point fort du jeu, clairement, mais les développeurs ont tout de même fait un bel effort pour enrober l’ensemble. Sans ne rien spoiler, on peut dire que l’on accroche tout de même au fil rouge narratif, à défaut de toujours approuver les blagues plus ou moins potaches. L’humour frôle parfois le ras des pâquerettes, d’autres fois il fait mouche et on apprécie certaines références. Par contre, si vous optez pour les doublages anglais (les voix japonaises sont disponibles pour les puristes – on vous les conseille), vous allez constater de sacrés soucis de synchronisation labiale lors des cut-scenes. Toujours est-il que les développeurs se sont octroyés une certaine liberté au niveau du ton et cela fait plaisir à voir, même s’il en résulte un titre dont l’excentricité pourrait en laisser certains perplexes.


TEST : The Wonderful 101, que vaut le portage Nintendo Switch ?


Visuellement, le titre brille surtout par sa direction artistique. On accroche ou non mais celle-ci donne une véritable identité au jeu qui n’est pas sans rappeler un certain Viewtiful Joe dans une moindre mesure. Mieux, les boss, gigantesques, sont impressionnants et vraiment bien travaillés, tandis que l’on recrute au fil de l’aventure plusieurs Wonders uniques dont le design ne manque ni de référence, ni d’humour, quitte à se servir dans les clichés les plus classiques. Pour le reste, le titre est relativement joli, utilisant surtout les effets visuels pour masquer la simplicité d’une partie des textures et des modélisations. L’aliasing est fortement diminué en mode docké, tandis que l’on peut constater quelques ralentissements qui ne nuisent pas pour autant à l’expérience de jeu. Nous avions un peu peur du résultat en mode nomade mais la Nintendo Switch, avec son bel écran et une petite rehausse des graphismes par rapport à la version WiiU, nous convainc. Certes, la résolution est plus basse qu’en mode docké, ce qui a pour conséquence d’accentuer l’aliasing, mais l’écran est parfaitement taillé pour assurer la lisibilité de l’action malgré ses dimensions. On n’échappe pas à une caméra fixe tantôt trop proche, tantôt trop lointaine et avec des angles de vue particuliers, mais cela provient directement de la version originale.

En revanche, par rapport à la version WiiU, nous perdons un peu en ergonomie. En effet, sur WiiU, l’action se passait sur l’écran de la télévision, tandis que l’écran du Gamepad permettait d’afficher les menus, dont le suivi de notre groupe ou encore un tableau pour choisir le leader du groupe. Il permettait également d’apporter quelques scènes supplémentaires venant compléter l’action à l’écran du téléviseur. Avec la Nintendo Switch, nous n’avons qu’un seul écran. On perd donc ces avantages et on se retrouve avec un menu qui se positionne sur la droite de l’écran et que l’on peut agrandir, diminuer, voire cacher. En mode docké, il suffit de cliquer sur « – » pour y accéder. En mode portable, on peut ajuster la taille et interagir directement avec les fonctionnalités tactiles. Même en jouant sur la transparence, il est clair que celui-ci est plus une gêne qu’une aide en mode portable, l’écran n’étant pas déjà bien grand. On s’en passe donc pour se consacrer à l’action.

Wonderful 101 est un beat them all un peu particulier de prime abord puisqu’on contrôle le leader d’un groupe et donc par extension le groupe en question. Concrètement, on dirige notre personnage, toujours suivi par les autres membres du groupe, et on lance les attaques avec ce dernier. Mais le groupe est primordial puisque c’est lui qui va servir à utiliser les attaques. On commence en dirigeant Wonder-Red qui peut, grâce à l’uniformisation (c’est l’action qui permet de se servir de membres de son groupe pour matérialiser une forme), matérialiser une main géante pour donner des coups de poings aux adversaires… Mais pas que, puisque cette même main permet de récupérer un bouclier pour se protéger, d’attraper une structure lors d’un QTE ou encore de tourner un mécanisme. Pour varier les plaisirs, au fil de l’aventure, on débloque d’autres Wonder, dont Blue et son épée (qui sert aussi de clé ou pour réfléchir des rayons lasers), Green et son pistolet (pour tirer sur des cibles), Pink et son fouet (pour s’accrocher à des éléments en s’en servant comme d’un lasso), Yellow et son marteau, White et ses griffes ou encore Black et ses bombes. Et cela, c’est sans parler des Wonder plus mineurs et des personnages très spéciaux à débloquer, dont un qui est une belle surprise.


TEST : The Wonderful 101, que vaut le portage Nintendo Switch ?


Ajoutez à cela des ennemis dont il faut trouver les points faibles (comme ceux avec des pics auxquels il faut retirer ces derniers avec le fouet de Wonder-Pink par exemple) qui ne manquent pas d’agressivité, des consommables à utiliser, des personnages qui montent en niveau et un Wonderful Mart qui permet d’acheter de nouvelles uniformisations, capacités, etc. et vous comprendrez que le gameplay est plus complexe qu’il n’y paraît. Et ce n’est pas tout puisqu’il est important de bien placer les attaques et les esquives pour éviter un contre ravageur. Cela impose de veiller sur une jauge de batteries (batteries qui sont à récupérer au fil de l’aventure pour la remplir plus rapidement) qui se consomme en fonction de vos actions. Si certains spammeront les boutons en accumulant les morts et les médailles de plastique, les joueurs avertis tenteront de placer les bons coups au bon moment, voire d’enchaîner les uniformisations pour se débarrasser plus rapidement/efficacement des ennemis. La courbe d’apprentissage est assez grande pour ceux qui viseront à améliorer leur score. Concrètement, c’est une fois le premier run terminé, en une quinzaine d’heures en mode normal, que l’on commence vraiment à maîtriser le système de jeu et à entrevoir toutes les possibilités offertes par le gameplay. Cela n’enlève rien au fait que le premier run est fun, surtout qu’on profite d’une ambiance déjantée prenante et d’une bande-son de haute volée, mais le second, dans un niveau de difficulté supérieure permet de vraiment entrevoir toutes les possibilités pour décupler le plaisir.

Même les combats qui paraissent parfois brouillons deviennent un peu plus clairs quand on comprend vraiment ce qu’il faut regarder et qu’on appréhende mieux les patterns (simples il faut le reconnaître) des ennemis. En ce qui concerne l’uniformisation, il est bon de noter que celle-ci se gère avec le stick droit. En faisant un cercle on peut sauver des civils et les embrigader dans notre groupe ou matérialiser la main, faisant de Wonder-Red le leader du groupe. Avec un S horizontal on sort le fouet, avec un Z les griffes, avec un L horizontal le pistolet, avec une ligne droite l’épée, etc., permettant de faire du Wonder associé le leader du groupe. On peut donc très simplement matérialiser l’élément que l’on souhaite, même si la précision n’est pas toujours optimale, surtout dans le feu de l’action, et switcher entre les divers Wonders principaux pour placer au mieux ses attaques / enchaînements. On peut également tracer les formes avec le doigt sur l’écran tactile de la machine en mode portable mais on perd alors un petit temps précieux, surtout quand le timing des attaques et des esquives est primordial. Par contre, cela permet aux développeurs de placer quelques QTE bien sympathiques pour assurer le spectacle ou de servir des phases de plateforme ou d’exploration, comme lorsqu’on fait rentrer notre groupe dans un bâtiment, qu’on forme un triangle pour utiliser un deltaplane ou une fusée pour atteindre des hauteurs impossibles à atteindre sinon. Ajoutez quelques phases de jeu qui apportent un petit air frais à la production, comme une phase façon shoot them up pour ne citer qu’elle, et vous comprendrez que PlatinumGames a clairement réussi à faire d’un beat them all a priori lambda une vraie petite pépite qui renouvelle l’action et qui offre une véritable richesse dans son gameplay, à défaut de forcément apporter beaucoup de variété au niveau des environnements. Dernier petit point, pour prolonger le plaisir, on peut également opter pour un enchaînement de missions à plusieurs. On peut alors jouer jusqu’à cinq en local pour quelques soirées rigolotes. Ce n’est pas le cœur du titre mais ça a le mérite d’exister.


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Il faut bien l’avouer, ce remaster de The Wonderful 101 se contente du minimum syndical. En plus, il conserve les défauts de l’époque, notamment au niveau de la gestion de la caméra ou de l’action qui paraît brouillonne, surtout durant les premières heures, et cette version Nintendo Switch s’avère moins ergonomique que la version WiiU du fait de la disparition du deuxième écran. Mais comme la WiiU a fait un four monumental, on apprécie tout de même de pouvoir jouer à cette perle signée PlatinumGames sur d’autres supports, en l’occurrence la Nintendo Switch. Le jeu est toujours aussi excellent, bénéficiant d’une ambiance déjantée accrocheuse, d’un humour omniprésent, même s’il ne va pas être au goût de tous, de personnages travaillés, d’une bande-son de qualité et d’un gameplay qui dévoile toute sa richesse au fil des heures accumulées, à tel point qu’on prend encore plus de plaisir à se lancer dans un deuxième run, avec une difficulté supérieure, lorsqu’on maîtrise bien toutes les subtilités des mécaniques de jeu. En bref, ce remaster permet d’éviter de passer à côté d’un excellent beat them all, riche et varié, qui arrive à séduire aussi bien en mode docké qu’en mode nomade, chose qui n’était pas gagnée d’avance quand on voit la quantité d’éléments à l’écran et la taille de l’écran de la machine de Nintendo. Pari réussi à ce niveau !


Les +

  • Un jeu fun et déjanté
  • Plaisir décuplé sur le deuxième run
  • Quelques éléments à débloquer (dont des Wonders spéciaux)
  • Quelques phases de jeu apportant de la variété
  • Combats réussis contre des boss gigantesques
  • Gameplay bien plus riche qu’il n’y paraît
  • Les uniformisations
  • Bande-son travaillée
  • Durée de vie très correcte
  • Le scoring, un moteur essentiel
  • Une direction artistique qui sort de l’ordinaire
  • Jouable à cinq à plusieurs pour une soirée ou deux
  • Bourré d’humour…

Les –

  • Pas toujours du meilleur goût
  • Moins ergonomique que sur WiiU
  • Aliasing assez présent en mode nomade
  • Quelques ralentissements
  • La caméra, loin d’être optimale
  • Parfois brouillon
  • Remaster minimaliste

Test rédigé par Vincent – Lageekroom

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