Avis Manga Glénat : Les Saisons d’Ohgishima – Tomes 1 et 2

Disponible le 26 octobre 2022 aux éditions Glénat, « Les Saisons d’Ohgishima » est la nouvelle œuvre de la mangaka Kan Takahama, à qui l’on doit notamment « Le Dernier Envol du papillon » et « La Lanterne de Nyx ». Une série qui marque la fin de la « Trilogie de Nagasaki » de l’autrice, et que nous avons eu la chance de recevoir avec un peu d’avance. Avec sa sublime couverture et son grand format, l’ouvrage nous faisait de l’œil, et nous n’avons pas été déçus. C’est parti pour notre avis

– Mise à jour de l’article avec notre avis sur le tome 2, disponible le 15 février 2023 –


Synopsis : 1866, Nagasaki, à la veille de la révolution de Meiji. Dans cet estuaire où les influences étrangères se mêlent à la culture japonaise, Tamao, enfant du quartier des plaisirs, part travailler avec la courtisane dont elle est l’apprentie chez un commerçant hollandais de Dejima, le quartier occidental. Au fil des saisons et des rencontres avec une foule de personnages bigarrés, elle entrevoit le vaste monde au-delà de sa cage, mais la marche du temps la rappelle inexorablement au destin qui l’attend, tout comme la société qui l’entoure. L’ouvrage est à découvrir sur le site de l’éditeur, à cette adresse.


Avis Manga Glénat : Les Saisons d'Ohgishima tome 1


Dès les premières cases de ce premier tome, nous découvrons la jeune Tamao. Cette jeune fille de 14 ans est une enfant du quartier des plaisirs, et part travailler chez M. Hartmans, un commerçant hollandais de Dejima, le quartier occidental. Elle est accompagnée par la courtisane dont elle est l’apprentie et par sa « grande sœur », qui sera au service de M. Hartmans. Comme Tamao est encore trop jeune, elle fait office de servante pour ses aînées, mais elle deviendra elle aussi une prostituée une fois adulte. En attendant, ses parents reçoivent une pension de la maison close. Tamao ne ménage pas ses efforts et s’occupe de tâches plus ou moins difficiles, de la préparation des repas au ménage. Elle s’avère rapidement attachante mais surtout touchante. Tamao est en effet une jeune fille joyeuse, pleine de vie et curieuse. Elle a soif d’apprendre et confie même au docteur Thorn qu’elle aimerait étudier, et on sent que ce dernier aimerait la prendre sous son aile. Le destin de la jeune fille semblait tout tracer, mais on espère pour elle qu’il en sera autrement.

Tamao n’est pas le seul personnage à être mis en avant dans ce premier tome, et ils sont au final assez nombreux. Ce sont différentes tranches de vie que l’on découvre dans le quartier, et on fait notamment la connaissance de Victor, un français qui remarque immédiatement la présence de Tamao, Momo, fils adoptif du cuisinier M. Ganji, ou encore Kojiro Shimada, un samouraï venu assurer la protection de M. Hartmans. Ceci n’est qu’un échantillon des différentes personnalités qui vous attendent dans ce premier tome, et chacun a son histoire et ses propres objectifs. Le récit est dense, l’ensemble est riche en dialogues, et on passe d’un personnage à un autre avec fluidité. Ils sont tous intéressants et attachants à leur façon, et l’ambiance est bonne dans le quartier malgré les difficultés. La mangaka propose même de nombreuses informations entre les chapitres via « la boîte à secrets de Dejima » dont un plan de la ville et des différentes habitations. Le contexte historique est également développé, que ce soit en Asie ou en Europe.

Même si Tamao ne manque pas d’énergie, on sent que la jeune fille sait au fond d’elle quel sera son destin. Sa passion pour les oiseaux montre à quel point elle veut prendre son envol (son dessin d’un oiseau en cage est très parlant lui aussi), et on espère pour elle que ce sera la cas. De nombreux thèmes sont abordés dans ces premiers chapitres, liés à la place de la femme dans la société, à l’esclavagisme ou encore au racisme. Derrière cette apparente bonne humeur, il ne faut pas oublier que le contexte était particulièrement difficile. Visuellement, le coup de crayon de Kan Takahama nous a régalés, avec des visages expressifs et de superbes contrastes. On se laisse embarquer au fil des pages, ce premier tome étant particulièrement immersif. Chaque personnage étant intéressant, il nous tarde de découvrir les destinées de chacun, Tamao étant bien évidemment en tête de liste. Pour la suite, il faudra patienter jusqu’en 2023 ! Vivement.


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Après un premier tome très réussi, aussi bien en termes d’immersion que de graphisme, nous avions hâte de découvrir la suite de l’histoire de Tamao, cette jeune apprentie courtisane de 14 ans qui rejoint le quartier des plaisirs pour travailler chez M. Hartmans, un commerçant hollandais de Dejima, le quartier occidental. Si la belle surprise que fut le premier tome est moindre avec cette suite, la qualité est toujours au rendez-vous, et la mangaka Kan Takahama développe davantage ses personnages. Si Tamao est bien présente dans ce nouveau tome, elle reste parfois en retrait pour laisser d’autres personnages prendre de l’importance. Toutes et tous ont leur histoire, leurs peurs, leurs objectifs, et l’ensemble s’avère une nouvelle fois très riche. Ce sont surtout les thèmes abordés qui sont importants, et la religion occupe une place importante de ce tome. Les événements s’enchaînent : 2 meurtres sont commis, un typhon arrive, et les kirishitan sont traqués. Nous avons d’ailleurs appris le sens de ce terme : un kirishitan est un membre de l’église catholique japonaise de l’époque d’Edo, qui pratique sa religion en secret. Des questions pertinentes sur l’intérêt de croire en une religion sont posées, les croyants ne suivant clairement pas les préceptes à la lettre. C’est bien traité, et cela met en place une certaine tension.

Les étrangers sont eux aussi souvent mal vus, ce qui inquiète la grande sœur de Tamao, qui a peur d’être prise pour cible car elle en fréquente un. En plus de tous ces différents récits, on retrouve Tamao et son innocence, qui se pose elle aussi beaucoup de questions. Elle trouve souvent du réconfort dans sa broche en forme d’oiseau, avec laquelle elle parle régulièrement. Tamao va beaucoup réfléchir sur la vie et la mort, mais également sur le fait de grandir. Le temps passe inexorablement, et elle va bientôt quitter l’enfance pour suivre un destin déjà tracé. Toujours aussi intéressant, ce deuxième tome propose une nouvelle fois de très belles illustrations ainsi que les pages bourrées d’informations intitulées « la boîte à secrets de Dejima ». On en apprend beaucoup sur nos personnages mais également sur le contexte historique et politique de l’époque. Ce nouveau tome est donc riche et accrocheur, moins surprenant que le premier mais à découvrir absolument si vous aimez le travail de la mangaka.


Avis Manga Glénat : Les Saisons d'Ohgishima tome 1


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