Avis : Hideo Kojima, aux frontières du jeu, d’Erwan Desbois

Lorsque l’ouvrage « Hideo Kojima, aux frontières du jeu » nous a été proposé, nous avons immédiatement accepté ! Tout ce qui touche au créateur japonais nous passionne, du moindre de ses tweets à chacune de ses apparitions, aussi courtes soient-elles. Mais Hideo Kojima passionne autant qu’il agace, et certains ont du mal à entrer dans les univers qu’il propose tandis que d’autres attendent ses nouvelles créations avec impatience. Signé Erwan Desbois, « Hideo Kojima, aux frontières du jeu » revient sur cette figure importante du jeu vidéo, et sera disponible le 6 septembre prochain chez Playlist Society. Nous avons eu la chance de le recevoir avec un peu d’avance, et il est temps de vous en parler. 


Avis : Hideo Kojima, aux frontières du jeu, d’Erwan DesboisDescriptif : Figure majeure du jeu vidéo depuis bientôt quarante ans, Hideo Kojima a dès sa première création, Metal Gear, initié un genre entier, le jeu d’infiltration, qu’il réinventera sans cesse dans les épisodes suivants, les Metal Gear Solid. Sorti avant la crise du COVID-19, son dernier jeu, Death Stranding ne ressemble à rien de connu, tout en résonnant pleinement avec notre présent, le joueur y incarnant un livreur bravant un environnement devenu toxique, afin d’apporter leurs colis à des humains terrés dans des bunkers connectés. Hideo Kojima a fait du jeu vidéo son mode d’expression. Alimentées par sa culture filmique et littéraire, ses œuvres ébranlent le joueur, le poussent à s’investir émotionnellement et mentalement. Hideo Kojima, aux frontières du jeu est une plongée dans un univers adulte et complexe, aux procédés à la fois spectaculaires et expérimentaux, qui questionnent notre place face au jeu et notre positionnement social, tout en brisant les barrières entre mondes réel et virtuel, cinéma et jeu vidéo, rire et tragédie.


Avis : Hideo Kojima, aux frontières du jeu, d’Erwan Desbois


Avec « Hideo Kojima, aux frontières du jeu », l’éditeur opte pour un format de 14 x 18,3 cm, qui tient parfaitement en main et s’avère léger pour appréhender les 160 pages qui nous attendent. L’ouvrage est à découvrir à cette adresse, et l’éditeur propose également d’autres essais en lien avec le cinéma (Mad Max, Apocalypse Now), les réalisatrices et réalisateurs (Lana et Lilly Wachowski, Tony et Ridley Scott) ou encore les séries (The Leftovers, une série que vous devez absolument voir). L’ouvrage sur les réalisatrices de Sense8 ou encore Matrix s’appelle d’ailleurs « Lilly et Lana Wachowski, la grande émancipation », un titre qui aurait parfaitement pu convenir à notre essai du jour. Une quête de liberté vécue par Hideo Kojima, qui a été contraint de quitter Konami pour fonder son propre studio !

« Hideo Kojima, aux frontières du jeu » revient donc sur ce personnage hors du commun, immense consommateur de cinéma, dont les créations ont marqué le paysage vidéoludique. En termes de ventes, on a vu mieux, mais là n’est pas le sujet. Comme nous le disions précédemment, Kojima fascine autant qu’il frustre, et nous passons personnellement par tous ces sentiments depuis quelques années. Son retour en grande pompe à la conférence PlayStation lors de l’E3 2016 (et son fameux i’m back) reste dans nos têtes, tout comme P.T., son teaser jouable horrifique qui aurait du déboucher sur un Silent Hills dont on rêve chaque nuit. On n’oubliera bien évidemment pas la saga Metal Gear / Metal Gear Solid, qui a su innover et investir le joueur en brisant parfois le quatrième mur. Qu’on aime ou non ses jeux (nous reviendrons également sur Death Stranding), on ne peut pas nier une chose : Kojima a apporté beaucoup au monde du jeu vidéo, lui qui s’inspire énormément du cinéma (« mon corps est composé à 70% de films » dit-il souvent), le nom de code « Snake » en étant le parfait exemple.


Avis : Hideo Kojima, aux frontières du jeu, d’Erwan Desbois


Et puis il y a cette frustration, cette attente interminable de découvrir ses nouveaux projets. Alors dès qu’il apparait, durant les événements de son ami Geoff Keighley par exemple, on croise les doigts… avant de déchanter, n’ayant rien eu à nous mettre sous la dent. La patience est une vertu paraît-il. Quoi qu’il en soit, nous plonger dans un ouvrage en lien avec Kojima ne peut que nous attirer, et « Hideo Kojima, aux frontières du jeu » revient donc sur les différents jeux du créateur (Metal Gear 1 et 2, Snatcher, Policenauts, la saga Metal Gear Solid bien sûr, P.T. et Death Stranding), ses influences, ses méthodes de travail, le tout embarquant de nombreuses anecdotes. Le format de l’ouvrage, qui fait partie de la collection « essai » de l’éditeur, le rend facilement appréhendable, et pourra convenir à toutes et à tous. Certains découvriront des informations qu’ils connaissent déjà, mais on en apprend également beaucoup. Toute la partie sur P.T. nous touche forcément, étant de grands fans de jeux du genre (jetez à œil à notre petite sélection de jeux post-P.T.). On aurait tellement aimé voir le trio Kojima/Reedus/Del Toro à l’œuvre sur un jeu de ce genre, et les nombreuses influences de Lynch découvertes dans ce prologue jouable donnaient envie d’en découvrir davantage.

On espère que Kojima se lancera dans un jeu d’horreur… Chez Microsoft peut-être ? A voir. Et connaissant le lascar, qui aime jouer avec son public, on guette chaque intervention, chaque photo instagram, chaque tweet, à la recherche d’un quelconque indice. Cela joue parfois des tours à Kojima, et de nombreuses fausses rumeurs sont lancées… Mais avec ce qu’il avait mis en place avec The Pantom Pain et MGS V, les fans n’hésitent pas à théoriser à tout va ! L’ouvrage d’Erwan Desbois se lit avec aisance, et le style est clair et accrocheur. Rien de pompeux dans tout ça, et l’auteur dresse un portrait complet du créateur, évoquant même ses obsessions et la récurrence de certains de ses thèmes de prédilection. Des thèmes que l’on retrouve dans Death Stranding, et son monde post-apocalyptique. Un jeu qui fut pour nous (et qui est toujours) une expérience « unique et paradoxale » (notre test complet est dispo à cette adresse). Nous l’avons autant aimé que détesté, mais nous n’en sommes pas sortis indemne, avec même cette envie d’y retourner. Les talents de mise en scène de Kojima explosent, même si le rythme très « spécial » en a refroidi plus d’un, ce que l’on comprend totalement.


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Hideo Kojima a été un des pionniers de l’approche cinématographique du jeu vidéo, et d’autres lui ont emboité le pas (on pourra par exemple citer Cory Barlog et son God of War hallucinant tout en plan séquence), et a marqué le jeu vidéo à tout jamais. Qu’on l’aime ou qu’on le déteste, il reste une figure importante de ce milieu, et l’ouvrage d’Erwan Desbois revient sur son travail, ses jeux, ses thèmes de prédilection ou encore sur ses personnages. On connaissait certaines anecdotes mais on en découvre d’autres, et l’ensemble est très agréable à lire, apportant des éléments de réflexion parfois nouveaux et pertinents. L’ouvrage bénéficie d’un format léger, parfait pour la prise en main. Une belle découverte. 


Lageekroom

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